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 antagonistic (stu)

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Philip Sharp
- chante encore la même mélodie -
Philip Sharp
- chante encore la même mélodie -
damné(e) le : o20/12/2021
hurlements : o229
pronom(s) : oshe / her
cartes : ofürelise
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antagonistic (stu)
Dim 22 Jan - 23:18

antagonistic
Un coup d'oeil à sa montre. Le chauffeur n'allait pas tarder à arriver. Plongé dans la rédaction de sa prochaine chronique, le critique n'avait pas vu le temps passer. Ou plutôt avait tout fait pour ne pas le voir passer. Ne pas se laisser déstabiliser par la moiteur de ses mains, oublier complètement la sècheresse dans sa gorge. Le trac du débutant. Une fébrilité qui l'avait habité toute la journée, à l'acteur, alors qu'il n'avait pourtant pas besoin de monter sur les planches. Comme une pièce se déroulant en sens inverse, où il fallait lever le rideau avant même d'avoir appris son texte. Il n'aimait pas les imprévus, pourtant, alors pourquoi avait-il lancé cette proposition la veille ? Pour le plaisir. La réponse d'Ari lui avait fait rouler ses yeux glacier, à Philip. Parce qu'il avait tort. Mais qu'il avait surtout raison. Changer les plans à la dernière minute n'était jamais un problème pour le socialite, encore moins quand cela impliquait de passer une soirée au milieu de tous les regards. Alors pourquoi celle-ci semblait elle plus difficile que toutes les autres ? A ton avis ? Un haussement d'épaules en réponse aux yeux noirs, luisants, d'Ari. Ce dernier avait fini par se lever, attraper sa canne et prétendre une course pour prendre la clé des champs. Avait agité un doigt nonchalant vers un des costumes étalés sur le dossier du canapé, lancé ce tu devrais mettre le marron, cette couleur te va si bien, avec un ton bien trop enjoué pour le bien de son ami. Puis il s'était enfui sur un bonne soirée trop heureux pour être honnête.
Parce que Philip savait pertinemment que le marron n'était pas plus anodin que la joie visible sur les traits de son ami. Il n'était pas question uniquement de bien paraître en société. Il était aussi question de bien paraître aux yeux de son invité. Et ça le tuait d'admettre qu'Ari connaissait parfaitement les goûts de ses deux meilleurs amis.

Meilleurs amis. Une sensation aigrelette sur le palais, lorsque ses doigts avait glissé le long de l'étoffe du costume. Philip avait des meilleurs amis, autrefois. Un qualificatif enfantin qui n'avait plus la même saveur une fois passé l'âge adulte, qui lui revenait en pleine figure tant il était affectueux. A trop s'enorgueillir de gloire, il en oubliait quelques fois l'essentiel. Les connaissances ne seraient jamais des proches, la distinction était devenue essentielle pour survivre. A trop se laisser blesser par l'affection, au risque d'avoir l'air inatteignable. Des amis qui se comptaient sur les doigts de la main, et Ari qui le traitait de couillon quand il fallait le ramener sur le plancher des vaches. Il en avait plusieurs, des meilleurs amis, autrefois. Il y avait celui qui était toujours là, ses boucles noires devenues grises, des ridules au coin de ses lignes de sourire ou de ses yeux noirs. Il y avait les nouveaux, Saul et Enoch, que Philip ne qualifierait jamais comme tels par respect pour eux mais qui avaient la même place dans son cœur. Et il y avait celui qui manquait, parfois plus que tous les autres réunis, et dont il ne fallait pas souffler le nom. Fantôme toujours présent, une voix bourdonnante tous les matins dans le haut-parleur de centaines, peut-être des milliers, d'auditeurs qui n'étaient pas lui. Reconnaissable entre toutes, si proche et si lointaine à la fois.
Devenue bien plus proche que lointaine ces derniers mois.

Un frisson le long de l'échine en achevant de mettre de l'ordre dans ses mèches sombres. Ce maudit trac qui ne le lâchait toujours pas, une fébrilité dans tous les muscles que Philip avait fini par associer à de bonnes choses. Il avait beau avoir pris de l'âge, de l'expérience, avoir des années de planches derrière lui, et l'acteur ressentait toujours ce noeud à l'estomac à chaque fois qu'il était question de partir en représentation. Et si une partie de lui avait espéré que son invité réponde par la négative à sa proposition, pour être sûr que la représentation se fasse en toute intimité, il était soulagé que Stuart ait répondu présent quand il avait changé ses projets au dernier moment. Un grognement, alors que le sourire goguenard d'Ari lui revenait le matin même. Il pouvait même encore le voir, même plusieurs heures après, assis avec son sourire victorieux dans le canapé juste à côté de lui. Bien trop heureux pour lui. Pour eux.
Quel eux, exactement ? Il soupira, Philip. N'avait pas réfléchi aux conséquences de son geste, encore moins à la possibilité qu'ils puissent être vus ensemble malgré des années de guerre froide. Avait juste vu objectivement que l'opportunité serait bonne pour Stuart de rencontrer d'autres producteurs pour son film, une manière comme une autre de se faire un réseau que ses habitudes professionnelles ne lui permettraient autrement pas. Un coup de pouce. Un mécanisme de défense, aussi. Les coupes de champagne avaient toujours été d'excellents bouclier pour cacher le Néo-Zélandais nerveux et seul, tout droit sorti de son île, derrière le comédien à dents longues. Une personnalité née du besoin de faire sa place et de la solitude, quand les meilleurs amis étaient à l'autre bout du monde. Une personnalité à travers laquelle Stuart était parfaitement capable de voir, à l'époque, et c'était là tout le dilemme.
Le fond du problème.
La raison de ce maudit trac.

