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 no questions asked (rhett)

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Bobby Horton
- bouba, le petit ourson -
Bobby Horton
- bouba, le petit ourson -
damné(e) le : o06/02/2024
hurlements : o107
cartes : ofürelise ; uc
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no questions asked (rhett)
Sam 17 Fév - 14:31

no questions asked
Il manquait une perle. Il avait compté et recompté ces satanées billes colorées, d'abord dans sa camionnette, puis de retour au bureau. S'arrêtait toujours cruellement à vingt-trois sphères. Jamais les vingt-quatre qui étaient annoncées dans l'ordre de mission. Sinon pour la perle vagabonde, tous les autres objets qu'il devait ramener étaient bien en sa possession. De l'excellent travail comme toujours à une exception près. L'envie de demander confirmation au numéro anonyme qui l'avait missionné, histoire d'être bien sûr. La notion de vingt-quatre perles était, après tout, horriblement spécifique. Leur mystérieux instigateur pouvait s'être trompé, non ? Mais la politique de gestion de Sunshine Cleaning était très stricte, à ce propos.

No questions asked.

C'était ce qui leur garantissait une parfaite autonomie, à Wilma comme à lui. Une condition que la vieille avait farouchement exigée et que Bobby défendrait tout aussi farouchement. Sans cette condition, c'était la porte ouverte à n'importe quel type de caprice de la part des clients, mais aussi à n'importe quel type d'emmerdes. Ils n'avaient ni le temps, ni la patience et encore moins la réputation pour ce genre de choses. Mais c'était donnant-donnant. S'ils exigeaient une pareille confiance de leurs clients, il en était de même de l'autre côté de la barrière. Et si cette clause lui cassait furieusement les noix, en l'instant présent, Bobby prit sur lui et effaça la question qu'il avait écrite sur son téléphone sans même y penser. Le sang trop chaud dans ses veines, cette coulée de lave qui s'y déversait bien trop vite quand les événements n'abondaient pas dans son sens. Il renâcla, le Nettoyeur. Le délai de restitution des objets n'était pas pressé, leur client n'étant visiblement pas en ville pour les récupérer rapidement. Ils finiraient dans le box anonyme de Wilma, à Boston. A l'abri, là où personne ne pourrait les trouver, pas même les flics, comme tous les objets un peu sensibles. Les clients avaient un mois pour les réclamer, ce client là en avait demandé deux de plus.
Et les co-gérants de Sunshine Cleaning n'avaient pas posé plus de questions à ce sujet non plus.

Quand Wilma était arrivée au bureau qu'elle partageait avec Bobby, elle avait trouvé son co-gérant plongé dans la pénombre. Ruminant contre une perle dont elle n'avait aucune idée, contre l'univers tout entier et contre ce maudit connard avec son putain de nez en trompette qui l'avait empêché de finir son boulot jusqu'au bout. La première chose qu'elle avait faite avait été d'allumer la lumière. Bobby avait beau y voir dans la pénombre, ce n'était pas le cas pour elle. La deuxième chose qu'elle fit, ce fut d'appeler le cabinet de psychiatrie pour leur faire une offre qu'ils ne pouvaient pas refuser.

No questions asked. Après tout, la secrétaire s'en foutait un peu que Sunshine Cleaning et les Johnson se refourguent les contrats. Wilma avait tiré les bonnes ficelles, proposé un deal tout aussi juteux à la concurrence pour récupérer toutes ses heures dans le cabinet. L'argumentaire était rôdé, entre les Mancini éloignés. Les Johnson avaient même vite fait de confirmer qu'ils étaient la solution toute trouvée pour remplacer leurs services. Et Bobby de reprendre tout son matériel, équipement et créneau de 6 à 7 tous les deux jours, le tout dans un seul et unique but : retrouver cette maudite perle. Pour peu qu'elle existe vraiment.

No questions asked. Il y en avait eu quelques unes, quand sa carrure imposante s'était matérialisée à la place de Bettina Johnson. Sa précédente collègue était petite, fine, âgée. Indisposée. Une excuse toute trouvée pour justifier que l'opposé parfait de Johnson soit à présent en train de passer le plumeau sur les étagères, dans les différents bureaux du cabinet. Rares étaient les âmes présentes à ces horaires là, fort heureusement. Mais il avait une consigne, et il était obligé de la respecter : il ne pouvait pas aller dans les bureaux qui étaient verrouillés. On lui avait fourni des jeux de clés, oui. Il savait crocheter des serrures, oui. Mais les bureaux des différents psys étaient verrouillés avec des cartes spéciales, et il n'avait aucune référence de pass à copier de son côté. Problème : le seul endroit où aurait pu se trouver la perle que cherchait Bobby lui était dès lors inaccessible. La seule alternative, défoncer la porte d'un coup de pied bien placé, aurait été envisageable. Mais sa discrétion risquait d'en prendre un sacré coup.
Sans parler du fait qu'il y avait ce gars, qu'il avait croisé lors de la matinée fatidique. Bobby n'avait pas revu son charmant nez en pointe depuis ce moment là. Que savait-il, exactement ? Qu'avait-il vu, en étant arrivé aussi tôt ? Bobby n'avait pas eu la sensation qu'une autre âme qui vive ait été avec lui, dans les locaux, ce matin-là. Avait pris soin de n'allumer que les lumières les plus importantes, son unique œil fonctionnel n'ayant aucun mal à jauger le monde à travers les ombres, quand bien même elles régnaient en maîtresses. Le seul moment où il avait senti la présence de l'intrus, c'était quand le sac poubelle lui avait échappé des mains. Avec un peu de chances, l'homme n'avait donc aucune idée de ce qu'il s'était tramé dans ce cabinet de psychiatrie. Mais un doute subsistait. Et, tant que ce doute était permis, il y avait encore la possibilité de devoir faire taire ce témoin, quelle qu'en soit la manière.
Sauf que pour cela, il fallait qu'il soit sûr de ce que l'homme savait ou non. Et l'homme en question, il ne l'avait pas revu. Même lorsqu'il s'attardait un peu, mettant plus de temps que prévu pour ranger seaux, chiffons et serpillères. L'homme au nez en pointe n'arrivait jamais avec ses collègues lève-tôt.
Deux désagréments. Changement de stratégie. Bobby viendrait jouer du balai non pas le matin, avant le boulot, mais le soir, après ce dernier. Plus de chances de croiser des tardifs, d'avoir la main suffisamment leste pour leur subtiliser une des cartes qui serait son sésame vers le bureau où la perle était supposée être. Plus de chances, aussi, de croiser de nouveau le chemin de l'homme au charmant nez en pointe qui était à l'origine de tout ce merdier.

