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 but the place was well guarded | enoch

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Tina Cuervos
- croustibat, qui peut te battre -
Tina Cuervos
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damné(e) le : o05/09/2021
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but the place was well guarded //
with enoch sinclair

L'objet lui avait été apporté dans la soirée, laissé à l'abandon dans une des chambres de l'étage réservé aux nymphes, il se trouvait maintenant entre les mains de la gérante. Il n'était pas rare que l'équipe de nettoyage trouve des affaires oubliées ici et là, quelques mouchoirs, des restes de nourriture, parfois des alliances ; mais les quelques mètres de cordage qu'elle tenait entre ses mains étaient pour elle une première. Il était d'usage de laisser ces récoltes dans l'espace des objets trouvés, afin que les clients puissent revenir chercher leurs biens. Mais celui chargé de remettre les chambres en ordre n'avait pu s'empêcher de brandir sa découverte devant le nez de Selma, singeant des propos lubriques. Les gadgets étaient courants, et l'établissement en fournissait dans un forfait spécial, lorsqu'un client réservait une chambre et de la compagnie. La pratique n'était donc pas surprenante en elle-même, ce qui était plus troublant était qu'un consommateur apporte son propre matériel ; qui était - en passant - d'une meilleure qualité que ce qu'ils proposaient.
Elle se tenait sur son balcon, la corde entre les mains, alors que son attention se portait sur quelques visages dans la pièce principale. Selma savait à qui appartenait l'instrument, elle n'était pas dupe. La clé disparaissait parfois, sans qu'aucun nom ne soit ajouté au registre des nymphes. Elle ne disait rien parce qu'elle n'y voyait pas d'inconvénient. Il ne s'agissait pas d'étreintes avec ses employés - du moins, pas ceux employés dans ce but - et l'étage était assez grand pour que la soirée ne manque pas de chambres. Elle ne perdait rien à laisser faire celui qui s'octroyait le droit de déroger à une infime règle : l'interdiction des chambres, sauf pour les clients. Le concerné était un subalterne exemplaire, et Selma avait un réel attachement pour lui. Il était doté de nombreuses qualités qui faisaient de lui un des préférés de la patronne. Cette dernière comptait bien lui rendre l'objet en mains propres, non pas pour l'embarasser, mais pour converser avec lui.

Elle attendit alors que la soirée touche à sa fin, que son fidèle garde ne mette à la porte les plus récalcitrants, puis elle prit le chemin des escaliers, jusqu'à la grande salle. Enoch était toujours là, fidèle au poste, à s'occuper des dernières tâches avant la fermeture. Selma ondula entre les tables, et s'arrêta devant le comptoir, le précieux objet à la main. « Merci pour cette soirée, tu as assuré. » Inutile de le rappeler, il en était ainsi tous les soirs. Il était un des seuls à qui elle pouvait laisser la surveillance du bar, elle savait qu'il serait en mesure de régler les soucis rencontrés dans l'établissement, et se frotter à plus imposants que lui, en cas de besoin. Elle posa les deux bras sur le bar d'acajou en s'asseyant sur un des tabourets, et joua avec la corde, totalement distraite par ce qu'elle tenait entre les mains. Elle ne pouvait voir s'il la regardait ou non, mais se mit soudain à sourire. « Jimmy a trouvé ça en s'occupant d'une des chambres. » Ses doigts arrêtèrent leur exploration, et poussèrent la corde en direction du barman. « Je me suis dis que tu voudrais la récupérer, une telle qualité doit coûter cher. » Elle se retira du tabouret, pour finalement faire le tour du bar et rejoindre le côté où se trouvait son employé. Elle s'y adossa, les deux bras en arrière, et leva légèrement le menton afin de le regarder.