Toutes ses raisons étaient foireuses, Philip en était conscient. Mais il ferait avec, se draperait d'orgueil et de son costume marron, et advienne que pourrait. Coup de klaxon dans l'entrée, il était temps que le rideau se lève. Il souffla l'adresse qu'Ari lui avait inscrite sur un bout de papier au chauffeur, s'installa à l'arrière de la berline et ferma les yeux. Trois profondes inspirations alors que la voiture redémarrait. Quand il rouvrit les paupières, l'acteur avait repris pleine possession de ses esprits.

Le paysage défilait, à travers les vitres teintées. Des ruelles inconnues de quartiers jamais visités, quand bien même il était à Exeter depuis plusieurs années. La voiture ralentit, atteignant enfin sa prochaine étape. Un nouveau coup d'oeil à sa montre. Ils étaient en avance. Stuart l'était aussi. Se glissa dans la voiture avant que l'acteur n'ait le temps de l'apercevoir dans le détail, lui laissant tout juste le temps de déplacer les pans du manteau en laine qu'il avait enfilé par dessus son costume marron. Il sentait bon. Une odeur familière, trop, trop vite. Philip s'éclaircit la gorge et s'avança rapidement vers le chauffeur pour lui communiquer les coordonnées de leur prochaine destination. Pour reprendre contrôle de la situation. Pour ne pas avoir à retrouver son invité trop vite, aussi. Tous les préparatifs du monde pour éviter trop de proximité, et Stuart était à quelques dizaines de centimètres de lui. Stuart qui avait parfaitement exécuté ses directives. Pas de bermuda en vue, pas de chemise à fleurs non plus. L'homme en col roulé qui se trouvait à côté de lui était d'une élégance rare, qui creusa l'ombre d'un sourire satisfait au creux des babines de l'acteur.

-Bonsoir, Stuart. Beau travail, nous n'allons pas être recalés à l'entrée.

Un compliment sous cape, bien insuffisant pour traduire le plaisir qu'il ressentait à voir que l'autre homme avait fait un effort vestimentaire considérable. Ari était-il passé par là, aussi ? Une question qu'il aurait l'élégance de ne pas poser à son compagnon. Pas tout de suite. La voiture se remit en route, les deux hommes parfaitement installés. La bienséance aurait voulu que Philip lui serre la main, mais il n'en était pas encore là. Lissa les pans de son manteau pour résister à l'envie de remettre une des mèches blondes en ordre.

-Comme je te l'ai dit par message, il s'agit d'une soirée privée, nous devrions y être au calme. D'autant qu'on m'a dit que plusieurs huiles du monde du spectacles y seraient aussi. Je me suis dit que l'occasion pourrait être belle pour boire une coupe de champagne et réseauter.

Cette invitation est pour toi plus que pour moi. Mais ça non plus, il ne le dirait pas. Les relations n'étaient pas au beau fixe et encore moins en ce qui les concernaient. Philip voulait reprendre sur des bonnes bases, pas foutre en l'air ce qui semblait être leur première tentative de rapprochement substantielle depuis des années. A l'exception du guet-apens d'Ari, qui ne comptait qu'à moitié. Cette fois-ci, c'était eux qui l'avaient décidée.
Et ça changeait beaucoup de choses, en vérité. Un pas en avant pour retrouver ce semblant de complicité qu'il avait semblé percevoir au cours de leurs échanges par sms. Les mains de nouveau moites, alors qu'il les serra entre elles pour les poser sur ses cuisses. De cette manières, elles ne trahiraient rien ni du trac, ni de son envie de remettre cette mèche blonde vagabonde en place sur la tête du réalisateur.

-Tes repérages en forêt se sont-ils bien passés ?

Aotearoa en fond, jamais bien loin dans ses intonations. Confortablement lovée entre les couches qu'il s'était construites comme des armures, un accent Américain un peu bâtard qui n'oublirait jamais ses racines. C'était l'amitié puis la solitude sur cette île qui l'avait construit. Un rappel qui revenait au galop sans qu'il puisse en dire quoi que ce soit, à chaque fois qu'il parlait avec Ari et, autrefois, Stuart. Stuart, qui lui avait promis une conversation que Philip n'était pas certain de vraiment vouloir avoir.
Peut-être que c'était pour ça, aussi, ce changement de projets de dernière minutes. Pour se plonger dans le champagne et la société, si profondément qu'ils n'auraient pas à parler autrement que des petites choses de la vie récente.
Pas des grandes choses qui ont bâti puis détruit des relations.



i'm on top of the world
see me on telly, see me on billboards and banners, see me white picket fences, now watch me build up my palace
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Stuart King
- the dindon of the farce -
Stuart King
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Re: antagonistic (stu)
Lun 23 Jan - 14:41