Ce changement d'horaires s'avéra être la solution à une partie de ses problèmes. Maintenant, il pouvait le croiser, son intrus. Un psy, Walters, de ce qu'il avait entendu. Qui travaillait tard le soir, qui avait toujours un sourire un peu de travers pour quiconque croisait sa route. Quelque chose dans ses gestes ou son attitude qui ne disait rien qui vaille à Bobby sans qu'il ne parvienne à mettre le doigt dessus. Enfin si, il mettait parfaitement le doigt dessus, le bûcheron : ces putains d'universitaires, avec leurs petits polos moulants et leurs chinos beige, ils se croyaient toujours supérieurs aux gars comme lui. Tout ça parce qu'ils avaient fait des études. Est-ce que c'était cette illusion de grandeur qui le poussait à observer l'agent technique, à chaque fois qu'il entrait dans la même pièce que lui ? Ou était-ce parce que, comme Bobby espérait que ce ne soit pas le cas, il avait vu quelque chose lors de cette fameuse matinée ? Dans le doute, no questions asked. Le regard baissé vers sa serpillère, il s'était contenté d'un grognement ou d'une réponse laconique à chaque question qu'aurait pu poser l'intrus.
Même les plus élémentaires. Jusqu'à ce que Bobby décide qu'il était temps de passer à la vitesse supérieure.

C'était soit dans le bureau dans lequel s'enfermait l'intrus, soit dans celui d'à côté que la perle se trouvait. D'avoir retracé machinalement les pas de la matinée fatidique, Horton était certain à 95% de ce qu'il avançait. Ses observations l'avaient poussé à la déduction que les fameux pass que possédaient tous les psys étaient plus ou moins connectés. La secrétaire à l'accueil pianotait quelques fois sur son ordinateur pour donner des accès par leur biais, mais le petit doigt de l'ancien pompier lui disait que cette étape ne serait probablement pas nécessaire. Sauf que dans ce monde de si, il avait besoin de certitude. Alors il en profita, un soir où l'homme au nez en pointe - Walters - était encore à son poste malgré que ses collègues soient déjà partis. Donna quelques coups rapides contre la porte et attendit sagement qu'on l'invite à venir, avant d'imposer sa large carrure par l'encadrement de la porte.

-J'ai un peu d'temps devant moi pendant que la kitchenette sèche, je passe un coup dans votre bureau ? ...

Un coup d'œil sombre, circulaire, aux lieux. L'air de jauger l'état général de propreté de la pièce, mais en réalité, c'était tout le reste qu'il assimilait. Les volumes, les distances, malgré que l'accident ait flingué en partie ce type de perception. La disposition des meubles, dans la pièce. Il en mettrait sa main à couper, c'était dans ce bureau précisément qu'il avait fait tomber son sac poubelle. La scène de crime, elle, était dans celui dans côté. Ca aussi, il en était certain. Une inspiration, la suite de sa phrase, émise dans un soupir bourru :

-A vue de nez, ça peut pas faire de mal.

Il n'attendit aucune autorisation ou interdiction, en pénétrant dans le saint des saints. Ses doigts se faufilèrent jusqu'à sa ceinture porte-outils dont il tira une chiffonnette en microfibre. Jouant de l'objet du bout des doigts, il approcha finalement de la première surface plane pour passer le chiffon dessus. En tira une marque substantielle de poussière, tout juste ce qu'il fallait pour attester de la nécessité de sa présence dans le coin. Il leva un regard interrogateur vers le maître des lieux. Brandit la preuve dans la direction de l'autre homme :

-Donnez-moi une demi-heure en tête à tête avec votre bureau et ça, y'en aura plus. Vous avez même pas besoin de rester, si vous avez d'autres trucs à faire.

Si l'autre homme émit des réserves, elles ne tombèrent pas dans l'oreille sélective de l'homme de peine. Repliant soigneusement son chiffon, il était déjà en train de commencer à dépoussiérer les surfaces qu'il avait à portée. Si Walters était aussi intelligent qu'il en avait l'air, il comprendrait rapidement que non seulement il n'arriverait pas à le faire partir, maintenant qu'il avait un pied dans son bureau, mais qu'en plus il n'avait aucun intérêt à rester sur place. Une partie de lui, pourtant, avait bien envie que l'autre homme reste avec lui. Il y avait des choses qu'il devait savoir. Quand bien même il préférait qu'aucune question ne soit posée.

-C'est toujours aussi calme par ici, le soir ? Y'avait déjà plus un chat quand je suis arrivé. A part vous. Vous êtes d'astreinte le soir si un de vos patients pète un plomb ?

L'habitude de poser des questions bien plus bêtes qu'il ne l'était réellement. Une méthode qu'il avait adoptée très jeune, quand il avait commencé à faire pousser du muscle pour étoffer un peu les presque deux mètres de hauteur que lui avait offerts Dame Nature. Aimait à faire croire qu'il n'était juste qu'un redneck, quand bien même les rouages étaient parfaitement huilés, dans sa caboche. A peu de choses près. Il déplia et replia soigneusement son chiffon, passa à un autre meuble, approchant sereinement du centre du bureau. La caresse de la microfibre contre le rebord du fauteuil de cuir lui arracha un frisson. Il avait effectué exactement le même geste, quelques minutes avant le merdier.

-On m'a jamais donné les accès pour nettoyer votre bureau, c'est vous qui vous en occupez d'habitude ?

Le ton de la conversation, plutôt que du reproche. Après tout, il fallait que l'autre parle, d'une manière ou d'une autre. Peut-être qu'attaquer sur ce terrain pourrait aider.


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Rhett Walters
- from chagrin to folie meurtrière -
Rhett Walters
- from chagrin to folie meurtrière -
damné(e) le : o26/11/2023
hurlements : o402
pronom(s) : oshe/her.
cartes : o(av/cs) fürelise (gif) overgrons (lyrics) brel.
bougies soufflées : o48
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-- no question asked ft. @bobby horton
    Il était incapable de se concentrer chez lui ; pas à cause du bruit, mais à cause du silence. Il lui était pesant, presque irrespirable, de passer la soirée entre les murs vides de la maison. L'absence de June se ressentait toujours, avait empêché le père de famille d'instaurer des traditions avec ses enfants, trop maladroit pour savoir comment aborder les jeunes. Il avait essayé, parfois, de proposer des repas à thème, de les attendre avec le nécessaire pour faire des tacos ou des pizzas – une stratégie prévue par June, lorsqu'ils planifiaient leur vie familiale. Son ex-femme rêvait d'une harmonie parfaite entre eux ; des repas en famille, des soirées au coin du feu. Elle n'était plus là, ses souhaits semblaient s'être enfuis avec elle. Même avec la meilleure volonté du monde, la maladresse de Rhett transparaissait dans ses relations avec les enfants. Il voyait le désintérêt dans le regard de sa fille, la fatigue dans celui de son fils. La solitude se faisait parfois ressentir, soulevant avec cruauté le manque de structure dans les habitudes du foyer. Malgré ces désagréments, il ne baissait jamais les bras, envoyant des messages à Sofia pour des broutilles sans importance, des blagues ridicules à Vince dans l'espoir de le faire sourire.