Elle aurait pu profiter d'être de ce côté du comptoir pour se servir elle-même une liqueur, mais elle savait qu'Enoch était celui qui excellait dans ce domaine. Elle fit un signe du menton vers le mur mirroir qui se voyait fourni de toutes les bouteilles, et fit claquer sa langue contre son palais. « Tu nous sers quelque chose ? » Elle accepterait tout ce qu'il pourrait lui proposer ; avait confiance en son jugement. Elle revint ensuite sur le sujet initial, réitérant une demande qu'elle n'avait toujours fait que par allusions : parfois par sms. « Je ne sais pas s'il s'agit de ton petit ami, ou une relation professionnelle mais- tu sais que tu as ta place à l'étage, si tu le souhaites. » Elle fit exprès de préciser le genre masculin du complice, ayant déjà eu l'occasion de voir un client devenir proche du barman ; et elle avait les yeux partout, toujours prête à savourer de nouvelles données à utiliser ensuite. La demande n'était pas intrusive, ni obscène, seulement une remarque pour celui qui pouvait se faire de l'argent en plus pour les activités qu'il semblait déjà avoir. Les clients se bousculeraient pour inscrire leurs noms au fichier, et Enoch voudrait peut-être lier l'utile à l'agréable.

(C) ETHEREAL





SOMEONE YOU LOVED
now the day bleeds into nightfall, and you're not here to get me through it all. i let my guard down and then you pulled the rug i was getting kinda used to being someone you loved
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Enoch Sinclair
- castafiore wannabe -
Enoch Sinclair
- castafiore wannabe -
damné(e) le : o06/03/2020
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Service mouvementé. Pas uniquement en raison de la quantité de clients qui s'étaient amassés autour du comptoir pour écouter le pianiste occasionnel, un certain Jim ? John ? James ? qui se produisait aléatoirement au Tartarus. L'homme était bien fait de sa personne en plus de bien maîtriser ses arpèges, pas étonnant qu'il attire les foules. Si bien qu'il avait même réussi à s'acoquiner avec une espèce de pseudo chanteur mal fagoté que le Chasseur aurait juré avoir déjà aperçu quelque part... Sans réussir à mettre le doigt dessus. Il s'y était résolu, Enoch, à se dire que cet autre gars qui ne chantait ni juste ni faux, il l'avait connu d'une autre vie. Que le Grand Dessein de Dieu fonctionnait quelque fois de bien étrange façon, et qu'il n'avait aucun droit d'aller à l'encontre de Sa Volonté. Qu'il n'était pas question de, justement, Le remettre en question. Les deux hommes attiraient du monde au Tartarus, les soirées où ils se produisaient. La promesse d'un chiffre plus qu'appréciable pour les caisses du Club. Si Selma était contente, ses employés le seraient aussi. Le petit bout de femme n'était pas aussi impitoyable qu'elle en avait l'air, quand on y regardait suffisamment bien. Quand on faisait suffisamment bien son boulot, aussi. Et si Enoch savait pertinemment qu'une soirée d'affluence signifierait une soirée à vigilance renouvelée pour surveiller les doigts souples de Soledad Blackwell alors qu'ils s'enroulaient autour de beaucoup trop d'objets qui ne lui appartiendraient pas, il était prêt. A lui éviter certains déboires avec la clientèle, à surveiller le bar de manière générale. Derrière le comptoir, il était tout autant sur le terrain que lorsqu'il avait la Mission à accomplir. Cette dernière faisait partie de toutes les autres.

Sauf qu'à mission professionnelle s'opposait mission personnelle. Que quand il avait croisé le regard d'un bleu profond, inimitable, de son amant, Enoch avait changé son fusil d'épaule. Un tout autre type de mission à laquelle se consacrer d'âme et surtout de corps. Saul, le seul être capable de l'arracher à ses multiples rôles d'un simple claquement de langue. Saul, dont l'odeur, le goût, la chaleur, inattendus mais pourtant si appréciables, avaient l'art d'imprégner tous les sens du Chasseur. De le faire dévier d'une route toute tracée, et de chambouler presque tout le cours d'une soirée. Il n'était pas là, ce soir de grande affluence. Mais il avait été là la veille, ange parmi tous les déchus du Tartarus. Non annoncé, par personne, et pourtant sa présence avait fait son petit effet. Avait poussé le barman à abandonner ses verres à son collègue le plus naturellement du monde. A subtiliser une des clés réservées aux nymphes, avec la promesse de reconstruire un pan de Paradis au beau milieu des Enfers.