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Il avait passé de longues minutes devant son miroir, à analyser chaque élément de son habit pour s'assurer de son élégance. Le col roulé n'avait pas quitté son dressing depuis un long moment, l'animateur préférant s'habiller de chemises légères, plutôt que d'encombrer sa poitrine avec ce genre de vêtement. Mais la soirée ne se prêtait pas à ces habitudes vestimentaires, et il était d'usage de sortir le grand jeu dans ce genre de rendez-vous. Il ne s'agissait pas seulement d'une réception, d'une remise de prix, ou d'un quelconque rassemblement médiatique ; il s'agissait d'une invitation de la part de Phil, et il tenait à mettre toutes les chances de son côté pour renouer les liens avec lui. Il avait été difficile de l'approcher de nouveau, les années s'étaient étendues plus que de raison, et mettre cette occasion en péril à cause d'une tenue aurait été bien dommage. Il n'arrêtait pas de toucher son cou, l'impression d'étouffer sous le tissu ne le quittant pas, mais il tiendrait la soirée sans s'en plaindre. Le vêtement s'allongeant le long de son cou, le contact le forçait à se tenir droit pour ne pas sentir sa gorge obstruée par le col – une raison de plus de privilégier cet habit.
Il avait posé la question à Ari, ce dernier passé en coup de vent pour lui donner son avis ; il lui avait envoyé un message, la panique au bout des doigts, pour quémander quelques minutes de son temps. Le légiste saurait le guider pour ne faire aucune anêrie, l'homme ayant toujours été franc avec lui. Il lui aurait dit si la tenue n'avait pas convenue, ou si sa coiffure avait un problème. Il faisait confiance en son jugement, et avait été satisfait du sourire d'approbation – entre autres – qu'il avait eu en retour de son défilé privé pour montrer sa tenue. Il va porter du marron, si ça peut t'être utile. L'information avait été lancée comme une trivialité, Stu avait presque pu déceler la malice dans le regard de son meilleur ami. Il savait que ça avait de l'importance, le réalisateur ne laissant jamais rien au hasard. La couleur de la fleur qu'il apporterait irait parfaitement avec la couleur du costume de son ancien amant. Il s'était alors empressé de dénicher une fleur d'althéa de couleur bleu, assez grande pour être vue ; mais assez petite pour être ajoutée à une poche de blazer et parfaire une tenue – que Stuart savait déjà élégante.

Le cheveux peignés dans une coupe qu'il avait depuis toujours, il ne lui avait fallu ajouter qu'un brin de parfum, et quelques encouragements devant sa glace, pour être prêt. Il avait promis à Ari de le tenir au courant de la soirée dès que possible, en le laissant partir, et avait rassemblé ses effets personnels pour rejoindre rapidement son ami à son arrivée. Il n'avait pas droit à l'erreur, pas alors que les derniers échanges avec le critique avaient été encourageants, et avaient animés quelques espoirs dans le cœur de Stuart. Il avait amené le ballon jusqu'à la ligne, non sans obstacles, n'avait plus qu'à transformer l'essai. Mais c'était précisément ce qui était le plus difficile, surtout dans ce genre de réception. Stuart s'y présentait en tant qu'invité, il n'avait pas été convié en premier lieu, et n'était pas dans un endroit familier. Il avait beau passer de plus en plus de temps au théâtre, il restait un homme de cinéma. Les problématiques de ce côté n'avaient pas changées, et il espérait ne pas avoir à faire face à des situations trop gênantes à ce propos. Il connaissait le monde dans lequel Philip évoluait, et s'il n'y était pas étranger, il n'était pas totalement à sa place non plus.

L'idée de se sentir de trop dans les conversations à venir pouvait l'effrayer, mais il préférait ne pas trop y penser pour l'heure, de peur de prendre une mauvaise décision. L'appréhension était pourtant déjà présente, et le força à prendre le chemin de la sortie dès maintenant, et rejoindre le bout de son allée pour attendre.

Lorsque le voiture s'avança, il ne tarda pas à monter à bord en faisant un signe au chauffeur en remerciement. La portière refermée, il frotta doucement ses mains l'une contre l'autre en attendant que Philip ne donne ses directives, et que la voiture ne reprenne sa route. Il ne comptait pas être trop avenant, ne pas l'étouffer sous ses attentions ; son hôte devrait aller à son rythme, l'invité s'y conformerait. Aucune poignée de main, ce n'était pas grave. « Bonsoir Phil. » Et non pas Philip, le prénom écourté pour garder une certaine proximité ; Stuart sonnant déjà trop peu familier à ses yeux. « Oh, j'ai fait en sorte de ne pas trop différer des autres, et j'imagine que les chemises à fleurs ne seront pas légion. » Il sourit en retour, et jeta un regard sur les vêtements de son vis-à-vis en faisant une moue appréciative. « Je vois que tu as fait un effort, toi aussi. » Rictus aux lèvres pour montrer qu'il plaisantait. Il savait qu'il ne s'agissait pas d'un grand effort pour son ami, bien plus habitué que lui à ce genre de soirée, et dont les habitudes vestimentaires étaient bien éloignées des siennes. « Tu es très élégant. » Une manière de verbaliser le compliment qu'il pensait avoir décelé de sa remarque, et ce sourire qu'il avait été ravi de voir apparaître sur ses lèvres. Il ne s'agissait pas d'une grande victoire, mais d'une victoire tout de même.

Il remonta les lunettes sur son nez, d'un geste automatique, et posa ses deux mains sur ses cuisses, afin de ne pas se triturer les doigts d'un air angoissé. Phil ne lui avait rien dit de précis concernant la soirée, il ne savait pas vraiment qui serait présent, ni quel était le but ; mais il comptait sur ce trajet en voiture pour que son ami lui en dise plus. Il hocha alors doucement la tête lorsque ce dernier prit la parole. Il finit pourtant par arquer un sourcil, l'air interloqué. « Réseauter ? » Le terme lui paraissait si éloigné des considérations de leurs retrouvailles – si austère. « Mh, pourquoi pas. » Il n'allait pas le contredire dès les premières minutes, mais n'était clairement pas là pour réseauter. Il n'avait pas même besoin, à vrai dire, et n'osa demander s'il pensait que c'était le cas, ou si lui-même en avait besoin. Il essaya de ne pas prendre la remarque trop personnellement, comme s'il pouvait n'avoir balancé l'information au hasard, pour montrer que c'était ce qui se faisait, bien sûr, dans ce genre de soirée. Stuart n'était pas totalement extérieur à ces rassemblements, connaissait bien, et n'avait pas besoin de piqure de rappel.