    Lorsqu'il était à son bureau, les choses étaient différentes. Il avait l'impression d'être à sa place, là où peu de personnes pouvaient venir le trouver et où, paradoxalement, il était le plus accessible. Le travail ne manquait pas, lui offrait une excuse toute faite pour s'éterniser ; une manière de prouver à ses enfants qu'il était quelqu'un, pas seulement un homme esseulé abandonné dans une maison vide. Il avait laissé un plat de lasagnes dans le four, ils n'auraient qu'à le faire chauffer pour le repas du soir. Lui ne mangerait qu'en sortant de son bureau, attraperait de quoi faire un sandwich et finirait par s'endormir devant la télévision. Pour l'heure, il était entièrement consacré à l'étude d'un dossier qu'il s'échinait à compléter. Le dernier patient à s'être installé sur son canapé avait nécessité une ordonnance ; une victoire pour celui qui se retrouvait souvent face à des visages récalcitrants. La séance s'était éternisée, mais il avait laissé faire. Le compte rendu était difficile à taper tant les notes éparses, de son carnet à spirales, étaient imprécises. Elles reflétaient la réalité, mais sans assez y apporter de sens. Il continuait de taper sur son clavier, à une lenteur relative qui aurait fait rire Sofia, elle qui aimait se moquer du rythme d'adaptation aux technologies de son père.

    Il tendit la main en entendant frapper à la porte, invitant l'intrus à entrer, dans l'espoir de trouver du thé dans la tasse abandonnée près de son écran. Les doigts contre le récipient, il ne regarda à l'intérieur qu'après s'être informé de l'identité de la personne venu troubler sa concentration. Il pencha la tête en avant pour regarder la personne par-dessus ses lunettes, l'air de demander ; c'est pour quoi ? Il releva ensuite la tête pour regarder autour de lui, n'avait pas l'impression que le bureau soit en désordre, du moins s'en accommodait largement. Il allait lui dire que ce n'était pas nécessaire, le remercier avant de le congédier, mais l'individu était déjà dans la pièce. « — J'ai du travail, mais je vous en prie, faites ce que vous avez à faire ; tant que vous savez travailler dans le silence. » Il fit un signe de la main en relâchant la tasse, désignant la pièce comme étant à sa disposition. Il n'avait aucune envie de se battre pour le faire partir et n'était pas contre un peu d'aide concernant le ménage. Il avait de plus en plus de mal à trouver le temps de le faire, avait demandé à Bettina de ne pas toucher à ses affaires mais avait ensuite regretté.
    Il se remit rapidement au travail, profitant que l'entretien avec son patient soit encore frais dans son esprit pour faire un rapport le plus détaillé et juste possible. L'air concentré sur son écran, il n'en surveillait pas moins l'autre homme du coin de l'œil. Il l'avait déjà croisé plusieurs fois, n'avait pas entendu le son de sa voix jusqu'à ce soir ; l'homme d'entretien bien trop occupé à ses affaires pour prendre le temps de le saluer. Rhett s'en était offusqué une fois ou deux, lui qui avait l'habitude de discuter quelques minutes avec Bettina lorsqu'il la croisait dans les couloirs, s'était retrouvé face à un mur avec ce nouvel arrivé. Il s'était étonné de sa carrure, de l'aura qu'il dégageait, de cet air qu'il prenait lorsqu'on s'adressait à lui. Il n'était en rien similaire à la vieille femme qui tenait son poste avant lui, Rhett avait du mal à faire la transition, il devait bien l'avouer.

    Lorsque l'autre homme reprit la parole, Rhett lâcha son clavier afin de reporter son attention vers lui ; du moins de faire semblant, cela faisait bien quelques secondes qu'il le regardait. Les yeux faisant mine de se perdre ici et là dans la pièce alors qu'ils ne faisaient qu'étudier le spécimen qui s'était invité dans son bureau. Rhett aurait menti en prétendant ne pas le trouver à son goût, ce n'était pas pour autant qu'il fût heureux de le savoir dans son espace personnel – son bureau était sa seconde maison, voire sa première. La remarque de l'homme fut accueillie par un mouvement sec de sa mâchoire, comme évaluant la portée des paroles qu'il pouvait offrir en retour. « — C'était calme, jusqu'à votre arrivée. Bettina était plus ... discrète, j'dois dire. » Peut-être qu'il n'avait tout simplement aucune raison de lui accorder son attention, parce qu'elle n'avait pas le physique de cet homme, ni cet air bourru qui l'intriguait. Il répondit ensuite à l'autre partie de sa question, celle concernant un patient susceptible d'avoir besoin de lui. Il ne prit pas la peine de le reprendre sur les termes qu'il employait, se contenta de remonter ses lunettes sur son nez en le regardant. « — Ce n'est pas nécessaire, mes patients peuvent me contacter à toute heure, du jour comme de la nuit, même quand je ne suis pas au bureau ; mais j'aime être ici le soir, ça m'évite d- bref, je pars parfois tard, c'est vrai. » Il attrapa sa tasse pour en boire les dernières gouttes de thé, reposa le récipient, déçu de voir qu'il n'en restait plus. Il resta à jouer avec la ficelle qui pendait du sachet, distrait et présent à la fois. « — Je suis un peu maniaque concernant mes affaires, je préfère m'en occuper moi-même, oui. » Concernant la propreté, il laissait parfois les équipes d'entretien s'en occuper, n'était pas du genre à perdre des heures à dépoussiérer le tapis ou passer l'aspirateur sous les meubles ; mais il rangeait lui-même.

    La conversation lui avait fait perdre le fil de ses pensées. Il enregistra son travail pour y revenir juste après et retira les lunettes de son nez. Il les posa sur le bureau, près de son clavier, et darda de nouveau son regard sur le nouvel agent d'entretien. Il avait également des questions à lui poser, de nombreuses curiosités qui lui étaient venu à l'esprit ; mais il ne comptait pas les poser si trivialement. Il prendrait son temps afin de ne pas le brusquer, d'être certain d'avoir des réponses. « — Madame Johnson va bien ? Elle n'avait jamais pris de congé jusque là. Votre présence est temporaire ? » Il attrapa un caramel dans une coupelle sur son bureau, celle dédiée aux patients durant les séances ; une manière de les amadouer, les mettre en confiance grâce à quelques sucreries. Il ne lâcha pas l'homme des yeux en mettant le caramel à la bouche, le bloquant entre sa joue et ses dents pour en apprécier le goût le plus longtemps possible. Il poussa doucement la coupelle dans sa direction pour l'inviter à en piocher un, et reprit d'une voix lointaine. « — Pourquoi avez-vous choisi le soir pour faire votre travail ? Il me semble que la plupart de vos collègues privilégient le matin pour cela. » Il arqua un sourcil en l'observant, ajoutant : « — Vous fuyez quelque chose ? » Il eut envie d'ajouter : vous aussi ?




est-ce d'avoir trop ri,
que leurs voix se lézardent
quand ils parlent d'hier ?
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Bobby Horton
- bouba, le petit ourson -
Bobby Horton
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no questions asked
La chiffonnette en main, il n'avait pas réellement attendu qu'on lui donne la permission pour se mettre au travail. Pas comme s'il en avait le temps, en vérité. Il n'y avait bien qu'une fois qu'il n'avait pas réussi à respecter totalement un délai, de toute sa carrière à Sunshine Cleaning. Les conséquences s'étiraient encore, balafre encore rougeâtre d'une dizaine de centimètres, au niveau de son abdomen. Bobby n'avait pas l'intention de répéter ce genre de mésaventure. Encore moins alors que, par un heureux concours de circonstances, il avait le temps. Celui d'anticiper les allées et venues des différents employés, dans ce maudit cabinet. Celui de s'en mettre quelques uns dans la poche, si c'était l'approche que nécessitait le job. Celui, surtout, de repérer où se situait cette maudite perle, pour peu qu'elle existât. Un doigt sur la détente, au cas où il faudrait se débarrasser de quelqu'un. Mais, tant que les minutes n'étaient pas encore trop précieuses, un doigt encore sur la sécurité en espérant que Wilma retrouve l'ordre de mission et la certitude qu'on parlait bien de vingt-quatre perles, et pas de vingt-trois.