Chanteur et pianiste étaient partis depuis longtemps et la soirée s'était étirée jusqu'à des heures bien plus matinales. Le plus gros de la clientèle avait déjà pris le large, s'enfonçant dans ruelles fraîches d'une Exeter assoupie depuis longtemps. Enoch aimait le calme, lorsqu'il s'imposait progressivement sur le Club. Couverture qui se tendait sur l'antre de débauche, comme si l'amour de Dieu la tendait sur toutes ses créatures, mêmes les plus impies. Un petit instant de félicité qu'il n'avait partagé avec personne, Enoch, qu'il avait toujours jalousement gardé pour lui. Un de ces nombreux paradoxes qui prouvaient que Son Dessein était inconnu de tous, mais que Son amour, pour la peine, était infini. Ou peut-être que le barman était juste fatigué par sa soirée, et la brièveté de la précédente. Soledad était déjà partie, poches clinquantes mais sans avoir couru le moindre risque. Il soupira, torchon le long d'un verre à pied. A ne pas savoir pourquoi il protégeait la jeune femme, Enoch. Etait-ce pour qu'elle survive, ou pour avoir le privilège de l'exterminer lui-même ? Parce qu'il cherchait du temps, ou parce qu'il cherchait des preuves ?
Plongé dans ses pensées, quand la silhouette féline de Selma s'infiltra dans sa vision périphérique. Les mains prises, mais la pénombre n'aida pas de suite à identifier l'objet. La patronne, elle, avait l'air bien lunée. Un sourire fier au creux des lèvres, aux félicitations. S'il savait qu'il fournissait un bon travail, parce que c'était le cas, se l'entendre dire était toujours gratifiant. L'entendre de la bouche de Selma était toujours aussi flatteur. Même alors qu'elle était ce qu'elle était.

-Merci, boss.

Fierté dans les gestes, dans ce torse légèrement plus droit qu'il ne l'était d'ordinaire, légèrement plus qu'il n'aurait pu l'être compte tenu de la fatigue. Une réaction spontanée, presque adolescente. A tant chercher la reconnaissance, à trop être touché lorsqu'on la lui offrait. Le regard baissé sur ce qu'il faisait, attentif à chacun de ses gestes, il ne prêta pas attention à ce que manipulait la jeune femme. Y fut bien contraint quand elle l'attira d'elle-même, cette attention. Ce n'était pas n'importe quoi qu'elle manipulait depuis quelques instants. C'était une corde qu'Enoch connaissait très bien, au point que sa morsure rougissait encore sa peau, sous ses vêtements. Merde. Il aurait juré avoir vu Saul repartir comme il était venu : en possession de cette corde. Il se tendit aussitôt, Enoch, l'alerte reprenant son empire sur chacun de ses membres. Froncement de sourcils à peine perceptible, mais il aurait pu jurer que Selma était parfaitement consciente que l'objet n'appartenait à personne d'autre. Quelque chose dans son sourire. Un des plus rares, ceux qui prouvaient qu'elle était réellement amusée par une situation. Mains à plat sur le comptoir, dressé face à la jeune femme. Un tel écart pouvait potentiellement lui coûter sa place. D'autres avaient été virés pour bien moins que ça.

-Très cher effectivement. Cela ne se reproduira plus.