En outre, qu'importe l'intention de cette précison, elle ne pouvait qu'être négative. Mais il préféra ne pas s'y attarder, attendait bien plus de cette soirée qu'une dispute en voiture avant d'écourter ce moment qu'ils pouvaient prendre pour renouer quelques liens. Il profita de la question posée par son ami pour rebondir sur un autre sujet ; il mit quelques secondes à comprendre. Il était parti en repérage lors d'un de leurs récents échanges de messages. La pêche avait été bonne, Beatriz appelée juste après son vagabondage pour être rejoint. Ils n'avaient pu retrouver de traces satisfaisantes concernant l'homme qu'ils cherchaient, mais Stuart avait cru reconnaître l'endroit précis où il avait été attaqué. L'information ne serait certainement pas utile pour son prochain tournage – à moins qu'il ne s'en serve – mais comptait pour le plan qu'ils comptaient élaborer avec la jeune femme. « J'ai trouvé quelques coins corrects, mais je vais poursuivre mes recherches. » Il était perfectionniste, et ne se satisfaisait jamais de quelque chose de correct. « Il existe vraiment des endroits remarquables au sein, et en bordure, de la ville. C'est comme si chaque dalle, chaque pierre de ses rues attendait le moment opportun pour raconter son histoire. » Et il était là pour cette raison ; raconter des histoires. Il avait tant à dire, tant à montrer, tant à dévoiler de cette ville, c'était certainement le point le plus compliqué de son projet en cours. Les informations étaient trop nombreuses, les idées également.
Mais il n'était pas là pour assommer son ami avec ces histoires, ne pouvait s'envoler vers ces monologues qu'il savait tenir sur la beauté des choses, et tout ce qu'il ne voyait qu'avec ses yeux d'enfant. Ce n'était certainement pas ce que Phil avait voulu lui demander, attendait peut-être plutôt une réponse plus professionnelle. « Mais sinon ... Non, rien d'exploitable. » Il préféra se contenir, ne pas monopoliser la parole avec les détails de cette soirée, à patauger dans les terres boueuses de la forêt, la carte à la main pour repérer le moindre coin.

Il releva la tête, comme ayant eu une révélation, se souvenant subitement de la fleur qui patientait dans la poche de son blazer. Il avait oublié de lui donner en rentrant. Il la sortie alors en faisant attention de ne pas en froisser les pétales, et la présenta à Philip en s'éclaircissant la gorge. « J'allais oublier, je peux ? » Il attendit l'accord de son compagnon, et accrocha la petite fleur à sa bouttonière, comprenant qu'elle ne tiendrait pas sur la poche, au vu de sa petite taille. Il ne fallait pas qu'elle soit trop grande, qu'elle ne prenne pas trop de place sur le joli costume. Il sourit ensuite satisfait, se retint de préciser qu'elle allait bien avec ses yeux ; des couleurs indescriptibles mais complémentaires.
Il lui fallut ajouter quelque chose pour combler l'instant, éviter à son interlocuteur d'être mal à l'aise si le présent ne lui convenait pas. Stuart avait pensé apporter un bouquet de fleurs, mais il aurait fallu les avoir en mains toute la soirée, assez pénible. Il se réinstalla correctement sur son siège, reprenant la parole : « Et cette soirée, quelle est l'occasion ? J'espère avoir sorti le col roulé pour quelque chose d'impressionnant, sinon je retourne enfiler ma plus belle chemise à fleurs. » Il ne l'aurait pas fait, bien trop peur de lui faire honte. Et qu'importait l'occasion, au final, il était déjà heureux de la passer en la compagnie du critique. L'inauguration d'une nouveauté ? Un nouveau projet à venir pour son ami ? Seulement une soirée guindée pour avoir une excuse pour sortir le champagne et les perles ?



A LONG LONG TIME AGO
we passed upon the stair, we spoke of was and when although i wasn't there. he said i was his friend. which came as a surprise i spoke into his eyes. i thought you died alone.
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Philip Sharp
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Re: antagonistic (stu)
Jeu 26 Jan - 19:16

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Le parfum de Stuart flottait dans l'habitacle de la voiture, rappel constant de ce qui avait été comme de ce qui avait pu être. Plusieurs années déjà depuis la fin, et Phil n'avait jamais oublié cette fragrance qu'il avait tant aimée. L'avait retrouvée quelques fois, au hasard, s'était retourné à chaque fois qu'il l'avait sentie. Un pincement au coeur, l'espoir qui se faisait la malle car celui qui la portait n'était pas celui qu'il attendait. Jamais le blond vénitien, jamais les yeux brillants de malice, jamais l'accent chantant de leur pays. Une déception en entraînant tant d'autres, que Phil poussait toujours un peu plus profondément sous la carapace. The show must go on. Mais cette fois-ci, il était bien là, celui qui était supposé ce parfum. A côté de lui, visiblement aussi nerveux que lui. Des signes que Philip connaissait parfaitement depuis le temps. Stuart avait beau avoir pris de l'âge, il avait toujours ces attitudes enfantines qui le caractérisaient si bien. Cette manière de frotter ses mains ensemble, de se rassoir dans une position à peine plus confortable que la précédente. Cette voix guillerette, presque chantante, que ce soit pour les sujets graves ou les plus léger. Si différente et en même temps si similaire quand il arrivait au comédien d'écouter quelques unes des chroniques de l'autre homme, sa voix caractéristique à peine feutrée par son micro. C'était bien différent de l'avoir juste à côté de lui, pourtant. Parce qu'il ne pouvait pas compter sur la diffusion des ondes, sur l'espace imposé par les ondes, ni sur le confort de son propre appartement pour réagir spontanément aux paroles prononcées. Parce que tout imposait une proximité pour laquelle il n'était pas encore prêt, et Philip s'en rendit compte aussitôt que le surnom fut prononcé. Phil. Un contraste évident avec toute la distance que le critique s'était efforcé d'imposer entre eux. Il avait marqué une pause, perturbé par la familiarité. Puis laissé la conversation filer toute seule, les faux accords résonnant avec une clarté agaçante à chaque fois qu'ils perdaient leur rythme. La faute à la tension, au stress et aux non-dits. C'était tout du moins l'explication la plus simple, à défaut d'être la véritable.