Putain de bracelet à la con. Putain d'intrus à la con. Regard de givre, rivé sur les attitudes nonchalantes dudit intrus. Lunettes sur le nez, col de chemise qui dépassait de son petit pull en laine, une tasse d'un breuvage inconnu à la main, la paire qui, elle, tapait lentement à l'ordinateur. On ne pouvait pas lui donner d'âge, à Nez en Trompette, avec son regard vif et son air vaguement adolescent. Mais si Bobby pouvait se fier à tout ce qu'il avait sous les yeux jusqu'à présent, il miserait sur la quarantaine. La moitié haute, comme lui. Etudier les autres n'était pas son rayon, c'était plutôt celui de Wilma. Mais son instinct se trompait rarement, de ce côté là.
Quant à l'analyse psycho-bullshit de ce qu'il se passait dans la boîte crânienne des uns et des autres, c'était de toute évidence le taf de celui qui empêchait le nettoyeur de faire le sien.

De toute évidence, le sentiment était partagé. Les mains heureusement prises avec meuble et chiffonnette, Bobby ne releva tout de même pas moins toutes les petites attaques, subtiles mais bien concrètes, que lui lançait l'autre homme. L'insistance sur la discrétion de Bettina, celle sur son besoin que Bobby travaille dans le silence. A bien des égards, il l'aurait lui-même préféré plutôt que devoir faire la conversation. Ca le faisait déjà bien assez chier de se retrouver en présence de quelqu'un dans ce bureau, alors qu'il suffisait que le psy lui file ses clés une seule fois dans sa vie pour qu'ils n'aient plus jamais à se revoir. Et quand bien même il était agréable à l'oeil, les deux remarques, elles, n'étaient pas tombée dans l'oreille d'un sourd. Titillaient son système au point qu'une réflexion s'imposa rapidement, dans la tête dure. Est-ce qu'il ne pourrait pas en jouer, de l'inconfort évident que signifiait la présence du nettoyeur dans ce bureau ? Il y avait autant de pour que de contre, il allait devoir laisser l'idée mariner encore quelques minutes avant de voir ce qu'il allait en faire. Mais l'idée de tester d'autant plus la patience -et les résistance- de Monsieur le Psy était enchanteresse. Après tout, ils étaient deux, à ressentir cette intrusion comme un fardeau. Il y en avait juste un qui ne faisait pas passer ouvertement l'autre pour un nuisible.
Un soupir agacé, derrière ses mâchoires serrées. Tenter d'amorcer la conversation avait paru être une bonne idée sur le moment, avec les réflexions que lui servait l'autre homme, il n'en était plus aussi sur. Avait pourtant poursuivi dans l'optique de lui tirer un soupçon d'informations supplémentaires, feignant l'intérêt. Enfin, pas tout a fait. Il s'était toujours demandé comment ça fonctionnait, tout ça. Les sessions de psy, ce qu'il s'y disait, comment ça se passait. Est-ce que c'était comme dans les films, avec le fameux divan où on s'allongeait pour y verser toutes les larmes de son corps ? A en juger par le mobilier qu'il était en train d'épousseter, il n'en serait pas si certain. L'homme en face de lui était il alors de ces mecs qui étaient capables d'hypnotiser leurs pairs ? Et si oui, est-ce que c'était avec une espèce de machin brillant pendu au bout d'un fil ou est-ce qu'il se servait uniquement du son de sa voix ? A en juger cette dernière, il aurait potentiellement beaucoup de talent, tant elle était agréable a l'oreille. Tant de pensées a évaluer, peser et soupeser alors qu'il n'avait, finalement, qu'une très grossière idée de ce qu'il pouvait se passer dans ce bureau. Ne s'en préoccupait qu'à moitié, a vrai dire. Parce qu'il ne connaissait rien qui ne puisse être soigné avec une bonne bouteille de Bourbon, un cigare, et une bonne partie de jambes en l'air. La vieille école de la psy, comme ils se disaient avec Wilma.
Mais, au fond, il se demandait. Si les hommes, de tous temps, allaient parler de leurs bobos avec des inconnus et en sortaient métamorphosés... Est-ce qu'il ne pourrait réussir à convaincre Lloyd d'en faire de même ? Ou peut-être...
Peut être qu'il pourrait réussir à convaincre le brun en face de faire le déplacement jusqu'au camp, en forêt, pour aller voir son ami. Un rêve sans mesure, irréaliste, basé sur la simple envie. Il le secoua rapidement d'un mouvement brusque de la tête et se concentra de nouveau sur la voix profonde de l'autre homme. Dans l'état où se trouvait le Monsieur Loyal, il n'était pas certain que ce soit la bonne approche pour le sortir de l'état de choc dans lequel il se trouvait.

La voix profonde, agréable, de l'autre homme finit par retentir. Réponse à la question posée par le nettoyeur, nettoyeur qui en soupesa chaque mot. Evalua chacun des silences, plus habitué à y lire tous les messages que chacun ne souhaitaient avouer. Il y en avait, dans les hésitations du brun. Une interruption malheureuse, alors qu'il concédait qu'il évitait quelque chose. Bobby en aurait peut-être fait quelque chose, dans d'autres circonstances. Mais, en l'état, tout ce qu'il percevait était l'évidence même : il avait certes bien fait de changer ses horaires, l'autre gars allait être une vraie plaie à gérer. Parce qu'il allait devoir rester tard. Et parce qu'il n'était même pas sûr d'avoir la possibilité de rester tout court, à en juger par le fait que l'autre faisait lui-même ses petits rangements comme un grand.
Quel putain d'emmerdeur.

Il pouvait le sentir poindre contre sa tempe, l'agacement. Par petites pressions d'abord infimes, presque imperceptibles, les tapotements d'un coeur qui commençait à monter en pression. Puis venait le moment où le palpitant s'emballait et toute la machine était impossible à retenir. A force des années, de se connaître lui-même, le nettoyeur était devenu capable d'anticiper certaines de ces crises. Mais il se connaissait, à la longue. Si la difficulté que présentait le psy était trop forte, il n'hésiterait pas à prendre la solution la plus rapide et la plus radicale. Et Wilma pourrait gueuler autant qu'elle voudrait, le boulot serait fait.
A mesure que la conversation se poursuivait, la carrure imposante du Nettoyeur approchait du bureau. Main leste, souple, en passant la chiffonnette de microfibre sur les surfaces. Des gestes appris par coeur, répétés pendant des années, maîtrisés à la perfection. Du coin de l'oeil, il observa l'intrus ôter ses lunettes. Considéra les traits tirés, charmants mais visiblement épuisés. Une pensée mauvaise fila dans la tête dure. Lui arrivait-il de dormir dans son bureau ? Si oui, c'était cette possibilité de fouiller la pièce qui tombait, elle aussi, à l'eau. Il passa son chiffon plus nerveusement qu'auparavant, sur le fauteuil en face du bureau. Ne leva pas le nez vers son interlocuteur à la mention de Bettina Johnson, concentré sur son propre travail.