Sourire à sourire, félin versus félin. Certain, au sous-entendu, que la jeune femme savait parfaitement de quoi elle parlait. Elle n'était pas née de la dernière pluie, travaillait avec la lie de l'Humanité. Hébergeait même des créatures impies sous son toit. Restait à savoir si elle avait des doutes quant à la nature du Chasseur, ou s'il ne s'agissait que de l'avis d'une experte sur un outil d'excellente facture. Flegme naturel, les doigts qui ne tremblaient pas en venant récupérer son bien. Jouer la carte de l'honnêteté, il l'avait compris, était la meilleure des armes concernant la jeune femme. Mesurée.  
Economie de mots, chaque syllabe superflue pouvant aggraver son cas. Un brasier eu creux du ventre en hochant la tête à la requête, tant il avait manqué de jugeotte, la veille. D'effleurer la matière tressée, il avait compris à quel moment Saul et lui avaient été imprudents. Le son de ses soupirs au creux de sa mémoire et l'empreinte de ses reins contre les siens, alors qu'ils se rhabillaient. Ils avaient parlé, de tout, de rien. De trop, précieuses minutes au cours desquelles l'esprit de l'un avait été trop plein de l'autre, manifestement, pour qu'ils pensent à récupérer cette corde qu'ils avaient soigneusement laissée enroulée, pour une fois sur la chaise. Attendant sagement une heure qui n'était jamais arrivée, cette fois-là. Les doigts d'Enoch tremblèrent, en attrapant la boisson préférée de sa patronne. Heureusement qu'elle n'avait pas servi. S'affirmèrent autour du verre, avec sa personne toute entière. Les preuves n'en étaient pas moins accablantes. S'il s'en tirait à bon compte, Saul et lui devraient être beaucoup plus prudents.

Quand il revint au niveau de Selma pour la servir, cette dernière reprit la conversation. Et si une partie d'Enoch aurait aimé qu'elle entende et comprenne la promesse de changement qu'il avait déjà faite, le programme était tout autre. Battement abrupt dans sa cage thoracique, à la mention du "petit ami". Bien trop douce, bien trop belle pour être ne serait-ce qu'effleurée dans un lieu pareil. Et une proposition qui hérissa les poils d'Enoch sur sa nuque, bien malgré lui. Provoqua une vague d'indignation qui n'avait absolument pas sa place, ni dans son corps, ni dans la situation générale dans laquelle le Chasseur se trouvait. Pensait-elle vraiment que quelque chose d'aussi pur puisse se réduire à quelque chose d'aussi bas ?  

-Sauf votre respect, boss, il n'est certainement pas un client.

Un soubresaut d'égo qui pouvait être fatal à sa carrière. Qui serait tragique pour ses états de service quasiment irréprochables. Retrouver un nouvel emploi serait délicat mais pas impossible. Mais retrouver un poste stratégique aussi parfait que le Tartarus, pour l'Archange, pourrait s'avérer tragique. Il baissa les yeux vers la jeune femme, plongea dans les prunelles marrons. N'y lut pas toute la malice qu'il l'avait vue servir à ses clients, mais la méfiance était de mise. L'adverse avait beau avoir l'air frêle, il l'avait vue se battre.

-Inutile de vous le cacher, j'ai effectivement commis une faute pour laquelle je vous présente mes excuses. Je suis prêt à en assumer les conséquences, à une exception près. En dépit des apparences, je n'ai aucune envie de travailler à l'étage.

Il les détesta quand ils sortirent de sa bouche, ces derniers mots. Ces paroles qui mêlaient privé et public, qui associaient la pureté d'un ange à la fange décadente qui se pressait dans les chambres du Tartarus. Ce qui avait paru comme une bonne idée les premières étreintes avait tout le pouvoir de souiller complètement la beauté de ces instants volés au Temps lui-même. C'était inacceptable.
Tout autant que ses propres actions, en qualité d'employé. Stoïque, devant Selma. L'ange babilleur, celui qui parlait beaucoup trop. Gabriel coit devant Lilith, avec un pan de son Eden imaginaire qui menaçait de se faire la mal. Mais pas que. Il avait besoin de ce boulot. Lutterait probablement d'avantage une fois que la sentence serait enfin réellement tombée. A moins que ça ne soit déjà le cas.