Il y avait quelque chose de galvanisant, à avoir toute l'attention de Stuart comme cela. A s'autoriser un instant de répit le temps d'un léger sourire sous le commentaire. Pas qu'il se serait laissé aller, il ne connaissait que trop la capacité de son ancien amant à tisser un million d'histoire pour assoupir la méfiance. Mais ce moment de complicité, aussi délicat qu'il soit, était entièrement à lui. Sûrement plus simple aussi de se dire qu'il ne s'agirait que d'un temps rien que pour eux, une poignée de minutes jusqu'à arriver à destination. Raison de plus pour se laisser aller, et c'est ce que Phil décida de faire. Les traits expressifs de Stuart avaient beau laisser entendre que ses intentions de réseautage avaient été mal prises, il fut reconnaissant à son ancien partenaire d'accepter la trêve et de laisser filer la conversation sans s'y arrêter. Le but n'avait jamais été de le vexer, seulement de lui offrir un coup de pouce dont tous les artistes avaient besoin, en particulier dans une petite ville comme Exeter. Et Philip n'avait jamais caché son opinion en ce qui concernait le gâchis terrible qu'était devenue la carrière du réalisateur ; à ses yeux. Les années et certaines décisions avaient peut-être creusé un gouffre entre eux, le critique était toujours aussi conscient du talent de l'homme assis à côté de lui. Et si sa méthode était bien loin d'être conventionnelle, il avait toujours défendu la vision artistique de Stuart même après la fin. S'il y avait moyen de la mettre encore plus en avant, cette vision, il était certain que les bonnes personnes se trouveraient dans cette soirée. Lui-même y allait avec une idée en tête et quelques cartes de visite dans la poche intérieure de son costume. Une manière d'apaiser les tensions, de revenir à des bases qu'ils n'avaient que trop connues avant le succès. Une manière, aussi, de leur permettre à l'un et l'autre une distraction si jamais les tensions revenaient au galop ou si les conversations devenaient trop compliquées. Réapprendre à se parler était difficile, il l'avait vu au cours de leurs dernières conversations. Un environnement comme une soirée était l'occasion d'y aller à leur rythme, plus souplement, et il fut déçu de voir que Stuart ne l'avait pas pris comme cela. Ne lui expliquerait pas le fond de son raisonnement pour autant.

Stuart, qui avait repris la conversation. Stuart, dont les yeux s'illuminaient à présent, comme autrefois, quand il abordait un sujet qui le passionnaient. C'était ça que Phil avait toujours apprécié chez son ancien ami, cette capacité à s'émerveiller de tout ce que le commun des mortels ne prenait pas la peine de voir. Une passion qui lui avait manqué, au critique. Déjà prêt à tout savoir des pierres, des feuilles et de la manière dont l'ombre des feuillages des arbres tombait sur ces dernières, il s'accouda au rebord de sa fenêtre, déposa sa joue au creux de sa paume. Mais l'instant de grâce ne vint pas, s'envola aussi vite qu'il était arrivé. Déception, qui s'échappa des lèvres du critique sur un "ah, dommage" impossible à retenir. Et sa position bien plus détendue alors qu'il avait commencé à baisser les armes de se guinder de nouveau, maintenant qu'il réalisait ce qu'il s'était apprêté à faire : exactement ce qu'il redoutait, se laisser aussi facilement emporter par les tirades de Stuart. Ca avait failli être si simple, si instantané qu'il en frissonna, le critique. De se laisser aller à l'écouter, juste parce que cette passion lui manquait. Il allait devoir se méfier. Pas seulement de Stuart, mais de lui-même. Reprit une position plus droite dans son siège, lissa les pans de son costume marron sous son manteau noir. Jusqu'à ce que le réalisateur s'agite dans sa vision périphérique.

Une fleur se matérialisa au bout des doigts du blond, invoquant un lever de sourcil circonspect. L'envie de demander quelle était l'occasion, avant de se rappeler que l'une des grandes qualités de Stuart était sa passion pour les plantes et l'emphase. Un mouvement de recul malgré l'étroitesse de l'habitacle alors que l'autre homme s'approchait avec sa fleur, le temps de comprendre ce qu'il se passait. D'entendre tonner un million d'alertes dans sa tête et de décider d'un hochement de tête incertain qu'il n'allait pas les écouter. La fleur était jolie, c'était une de ses préférées. D'un bleu indescriptible qui semblait avoir été sélectionné avec ce soin tout particulier qui régissait tous les cadeaux du réalisateur. Philip leva le menton, laissa les doigts de son ancien compagnon s'agiter sur la boutonnière de son costume. Remarqua de nouveau cette mèche blonde qu'il avait affreusement envie de remettre en place alors qu'elle dansait devant ses yeux. Le parfum, la proximité, la familiarité des gestes le mettaient mal à l'aise. Mais il n'en dit rien, remercia mentalement le réalisateur de ne pas avoir laissé durer le moment trop longtemps. Et baissa finalement le nez sur le présent, parfaitement à sa place dans cette boutonnière. Comme si tout avait été calculé. L'ombre d'un sourire, sous la barbe noire.