-Aucune idée. Indisposée, c'tout ce que je sais. Ca peut durer deux jours comme deux ans, ces histoires, surtout à son âge.

Un haussement d'épaules. Ce n'était ni son affaire, ni sa responsabilité. Pas un mensonge pour autant. Wilma avait joué des contacts et des coups de fil pour récupérer le contrat, Bobby, lui, devait fermer sa grande bouche pour permettre à leur excuse de tenir le choc. Par chance, la vieille et lui n'avaient pas fixé de durée à part entière. Et, par chance encore, Bettina Johnson était effectivement indisposée au moment du passage de flambeau. Tout le reste n'était que technicalité, pour le nettoyeur. Réponse dans sa barbe, mais il n'était pas payé pour être intelligible. Il poursuivit, le regard glacier toujours rivé sur ce qu'il faisait.

-J'suis là que pour exécuter c'que me donne ma co-patronne. C'est elle qui a vu ça avec votre secrétaire, mais j'peux demander, si c'est si important que ça pour vous.

Un service qu'il n'avait pas envie de fournir, qui ne faisait pas partie de ses prérogatives mais qui pouvait permettre d'apaiser toute forme de suspicion. Arrivé au niveau du bureau, il s'interrompit, son regard intercepta le mouvement de la coupelle à bonbons. Les yeux glaciers s'élevèrent en même temps que l'homme, face à son interlocuteur. Passèrent des bonbons au visage du psy, scrutèrent l'expression sur ce dernier. Intensément, peut-être trop. Droit devant le bureau, il le jaugea encore un instant, chiffonnette entre les doigts, avant de finir par rompre le contact visuel ; glissant le tissu sale dans une des poches de sa ceinture à outils. Il aurait pu en tirer un autre, aurait pu poursuivre son manège. Mais l'invitation était alléchante et, à en juger comment il gonflait la joue de son compatriote, le caramel était savoureux. Trève acceptée. Il attrapa un bonbon qu'il déballa posément avant de le glisser sur sa langue. Replongea un regard dur, fixe, dans les yeux du psy alors qu'il posait la question de trop. Le bonbon fila au creux de sa mâchoire et de sa joue.

-C'est comme ça que vous faites avec vos clients, boss ? Un bonbon, un tour dans leur cervelle ?

Pas d'animosité, pas d'agacement. Mais le regard de glace couvait déjà cette chaleur qui ne menaçait que d'enfler, quitte à lui faire bouillir le sang. Le bonbon claqua contre ses dents, alors qu'il poursuivit, s'appuyant des deux mains sur le rebord du bureau et se penchant en avant, une pointe d'ironie dans le grognement :

-Elle est très con ma raison, dans le fond : nettoyer des bureaux c'est plus simple tôt le matin, ou tard le soir, quand y'a plus personne. Il se trouve que le matin, j'fais déjà mes heures. Me restait plus que le soir pour venir m'occuper d'ici.

Un demi-mensonge, une fraction de vérité. Ce n'étaient pas exactement ses heures du matin qui étaient bouclées, c'était surtout qu'il lui était nécessaire de venir sur les heures du soir, pour être précisément dans ce bureau. Mais le psy n'avait pas besoin d'en savoir davantage, si ? Bobby ne relâcha pas son regard pour autant. Attendit une minute de plus, de trop, le bonbon dur râclant contre ses dents, passant d'une joue à l'autre. De si près, l'homme semblait à la fois plus jeune, mais aussi bien plus fatigué. Comme si un poids inconnu pesait sur ses épaules, le genre de poids qu'on ne portait qu'une fois les rideaux tirés et le calme revenu dans une pièce. Qu'une fois que la solitude était la seule autre personne dans un lieu. La voix moins dure, plus basse :

-C'est pas moi qui vous paie pour la séance ce soir, c'même plutôt l'inverse. Alors dans ce cas, c'est quoi que vous fuyez, vous ?

A vrai dire, il était curieux de le savoir. Pas seulement parce que le plus il obtenait d'informations sur les habitudes de l'autre homme, le plus il pouvait anticiper ce qu'il ferait. Mais aussi parce qu'il était curieux, maintenant qu'il le voyait de vraiment plus près. Les psys étaient réputés pour être les réceptacles de tous les maux du monde. Mais leurs secrets à eux, qui les gardait ? A quoi est-ce qu'ils ressemblaient ? Le bonbon claquant contre les dents du nettoyeur, ce dernier attendit la réponse.
Peut-être qu'un homme moins faux que celui qu'il avait vu jusqu'à présent pourrait aider Lloyd, en fin de compte. Ou peut-être que s'il s'avérait que c'était un con, il aurait moins de scrupules à lui régler son compte pour récupérer sa perle.



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Rhett Walters
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    Rhett avait des aptitudes pour converser avec ses semblables. Il savait parler, s'intéresser, creuser pour lire entre les lignes et finir par trouver un moyen de rendre l'autre malléable. Il ne le faisait pas dans un but précis, simplement pour user de son éloquence, continuer de se prouver qu'il méritait les sobriquets dont sa famille l'affublait. Parfois, il ne parvenait pas à ses fins, et quelque chose lui disait que l'homme en face de lui ne lui faciliterait pas la tâche. Il lui serait bien difficile de rentrer dans son esprit pour comprendre son fonctionnement, pour anticiper ses pensées et tenir une longueur d'avance. Les réponses qu'il lui offrait étaient trop vagues, avec trop peu de substance. Il aurait pu mettre ces esquives sur le compte de l'ennui, du peu de désir qu'il pouvait ressentir à échanger avec lui et le laisser tranquille ; mais il sentait que cette pseudo-fuite ne venait pas de là. Il devrait creuser pour en apprendre plus, comprendre également pourquoi l'individu lui parlait subitement après l'avoir ignoré jusqu'ici. C'est elle qui a vu ça avec votre secrétaire, mais j'peux demander, si c'est si important que ça pour vous. Il secoua la tête en levant la main pour montrer que ce n'était pas nécessaire. Il avait grande confiance en sa secrétaire, eux qui avaient toujours entretenu de très bonnes relations, se montrant plus familiers d'année en année. Sofia aimait le taquiner, la concernant, faisant des allusions sur la présence hypothétique de la demoiselle en question lorsqu'il rentrait plus tard que prévu. Si Victoria organisait quelque chose, comme le remplacement de Bettina, alors c'est qu'elle avait ses raisons.

    Il n'aimait pas le regard que portait l'homme sur lui ; c'était son travail d'analyser les autres, il n'aimait pas quand le monde lui rendait la pareille. Il se sentait scruté, comme s'il essayait de découvrir tous ses petits secrets en un simple regard. Rhett soutenait son regard, ne détournait les yeux que pour s'emparer d'un caramel pour bouger ses lunettes d'un air distrait. Il pourrait ainsi voir s'il disait la vérité, mais à quoi bon ? Il n'avait aucune raison de lui mentir, ils ne se connaissaient pas et l'autre homme n'était présent que pour faire le ménage dans son bureau. Rien de plus.