-Que comptez-vous faire, boss ?




But as sure as God made black and white, what's down in the dark will be brought to the light
Sooner or later
God'll cut you down

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Tina Cuervos
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but the place was well guarded


Les états de service d'Enoch étaient irréprochables, du moins au vu des critères instaurés par la patronne. Les écarts du mixologue n'avaient rien de réprimandable, et elle se félicitait presque d'avoir dans son rang un être de cette carrure. Elle l'aurait certainement choisi en tant que garde personnel s'il n'avait pas été un moyen aussi efficace pour attirer les clients vers le bar. Selma connaissait le pouvoir des charmes, et bien qu'il ne semblait pas toujours en avoir conscience, de nombreux regards se perdaient sur Sinclair, homme ou femme, habitués ou ivrognes de passage. Le retirer de ce poste stratégique serait une erreur que la propriétaire des lieux ne comptait faire pour rien au monde. Elle ne dénigrait pas ses talents pour autant, reconnaissait n'avoir jamais bu meilleurs cocktails que les siens ; mais ce n'était pas ce qui l'avait poussée à l'accepter à ce rang. Les filles étaient parfois repérées selon certains critères, il en était de même pour le reste du personnel, la demoiselle se forçant à un choix rigoureux en ce qui concernait la place de celui - ou celle - qui rapporterait le plus d'argent.

Mais ces éléments, si importants furent-ils dans sa prise de décision, n'eurent pas le même impact que certains autres. La liste des employés renvoyés - ou sacrifiés - pour moins que cet incident était longue. Il était donc naturel qu'Enoch s'inquiète de son sort, et prenne le parti de nier les faits. Mais pour une raison qu'elle ignorait, elle se doutait que ce ne serait pas le cas ; il était bien trop malin pour jouer à cela avec elle. Et il ne lui fallut que quelques minutes pour confirmer ses soupçons : Cela ne se reproduira plus. Elle eut envie de lui dire que c'était dommage, pourquoi s'en priver ? Mais à la place, elle le regarda, l'analysa, essaya de déchiffrer ce qui se passait sur son visage. Elle ne savait si elle y lisait de l'embarras, de la culpabilité, ou seulement de l'agacement ? Les lèvres pincées, elle l'écouta s'expliquer concernant celui avec qui il avait fauté, et qui n'était pas un client. Elle l'écouta en hochant très légèrement la tête, assimilant l'information sans trop rebondir dessus. Même son refus, concernant un changement professionnel, fut pris sans abaissement de son humeur. La jeune femme n'était pas là pour le forcer à quoi que ce soit, seulement soucieuse de mettre à profit certaines habilités de ses employés, et savait qu'Enoch pouvait lui rapporter gros. « Dommage, ils se seraient bousculés pour toi. » Il ne s'agissait pas d'une remontrance, seulement d'une remarque ; simple vérité.
Elle attrapa son cocktail, but une gorgée, et fit le tour du bar pour se poster à ses côtés. Elle déposa son verre, puis ses bras à plat contre le comptoir, légèrement penchée en avant. Elle jeta un un regard circulaire à la salle, satisfaite d'un tel calme quand le brouhaha avait régné quelques instants en arrière, et poussa un soupir. Que comptez-vous faire, boss ? Rien. Elle avait en horreur ce genre de traitement de faveur, de ceux qui procuraient à un individu une immunité suffisante pour que la personne concernée ne se pense invincible.