-Elle est... très jolie.

Le terme adéquate s'était imposé le premier, mais avait été bien vite remplacé, quand bien même il était juste. Mais elle représentait bien plus que ça. Elle représentait un choix volontaire de lui faire plaisir, de la part du réalisateur ; un rameau d'olivier pour cesser leurs querelles. Il passa ses doigts sur les pétales, la touchant à peine, Stuart l'ayant déjà parfaitement glissée dans la poche de l'habit. Il devait se méfier de ça, aussi. Du plaisir bien trop réel qu'une telle attention venait de provoquer. Profita que Stuart reprenne la conversation pour recomposer ses défenses, l'impression de sentir une brûlure bien trop agréable au niveau de sa poitrine, là où se trouvait la petite fleur bleue. Il posa son regard ailleurs, n'importe où, tant que ce n'était pas son ancien ami.

-Il s'agit d'une soirée pour fêter la fin de Cyrano avec les investisseurs et les donateurs. Les entrées étaient excellentes, une chaîne locale nous envoie des représentants, elle veut acheter les droits pour filmer et diffuser une des dernières représentations.

J'avais envie de te présenter pour le poste de réalisateur, qu'il retint immédiatement en se souvenant de l'expression de Stuart quelques minutes plus tôt. Il finit par se tourner vers ce dernier. Son regard agrippa aussitôt la mèche rebelle, vers laquelle il finit par lever une main. La remit en place sans se soucier de demander la permission, et considéra son travail avec satisfaction. Le col roulé que mentionnait le blond lui allait toujours aussi bien, complimentait parfaitement ses traits et faisait ressortir tout l'éclat de ses yeux. Maintenant que la mèche était domptée, le tableau était parfait. Satisfait de son travail, Philip ramena une main bien moins nerveuse sur ses genoux.

-Je ne voyais que cette mèche, mes excuses.

Une explication comme une autre, pour ne pas avoir à trahir ce qu'il pensait réellement. Il s'enfonça d'avantage dans son siège avec un profond soupir. De base, il avait pensé refuser l'invitation à cette soirée.

-Pour être parfaitement honnête avec toi, si tu n'avais pas accepté de m'accompagner, je n'y serais pas allé. Pas à cause des personnes qui s'y trouvent, mais essentiellement parce que je n'arrive toujours pas à me faire à ce que ces soirées représentent : la fin de quelque chose de beau.

Un sentiment qu'il avait toujours éprouvé, tout au long de sa carrière. Il fuyait les soirées de clôture comme le diable, quand elles n'étaient pas passées en compagnie des troupes avec lesquelles il avait passé de si bons moments. Les investisseurs et autres grands pontes ne savaient pas ce que toutes les équipes avaient partagé, investi et vécu. Ils ne voyaient que les chiffres, pas toute l'humanité qui avait permis de leur apporter ces nombres par lesquels ils juraient. Stuart le savait, il l'avait déjà vu faire au cours de leurs propres années sur les planches. Un duo soudé qui ne l'était plus à chaque fois que venaient les soirées de bouclage de ce type là, où tous les endimanchés se félicitaient de tout l'argent qu'ils avaient fait. Oh il y était si Stuart avait besoin de lui. Mais la majeure partie du temps, il préférait rester avec celles et ceux qui avaient réellement fait tourner la machine.
C'était le cas pour cette soirée. Elle représentait peut-être une bonne alternative pour eux deux, elle était aussi une plaie à venir pour le critique. Et même s'il s'était convaincu que l'opportunité était très belle pour permettre à Stuart de briller, il était plus que prêt à passer toute la soirée en sa compagnie plutôt qu'en celle des autres. Être l'ombre du réalisateur, pour lui permettre de se mettre en avant. Un rôle qu'il avait décidé de prendre, malgré sa propension à apprécier d'être au centre de l'attention. Ce n'était pas sa soirée à lui, et ça ne l'avait jamais été.

-Certaines choses ne changent jamais.

Un haussement d'épaules, malgré l'éclat de malice au fond de ses yeux. Un rappel à ce qu'ils avaient connu tous les deux, qui ne dura pas plus de quelques secondes, mais qui était bien là. La voiture finit par ralentir en même temps que la conversation. Quand le chauffeur s'engagea en direction du Delacroix, Philip remarqua que du monde se trouvait encore devant les murs illustres du théâtre. Renfonça sa tête dans ses épaules en marmonnant.

-S'il y a des paparazzis, je leur fais personnellement manger leur appareil photo.

La soirée s'annonçait déjà suffisamment stressante comme ça, inutile d'en rajouter d'avantage. La voiture s'engagea dans une ruelle attenante, s'arrêta non loin de l'entrée des artistes. Une solution trouvée pour permettre aux soirées privées de l'être un peu plus, passant par les entrailles du vieux théâtre pour rejoindre les espaces de réceptions, bien plus reluisants. Et surtout, il n'y avait pas un chat. Jetant un bref coup d'oeil à Stuart, il leva une main dans sa direction alors que la voiture s'arrêtait enfin ; lui intima de ne pas bouger tout de suite de son siège. Sortit du véhicule et le contourna pour ouvrir lui-même la portière à son invité. La politesse passait avant le reste. Il lui tendit une main pour l'aider à descendre, glissa un mot au chauffeur pour le remercier de son travail. Et finit par se retourner dans la direction de Stuart, remettant la petite fleur correctement dans sa boutonnière.

-Nous pouvons encore faire demi-tour et aller prendre deux tickets pour le dernier blockbuster, si jamais. Ou je peux te faire faire le tour du Delacroix, à moins que tu ne le connaisses déjà ?