    C'est comme ça que vous faites avec vos clients, boss ? Un bonbon, un tour dans leur cervelle ?

    La surprise pouvait se lire sur son visage. Il arqua un sourcil, des questions plein l'esprit, mais la voix assoupie sous la stupéfaction. Incapable de prononcer un mot, il se contenta de l'écouter poursuivre sur sa lancée. D'un coup de langue, il fit passer le caramel d'une joue à l'autre en s'installant plus confortablement dans le fond de son fauteuil. C'est quoi que vous fuyez, vous ? Il eut soudainement la gorge sèche, n'eut qu'à maudire sa tasse d'être déjà vide. « — Vous voulez dire, à part votre compagnie ? » Il laissa un ricanement surgir du fond de sa gorge, un son guttural presque animal, avant de s'humecter les lèvres pour reprendre. « — Je ne fuis rien, je recherche seulement le calme ; j'en ai besoin après une journée de travail. » Il ne comptait pas lui parler de ses problèmes ; de la maison vide qu'il laissait derrière lui parce que ses enfants étaient souvent absents ; de sa femme – ex-femme – qu'il n'espérait plus voir revenir après tout ce temps. Il mentait, en plus de ne pas répondre réellement à la question. Il ne recherchait pas le calme, au contraire, il le fuyait. C'était à cause des murs froids et déserts de son domicile qu'il était forcé de rester au travail si tard. Il avait pensé à se réfugier dans un bar pour profiter de l'agitation, mais pensait que voir ce genre d'établissement comme un refuge, tous les soirs, était le meilleur moyen de se créer des addictions.

    Il avait déjà proposé à Victoria de faire des jeux de société dans son bureau, mais il ne pouvait pas la monopoliser alors que ses heures étaient terminées. Il aurait aimé l'emmener boire un verre, mais avait peur qu'elle ne le pense en train d'essayer de la draguer. Il la laissait alors partir, et marchait dans le cabinet en espérant croiser quelqu'un, tout en fuyant ses congénères. Il ressentait une dualité étrange, entre le besoin d'agitation et l'envie de ne parler à personne autour de lui. Toujours difficile pour lui d'être contenté dans ces conditions. Le caramel terminé, appréciant pourtant toujours le goût contre sa langue, il se leva de son fauteuil. « — Mes excuses pour mes propos, j'ai tendance à me braquer avec la fatigue. » Il fit une grimace, déçu d'avoir à présenter ses excuses aussi rapidement alors qu'ils ne s'étaient pas encore présentés, mais il aimait revenir sur ses erreurs. Il ne fuyait pas sa compagnie, seulement la conversation qui n'allait pas dans son sens ; mais il n'avait pas à s'adresser à lui sur ce ton pour autant. Il était celui qui avait posé la question le premier, ne pouvait en vouloir à l'autre homme de lui renvoyer la balle, même s'il n'y avait pas répondu non plus.

    La langue parcourant ses lèvres en attendant de trouver comment poursuivre, il contourna son bureau pour rejoindre le côté où l'autre homme se trouvait. Lorsqu'il se trouva près de l'homme d'entretien, il lui tendit la main en essayant de prendre un air plus avenant. Une épreuve bien difficile, le masque trop dur à porter quand il était fatigué ou frustré. La main tendue, il s'empressa donc de demander : « — Rhett Walters, comme vous le savez, vu que c'est marqué sur la porte ; mais j'imagine que je dois faire un pas vers vous si je veux apprendre votre nom en retour. » Il s'adossa à son bureau, posant ses fesses en continuant de parler, sans lui laisser la possibilité de répondre de suite. « — Et avec votre nom, vous pourrez peut-être me dire pourquoi vous m'avez ignoré jusqu'à présent ? J'ai plus entendu le son de votre voix en cinq minutes que depuis votre embauche. » Le psychiatre ne s'embarrassait jamais de ronds de jambe, c'était ce que lui reprochaient souvent ses enfants. Il n'avait pas peur de la réaction de ses interlocuteurs, se moquait bien de ce qu'ils pouvaient en penser. Le peu d'amis proches qu'il avait s'en accommodaient, ils n'en avaient pas le choix.




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que leurs voix se lézardent
quand ils parlent d'hier ?
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Bobby Horton
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Vous voulez dire, à part votre compagnie ? L'ombre d'un sourire passa, fugace, sur les traits de l'homme de ménage. Connard. Lui qui voulait un élément de réponse quant à la nature de l'autre homme, il l'avait obtenue. Pour autant, il ne lui en tint pas rigueur. Pas alors que l'éclat de rire, légèrement feule, du psychiatre indiquait qu'il s'agissait d'une réponse du tac au tac plutôt que d'une preuve profonde de respect. C'en était une. Dans d'autres circonstances il l'aurait même très mal prise. Mais c'était typiquement le genre de réflexions que Bobby aurait pu sortir dans de telles circonstances. Son genre de connard. Il ne le trouverait pas sympathique pour autant, s'en méfierait même certainement d'autant plus. Parce que Nez-en-Trompette était de ces connards qui ne savaient que trop comment s'immiscer dans la tête des autres. Et Bobby n'avait pas l'intention de le laisser faire, en ce qui concernait la sienne. Il n'avait qu'un seul job, en ce qui concernait le gars derrière son bureau. Evaluer la portée de ce qu'il savait. Récupérer la perle qu'il pensait avoir potentiellement perdue dans la pièce. Et se tirer de là sans la moindre forme de politesse. Il n'était pas payé pour faire copain-copain, et encore moins avec des cons. Ces gens-là n'étaient pas de son monde, il ne le savait que trop. Avec leurs beaux diplômes encadrés derrière leurs bureaux, avec leurs belles bagnoles parkées ostentatoirement à côté de la camionnette du nettoyeur. Nombreux étaient ceux qui étalaient leur éducation, leur beau verbage et leur suffisance sous le museau des gens comme lui. Ils regardaient de haut les petites mains, mais, l'instant où il fallait nettoyer une tâche sur leur belle moquette, ils étaient bien contents d'avoir des mecs comme lui pour récurer leur merdier.
Et la reconnaissance, la gratitude, ça passait à la trappe. Rien n'indiquait que Nez-en-Trompette soit différent. Encore moins alors qu'il portait physiquement toutes les caractéristiques de ceux qui agissaient de la sorte vis à vis des agents d'entretien. Agréable à l'oeil, agréable de ton. Une voix de velours qui s'articulait autour de mots parfaitement maîtrisés. Une attitude nonchalante qui cachait, généralement, la même haine de soi-même que le commun des mortels éprouvait. Bobby était là pour nettoyer la poussière dans son bureau, c'était un fait. Mais, d'expérience, il avait bien compris que les gens du genre de l'autre homme avaient tout intérêt à commencer d'abord par apprendre à balayer devant leur propre porte.