Pour autant, Selma n'avait pas peur que le serveur ne le prenne ainsi, il semblait trop futé pour de telles conclusions. Elle aurait dû le renvoyer, ou du moins lui asséner une punition plus qu'exemplaire. Pourtant, elle fut presque surprise de cette question, comme s'il était possible qu'elle ne prenne de telles mesures le concernant. Que comptez-vous faire, boss ? Et elle ne savait que lui répondre, désireuse de se faire respecter - et instaurer des règles - sans avoir à jouer au gendarme avec lui. Elle ne pouvait se montrer trop laxiste, mais avait à cœur de faire preuve de tolérance. Elle était détentrice du pouvoir, et tenait le destin d'Enoch entre ses mains ; en ce qui concernait l'établissement.
La question fut écartée d'un signe de main, alors qu'elle ne lui jeta pas un regard de plus. Elle, pourtant si sûre d'elle, se retrouvait préoccupée par quelques histoires plus graves ces derniers temps, et avait besoin de plus d'alliés, que d'ennemis. Les appartenances de cet homme étaient flous selon le point de vue de Selma, elle ne savait où le placer tant les cases qu'il lui inspirait étaient variées. Le monde dans lequel était plongé Exeter n'était jamais totalement manichéen. Enoch n'était pas forcément pour ou contre elle. Et ça, elle le ressentait bien souvent. Le perfectionnisme du travail contré par une lueur qu'elle devinait dans son regard, mais qu'elle ne prenait pas le temps de déchiffrer, certainement par jeu ; il n'était pas dangereux, tant qu'elle ne creusait pas la surface.

Il lui fallait reprendre la parole, et expliquer son geste ; plutôt, son absence de réaction. Elle aurait pu lui demander bien des choses, réclamer, presque demander à être suppliée ; mais elle n'était pas de ces cheffes-là. Le respect se gagnait autrement, lorsqu'il s'agissait de son cercle. Elle but une nouvelle gorgée de sa boisson, en prenant tout son temps, parce qu'elle le pouvait. « Je ne compte pas te sanctionner. » Le verre rejoignit le bois, une fois de plus, et elle tourna enfin la tête pour le regarder. Elle serait bien stupide de perdre un de ses meilleurs employés, pour une broutille pareille. L'accès aux chambres était interdit pour les travailleurs, mais renoncerait-elle à un si bel élément pour quelques soupirs, et le partage d'un moment agréable ? Certainement pas.
Elle pivota légèrement le buste dans sa direction, et se redressa afin de ne laisser qu'une main sur le comptoir. « J'ai, cependant, d'infimes requêtes, qui me permettront de fermer les yeux. » Elle ne voulait faire durer le suspens, savait que c'était inutile, et l'heure était bien trop avancée pour qu'elle ne se perde dans ce genre de jeu, surtout en sa compagnie. Elle lança un regard à la corde qu'elle venait de lui confier, et adressa un signe de tête dans sa direction, afin de la désigner. « Je veux le nom du fournisseur qui t'a procuré cette corde, les nôtres sont de mauvaise facture en comparaison. » La sentence paraissait bien douce, et elle était là pour cela.

Elle se mit dos au comptoir, et posa ses deux mains à plat contre la surface plate, afin de se hisser au-dessus, et y rester assise. Elle continuait de regarder l'employé travailler, passer le chiffon sur ces verres à pieds, s'inquiéter d'autres affaires dont Selma n'avait pas à se soucier ; elle aimait le savoir si méticuleux. Il existait des aspects de son grade qu'elle ne pouvait livrer au premier venu, et bien qu'elle ait de la sympathie pour Enoch, elle ne pouvait lui parler de bien des choses concernant son culte, et ce qui se déroulait à l'étage supérieur, celui dont peu avaient accès. Elle ne comptait pas débuter ce soir, ne dérogerait évidemment jamais à la règle, mais s'autorisait à se pencher sur un sujet toutefois délicat. « Tu dois certainement savoir que l'établissement est en proie à certains doutes, depuis quelques semaines. Tu es observateur, j'imagine que les rumeurs ne t'ont donc pas échappé. » Elle croisa les jambes, les deux mains de chaque côté de ses cuisses, dans une posture tranquille mais professionnelle. « Si je ferme les yeux sur ce qui est arrivé, acceptes-tu de devenir mes yeux et mes oreilles ? Tu en entends bien plus ici, que moi perchée là-haut, j'en suis certaine. Je ne sais pas quelle relation tu entretiens avec le reste de l'équipe, et je m'en moque, sois en sûr, mais ils te parleront plus facilement qu'à moi. » Elle avait déjà interrogé quelques visages de l'équipe de l'étage, s'était entretenue avec les filles en priorité, certaines trouvant quelques clients bavards sur l'oreiller, mais aucun n'avait pu lui apprendre ce qu'elle recherchait. Elle devait se tourner vers d'autres méthodes, tendre son bras pour s'emparer de plusieurs facteurs extérieurs, et tant pis si elle se brûlait au passage ; elle n'avait pas le choix.