Non, il n'avait vraiment pas envie de prendre l'ascenseur et encore moins de rejoindre les investisseurs, dans la salle de réception à l'étage du théâtre. Le choix était d'une clarté limpide : il préférait rester en compagnie de son ancien ami, n'importe où, tant que ce n'était pas là-haut.




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see me on telly, see me on billboards and banners, see me white picket fences, now watch me build up my palace
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Stuart King
- the dindon of the farce -
Stuart King
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Re: antagonistic (stu)
Dim 29 Jan - 0:34

antagonistic
Il aurait aimé lui en dire plus de son expédition dans les bois. La trace suivie pour retrouver un visage en particulier, l'analyse scrupuleuse qu'il avait faite des feuillages d'un pan de forêt précis, de tout ce qu'il y avait repéré mais qui ne sortirait peut-être pas de ses carnets qu'il noircissait d'images en tout genre – pour l'inspiration, disait-il – étaient autant d'éléments qu'il aurait aimé partager. Mais la tension était à son comble dans l'habitacle, il sentait que son ancien ami avait beau être heureux de le voir, il n'était pas totalement le bienvenue pour autant. Il se forçait pour faire plaisir à Ari ? Ou alors, au contraire, essayait-il de ne pas trop prendre goût à leurs retrouvailles ? La réalisation, qu'importe la raison, lui avait coupé l'herbe sous le pied ; peut-être se livrerait-il davantage plus tard, avec de l'alcool dans le sang et la confirmation que son compagnon de soirée ne lui en voudrait pas de monopoliser la conversation d'une de ses aventures qui n'intéressaient souvent personne. Et ça lui manquait, pourtant, de lui raconter ce qu'il trouvait dans ses escapades solitaires. Il avait pris l'habitude, à l'époque, d'envoyer tant de photographies, de notes vocales, de précisions sur des éléments qu'il oublierait aussitôt le regard échappé, et il revenait toujours avec la même énergie, prêt à ensevelir Philip sous une tonne de commentaires qu'il n'avait pas demandés. Mais pas ce soir, pas alors qu'ils avaient tellement plus à se dire – de plus important, sûrement, que la beauté des feuilles vertes qu'il avait trouvées à l'entrée d'une prairie. Cela faisait partie des habitudes à renier, pour le moment, et il s'était félicité de le faire avant que son ami ne le fasse de lui-même. Il avait beau en être conscient, il s'en serait certainement vexé.

Mais il subsistait des habitudes qui ne pouvaient rester derrière eux. Stuart avait toujours été un grand romantique, du genre à agir avec ses amis comme il le ferait avec l'élu de son cœur. Entre tous, ils comptabilisaient un fleuriste entier par mois, et des petits gestes au quotidien que d'aucun ne penserait faire à un ami. Il ne pouvait venir sans une petite fleur, ou quelque chose à lui offrir qui ne soit pas trop significative. Il aurait certainement refusé quelque chose de trop coûteux, et les autres gestes ne pouvaient se faire qu'en de meilleurs termes. La fleur était la meilleure solution, et donnait raison à Stuart en rayonnant à la boutonnière de son interlocuteur. Elle était parfaitement à sa place, contrairement à lui. Il fut satisfait de comprendre qu'il appréciait son présent ; avait eu bien peur qu'il ne lui balance à la gueule, vu leurs dernières interactions. Il l'aurait compris, au final, s'il avait jugé son geste déplacé.
Changer de sujet était une parfaite solution pour ne pas les mettre tous les deux mal à l'aise. Mais il était également curieux de savoir en quoi la soirée était importante, s'il ne s'agissait que d'un rassemblement de personnalités guindées, ou quelque chose avec plus de sens. Il ne fut pas déçu par la réponse – intéressant. Il plissa les lèvres en hochant légèrement la tête, semblant comprendre où son ami avait voulu en venir en parlant de réseauter ; l'avait-il fait venir pour lui donner l'opportunité de se proposer pour le projet ? Si tel était le cas, c'était un pas en avant non négligeable. Et, aussi, la confirmation que Philip n'avait pas oublié ses goûts. « J'ai toujours adoré cette pièce. » Et quoi de moins surprenant venant d'un amoureux de l'amour que d'affectionner une œuvre pareille. Il croisa de nouveau ses mains sur ses cuisses, joignant ses pouces dans une posture d'attente, et reprit la parole en essayant d'oublier à quel point son compagnon était doué pour le rôle principal, à quel point travailler avec lui lui manquait. « Et tu campes le premier rôle pour ce projet ? Tu sais, j'étais à la première représentation et ... j'ai beaucoup aimé. » Je me suis vite éclipsé ensuite, je voulais pas te déranger. Il s'était installé dans le fond pour ne pas être vu, de peur de déstabiliser le comédien s'il venait à croiser son regard pendant un acte. Il avait certainement bien fait à juger par l'ambiance à couper au couteau qui régnait dans la voiture. Il allait d'ailleurs poursuivre ses compliments concernant sa performance quand une main s'invita dans son champ de vision ; pourfendit l'air pour agir de manière plus tendre dans ses cheveux.

Il ne commenta pas le geste, préférant se contenter de sourire – attendri, bien qu'il ne se sente pas légitime à l'être. Il resta silencieux en l'écoutant reprendre la parole sur quelque chose qu'il savait déjà. Il aimait toujours ce côté de l'artiste ; cet attachement qu'il avait aux autres, à ceux qui comptaient réellement. Il ne partageait pas ces festivités, et Stuart aimait l'accompagner dans ses contre soirées à l'époque. Il était rassuré de constater que cela n'avait pas changé ; Philip ne modifierait certainement jamais ces habitudes-là, et c'était tant mieux. Fidèle à lui-même.

Certaines choses ne changent jamais.