Je ne fuis rien, je recherche seulement le calme ; j'en ai besoin après une journée de travail. Fin de la conversation. L'homme de ménage haussa les épaules, plus pour dégager sa propre frustration que pour souligner le ton sec, cassant, de son interlocuteur. Cala le bonbon au caramel entre sa joue et sa mâchoire et, se redressant, s'empara d'un nouveau chiffon, propre, pour se remettre au boulot. Il n'était pas là pour jouer à la psychologie de comptoir, et si l'autre homme ne voulait pas parler, ça l'arrangeait aussi. Il n'avait pas besoin qu'ils fassent la conversation pour ce que lui voulait. Un dernier coup d'oeil à Nez-en-Trompette, et il baissa ses yeux sur le bureau. Commença à épousseter méthodiquement la surface, prenant un soin tout particulier à éviter tous les objets qui s'y trouvaient. En prit une note mentale. Leur position, leur nature. Cette photographie de Nez-en-Trompette -Rhett Walters, si sa mémoire était bonne- avec deux gosses qui lui ressemblaient beaucoup. Le plus jeune avait sensiblement l'âge de Marmotte, nota-t-il. Pas que ça intéresse qui que ce soit, encore moins lui-même, mais cela pouvait être un début d'élément de réponse quant au pourquoi il traînait aussi tard. Les ados, c'était pète burnes, quand ça s'y mettait. Et Bobby savait d'expérience que ceux qui prétendaient le plus fort n'avoir aucun problème fuyaient tous la même chose, dans le fond. La vie privée. La famille. Il n'en avait pas, il ne pouvait pas prétendre connaître ça. Lui, c'était sa solitude qu'il fuyait. Mais ça, le monde entier, lui en particulier, s'en foutait.

Il retira son chiffon en microfibre de la surface époussetée, se redressa pour le plier méthodiquement, à proximité du bureau. Aurait bifurqué vers les meubles qui se tenaient derrière Walters si ce dernier n'avait pas repris la parole. Il haussa un sourcil, surpris de le voir se lever ; d'autant plus surpris par les paroles qui accompagnèrent le geste. Bobby aurait pu le rassurer, lui dire que ça arrivait, qu'on avait tous nos jours avec et nos jours sans. Mais ce n'était pas vraiment le type du personnage, et encore moins alors que l'autre homme s'était vraiment comporté comme un con avec lui, quelques minutes avant. Froncement de sourcils. Un regard torve en guise de réponse, il fit claquer la chiffonnette dans l'air avant de la replier d'une main experte. Une manière comme une autre d'évacuer l'agacement. Dans l'intérêt de ses recherches, il valait mieux faire preuve de diplomatie. Un grognement, entre ses mâchoires serrées :

-Pas grave, j'ai l'habitude.

Des cons. De leurs propos. De voir rouge. Mais Walters semblait ne pas vouloir s'arrêter qu'à des excuses. Entra dans son espace personnel et s'installa posément sur le bureau, offrant une trêve autant physique que verbale. Les yeux glaciers s'abaissèrent sur la main tendue, la considérèrent un temps. C'était rare, ce genre de revirement. Les vaines excuses arrivaient quelques fois, souvent suivies de vacheries. Mais peut-être que le con ne l'était pas autant qu'il l'avait montré avant. Ou peut-être qu'il était, effectivement, le type de cons que Bobby appréciait. Sa manière de s'immiscer sous sa peau lui déplaisait tant elle était évidente, mais au moins, elle avait le mérite d'exister. Dans tous les cas, il pourrait vivre avec ça.
Le psychiatre, lui, n'en avait visiblement pas fini, malgré que Bobby lui serre la main comme il le faisait à chaque fois ; d'une pression bourrue, légèrement trop forte de ses doigts calleux. Il arqua un sourcil à l'allusion. Se serait présenté si l'accusation n'avait pas arrondi la voix de velours du psychiatre.

-Les oreilles ça se lave, vous savez, boss ? Y'a pas eu une fois où je vous ai pas rendu votre bonjour.

Et c'était la vérité. Certes, il ne faisait aucun effort d'énonciation, encore moins d'articulation. Certes, c'était du bout des lèvres, ça se noyait généralement dans sa barbe. Mais sa mère n'avait pas élevé un malpoli et l'ancien pompier avait une entreprise à faire tourner. Wilma l'avait suffisamment fait chier pour que la politesse soit l'une de ces choses qu'on ne pourrait jamais leur reprocher. Les doigts de Walters étaient chauds, doux dans sa main. Bien plus lisses que les siens le seraient jamais. Il les pressa une nouvelle fois, dans le doute où le message ne serait pas assez clair.

-Horton. Bobby. Enchanté. D'habitude, les clients se foutent un peu de comment je m'appelle, voire de me dire bonjour, tant que le taf est fait.

Un éclat sardonique dans le regard glacier, qu'il coula dans les prunelles marrons de Nez-en-Trompette. Walters avait prouvé en quelques mots ce qu'il venait précisément de dire. Ce n'était pas contre lui, c'était une conclusion qu'il avait fini par faire au cours de ses années d'expérience. Il abandonna la main de Walters mais ne se défila pas pour autant. Pas cette fois. Campé confortablement devant l'autre homme, comme s'il était tout aussi légitime à se trouver dans ce bureau que son propriétaire.

-En quoi ce serait différent avec vous, boss ?

Ni un reproche, ni une attaque. Juste une question, à laquelle Walters n'avait même pas besoin de répondre. Après tout, ce n'était pas lui qui avait missionné Sunshine Cleaning. Au contraire, c'était Wilma qui s'était arrangée avec la secrétaire pour faire passer la pilule. Walters n'avait aucune part dans cette équation, à part qu'il l'empêchait d'atteindre son but. Mais, étrangement, l'attitude changeante de l'autre homme avait titillé la curiosité, au delà de l'agacement qu'il avait pu ressentir quelques minutes auparavant. C'était rare, les gens qui se préoccupaient des agents d'entretien. C'était d'autant plus rare, ceux qui étaient capables de reconnaître leurs erreurs ouvertement.

-Quant à ce que je fuis, j'en sais rien. Je sais ce que je cherche, en faisant ce taf. Une utilité. Mais pour ce qui est des horaires j'y peux pas vraiment grand chose, c'est comme ça que sont faits les contrats.

Un haussement d'épaules. Il lui semblait avoir déjà répondu à la question, mais, vu l'attitude de l'autre homme, il avait eu l'impression de devoir se justifier un peu plus. N'en donnerait pas plus, il n'était pas là pour que l'autre homme lui creuse l'intérieur de la cervelle. Coula tout de même un regard vers la photo, la pointa de l'index, comme pour encourager l'autre homme à se décoincer à son tour :

-Sont beaux, vos gamins. J'ai une nièce qui a à peu près leur âge. C'est pas évident, les ados.

Ce disant, il avait repris ses activités. Contourné le bureau à son tour pour passer son chiffon sur les rebords du fauteuil désormais libre, encore un peu tiède de la présence pas si lointaine de son propriétaire. Dans le dos de Walters, il lui laissait la possibilité de prendre ou non cette perche au vol. Dans tous les cas, il ne s'en offusquerait pas. Du moment que ça lui permettait de rester dans le bureau.