Elle ne lui laissa pas l'occasion de répondre, leva un doigt pour lui réclamer son attention, encore quelques instants. Elle n'avait pas terminé. Elle partagerait rien de plus avec lui, ne lui indiquerait rien qui puisse lui en apprendre sur les activités de l'étage condamné, et ne dirait pas un mot sur tout ce qu'il impliquait, qu'il s'agisse des rituels mais également du clan entier. L'information serait à sens unique, et elle attendait un respect de cette volonté ; s'il avait des informations, il se devait de les transmettre, mais ne pourrait poser aucune question qui viendrait éclaircir ses secrets. Et tout cela, il devait s'en douter. Selma était une femme de secrets, ne répondait qu'aux questions qu'elle jugeait pertinentes, et savait arrêter la langue de tous les curieux qui représenteraient une menace pour elle, ou pour sa famille.
Elle se remit debout, s'approcha des étagères de boisson afin d'attraper une bouteille bien précise, et revint vers le comptoir afin d'en servir dans son verre, puis dans un second qu'elle poussa en direction d'Enoch. Elle s'était rapprochée, durant cette manœuvre, se trouvait alors très proche de lui, alors qu'elle reprenait déjà la parole. « Je t'apprécie, Enoch, je ne demanderais pas cela à n'importe qui, tu t'en doutes. J'ai eu plusieurs sentiments contraires te concernant, dès ton arrivée ici. Je n'ai jamais questionné ces choses-là, parce que ce mystère qui t'entoure fait partie de ton charme, et je refuse de te retirer cela ... » Elle pensa : pour l'instant. « ... mais je sais que derrière l'employé si méticuleux, et ta politesse, se cache un homme dangereux. » Elle lui avoua, comme pour lui montrer qu'il ne s'agissait pas de confier cette tâche à un homme qu'elle jugeait honnête, mais qui pouvait disposer des méthodes qu'il jugeait juste. Elle ne savait exactement de quel danger elle parlait, ne savait pas exactement à quoi elle pensait en évoquant cela ; mais les détails ne trompaient pas, et elle avait déjà été témoin de certains de ses réflexes, de sa capacité à appréhender des clients récalcitrants en son absence, et bien d'autres exemples. Elle ne comptait pas lui demander pourquoi il tenait tant à son travail ici, quand il avait les capacités de faire bien des choses, dans cette ville remplie d'incapables. Peut-être que le danger qu'il représentait n'était que fictif, qu'il n'était que le carrefour du crime, receleur de certaines informations que quelques uns s'arrachaient ; ou un être seulement pourvu d'une noirçeur qui n'était pas explicable. Elle ne grattait pas la surface, prenait l'homme tel qu'il lui apparaissait, et respectait son bagage. Ce qu'elle demandait alors, après tout ce temps, n'était qu'un échange de bon procédé : un job contre un autre. Elle leva son verre, comme réclamant une réponse immédiate ; Dieu seul savait à quoi il s'exposait en cas de refus. « Tu marches ? Tu resterais, évidemment, mon employé préféré. » Et elle en sourit, comme si cela avait son importance.




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