Leur relation avait changé, drastiquement, bien plus qu'il ne l'aurait imaginé en ayant cette idée brillantissime de prince charmant. La route touchant à sa fin, il rassembla son attention sur l'extérieur pour y découvrir une rangée de belles tenues devant le Delacroix. L'homme assis à côté de lui s'enfonça assez dans son siège pour s'y fusionner, entre deux marmonnements. Il sourit à son commentaire, évidemment qu'ils fuiraient les paparazzis s'ils venaient à les croiser. « Pourquoi ? Tu es bien plus photogénique que tu l'penses, tu sais. » Sourcils arqués, lui-même très fier de sa plaisanterie ; comme si le problème venait de là. Il tendit une main vers la portière afin de s'en extirper, mais s'arrêta en le voyant lever la sienne dans sa direction. Il plissa le front en restant immobile, et le regarda faire le tour de la voiture. La main dans la sienne pour quitter l'habitacle, il sortit à son tour et le remercia en passant ses deux mains sur sa veste pour en lisser les pans.
Il ne pouvait qu'admirer les nouvelles tentatives pour échapper à la soirée. Il était réellement prêt à tout pour s'y soustraire ; à se demander pourquoi il l'avait invité au final. Mais il avait raison dans le fond, ils n'étaient pas obligés de s'y présenter. Les propositions qu'il lui faisait étaient bien plus intéressantes que la perspective de passer la nuit dans une réception qui ne leur plaisait ni à l'un, ni à l'autre, mais pouvait-il être autre chose que la voix de la raison ? « T'es en train de te servir de moi pour te trouver une excuse pour faire demi-tour ; et ça marche. J'adorerais que tu me fasses visiter, et j'ai aussi peu envie que toi de passer la soirée avec ces gens-là. » Il s'humecta les lèvres en regardant autour d'eux ; personne ne les avait encore vus, ils pouvaient parfaitement entrer en douce et ne se présenter à aucun avant de prendre la tangente.

Il tira sur son col roulé, se sentant toujours aussi prisonnier du tissu ; l'impression finirait bien par le quitter, peut-être après un verre ou deux. Il risquait de le couper directement aux ciseaux en rentrant pour écourter sa peine, mais préférait subir pour le moment – Phil avait l'air d'apprécier le vêtement. Il sembla réfléchir un instant, puis fit quelques pas pour s'éloigner de la voiture, montrant qu'ils n'avaient pas à aller où que ce soit pour n'être que tous les deux ; ils trouveraient toujours une solution. « On peut toujours aller y faire un tour, faire des courbettes pendant que tu reçois les compliments. Prendre une bouteille de champagne au bar, quelque chose à grignoter ; et pour le reste, surprends-moi. » Il sourit en poursuivant sa route vers la porte, s'arrêta juste à côté en plongeant ses mains dans ses poches pour montrer qu'il attendait son verdict. Il avait toujours apprécié s'effacer de l'effervescence des réceptions, dans le temps, pour se retrouver en tête à tête. Il embarquait toujours une bouteille avec lui pour passer la soirée, et ne se préoccupait jamais de savoir s'il en avait le droit ou non. « Est-ce que le toit est accessible ? La vue doit y être magnifique. » Finalement, estimant avoir gagné des points avec sa proposition, il attrapa la poignée de la porte et l'actionna en se mettant contre pour la maintenir ouverte ; une main toujours dans la poche. Il lui faudrait peut-être plus que cela pour le décider, mais au final, ils n'étaient forcés de rien. « Si tu fais pas de bruit, on peut même attraper de quoi boire et manger sans se faire repérer, et grimper directement sur le toit. » Il plaça un index devant ses lèvres pour l'intimer au silence, ils devaient se faire petit pour que cela fonctionne ; à moins que Philip ne choisisse la première option. Mais il ne lui laissa pas le temps d'en décider, ils pourraient changer d'avis en cours de route. Stuart s'infiltra alors à l'intérieur d'un pas silencieux, visiblement très amusé par la situation ; il aimait cette option. Il rasa les murs en sortant de l'ascenseur pour ne pas être vu, et ne tourna la tête que pour s'assurer que son ami le suive toujours, comme s'il avait pu se volatiliser de l'ascenseur.

Il fut satisfait de voir que c'était le cas, il était toujours là, et se félicita de ne pas l'avoir perdu sur le chemin. Il commença à parler tout bas, toujours pas à découvert alors que les convives commençaient déjà à se rassembler ici et là. Il pointa un doigt sûr en direction du bar où se trouvait un serveur certainement embauché pour la soirée. « Il faudrait le distraire, pendant que l'autre se faufile pour prendre une bouteille. Tu peux aller le charmer ? T'es bien meilleur que moi pour ça, et je suis très furtif comme garçon. » Il leva les deux mains vers lui pour mimer des doigts de fée, tout sourire, amusé par ce genre de plan qui lui avait manqué. Il savait que Philip aimait lever les yeux au ciel dans ces moments-là, mais pas toujours. Il y avait une chance qu'il lui dise d'arrêter ses enfantillages et annule même la soirée ; mais il y avait aussi une chance pour qu'il le suive, et ils n'auraient qu'à monter jusqu'au toit avec leur butin, et terminer la soirée rien que tous les deux, en surplombant la beauté de la ville. Il espérait passer les heures à venir de cette manière, et si Philip décidait de l'arrêter dans son élan, il n'aurait qu'à se redresser et jouer le parfait cavalier. Il savait bien présenter, et se taire.



A LONG LONG TIME AGO
we passed upon the stair, we spoke of was and when although i wasn't there. he said i was his friend. which came as a surprise i spoke into his eyes. i thought you died alone.
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