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Rhett Walters
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    Pas grave, j'ai l'habitude. Rhett n'avait pu s'empêcher de froncer les sourcils en l'entendant prononcer ces quelques mots. Selon lui, ce n'était pas une raison pour accepter d'être injustement attaqué. Il avait beau ne pas toujours être un exemple, le psychiatre savait reconnaître ses erreurs et s'en excuser ; tous ceux qui avaient injustement fait du mal à l'homme d'entretien devraient en faire de même. Il préféra ne pas répondre, sachant que l'autre homme ne lui avait rien demandé ; il n'était jamais contre l'idée de se mêler des affaires des autres, mais souhaitait apprendre à le connaître avant de se montrer désobligeant. Le moment où il deviendrait intrusif finirait par arriver, autant ne pas le brusquer dès leur première rencontre. Ils n'avaient pas débuté du bon pied, il ne fallait pas en ajouter. Lui avait rempli sa part en présentant ses excuses, avait fait un pas vers lui et c'était à son vis-à-vis de décider ce qu'il en ferait – une guerre ou une trêve.
    Les présentations faites, ils n'auraient qu'à reprendre en meilleurs termes pour s'éviter un futur où ils seraient incapables de se croiser sans user de joutes verbales. Ils n'étaient pas obligés de s'entendre, mais pouvaient rester cordiaux du moment qu'ils apprenaient à s'apprivoiser, ou à tout simplement accepter d'ignorer la présence de l'autre, simplement la tolérer. Rhett aimait passer du temps à converser avec Bettina, n'hésitait jamais à lui poser des questions sur sa famille, sa santé, toutes ces petites choses qu'elle pouvait avoir envie de partager. « — Mh, j'en demande sûrement trop, vous avez raison. Bettina était tellement loquace, je crois que je n'étais pas préparé à un tel contraste, voilà tout. » Il ne bougea pas en sentant la main adverse s'attarder dans la sienne, se contenta d'apprécier la chaleur de la paume contre la sienne.

    En quoi ce serait différent avec vous, boss ?

    Il n'avait pas nécessairement de réponse à lui donner. Il n'avait pas la prétention d'être différent d'un autre ; se qualifiait seulement comme un professionnel faisant son possible pour aider les esprits en détresse. Ce n'était pas lui qui était différent en se souciant des autres, mais bien ceux qui ne le faisaient pas qui devaient revoir leur façon d'agir. Mais il ne pouvait pas répondre une chose pareille sans passer pour un homme barbant. Il croisa alors ses doigts les uns aux autres, les deux bras le long de son corps pour ne pas se laisser gesticuler comme il le faisait trop souvent lorsqu'il parlait. Un regard de côté pour le regarder droit dans les yeux et il reprit la parole : « — Je ne suis peut-être pas un client comme les autres. » La phrase terminée, il ne put s'empêcher d'afficher un grand sourire, se moquant de sa propre formulation en mettant une main sur son front pour montrer son exaspération. « — Wow, ça sonnait bien mieux dans ma tête. » Il se mit à rire en secouant la tête, comme si ce n'était pas lui qui venait de dire cette phrase ridicule, digne d'un film, mais qu'il riait d'un gamin.
    Il s'ordonna de réfléchir la prochaine fois avant de parler, garda le silence alors que Bobby prenait la parole à son tour pour lui parler de lui. Rhett avait lui-même demandé à ce qu'ils partagent, comme ils avient pu le faire jusqu'ici avec sa prédécesseure et, pourtant, il ne l'écoutait pas. Il le regardait, le visage ayant retrouvé son sérieux, mais son esprit n'était pas entre eux. Ce n'était pas qu'il se moquait de ce que l'agent d'entretien pouvait lui dire, mais il n'avait pas embarqué dans le wagon à temps. Lorsqu'il ne prenait pas le train en route, il lui était toujours difficile de reprendre le fil, toujours plus simple d'attendre que la personne termine de parler et hocher la tête pour faire semblant d'avoir écouté. Il hocha la tête, l'air le plus crédible possible, espérant qu'aucune de ses paroles ne se soit terminé par une question. Il faisait toujours un effort lors des séances, mais débranchait son attention une fois la journée terminée.

    Le silence s'était installé entre eux, mais il n'avait rien de gênant ; du moins, pas au regard de Rhett qui se contentait d'éternellement regarder l'autre homme travailler. Il essayait de ne pas le détailler pour ne pas le mettre mal à l'aise, regardait alors autour de lui de manière aléatoire comme si ça pouvait donner un air naturel. Il se moquait de ce que Bobby pouvait penser de lui, mais ne voulait pas qu'il se sente mal pour autant, pour cela il fallait bien présenter. Il se désolidarisa du bureau pour le contourner en entendant une nouvelle remarque lui être adressée. « — C'est un euphémisme. Impossible de vivre avec, mais impossible de vivre sans. » Il regarda le cadre sur son bureau, un sourire lointain aux lèvres en pensant à ses deux enfants. Ils pouvaient parfois se montrer terribles, mais quels adolescents ne l'étaient pas ? Le plus important était qu'ils soient là dans les moments qui comptaient le plus, et les deux enfants avaient été d'une grande aide après le départ de June. Leur père en avait eu besoin, et ils avaient été présents pour l'aider à se relever. « — Mais merci, ils ressemblent à leur mère. » C'était toujours ce qu'il répondait lorsqu'on complimentait l'apparence de ses enfants. Ce n'était pas qu'il ne se trouvait pas beau, seulement qu'il avait toujours trouvé son ex-femme magnifique.

    Comme revenant sur la terre ferme, il tourna la tête vers son compagnon du soir pour voir où il en était. Lui-même n'avait pas terminé son travail, le dossier du patient toujours sur le bureau mais sa page sur l'écran que peu complétée. Discuter avec Bobby l'avait déconnecté de ce qu'il était en train de faire et il n'était pas certain de pouvoir se remettre au travail pour l'instant, du moins, sûrement pas avant quelques heures. L'autre homme partirait une fois son travail fait, le laissant seul, encore. Il avait prétendu rechercher le calme en venant ici le soir, mais ça n'avait pas été la vérité. Il exprima alors une moue dubitative en attrapant ses clés. « — Vous avez faim ? » Il jeta son trousseau en l'air avant de le rattraper à plusieurs reprises en attendant une réponse. Il reprit la parole avant de lui laisser le temps de se satisfaire une réponse pour ajouter. « — J'ai faim, j'vous invite ? Nous pourrions prendre à emporter mais je peux parfois être salissant, et si je mets des miettes ou fais des tâches ici j'ai peur qu'une personne ne le prenne mal. » Et il attendait une réponse,  comme si sa question n'était pas étrange. Comme s'il était normal d'inviter à manger un homme qu'on venait juste de rencontrer, qui travaillait pour nous et n'avait sûrement qu'une envie : rentrer chez lui. « — Je suis pas certain d'avoir droit de vous faire faire des heures supp' mais au besoin vous pourrez prétendre que je vous ai kidnappé et forcé à m'accompagner. Je fais du sport depuis peu, c'est pas comme si je pouvais pas vous soulever facilement. » Il garda son trousseau de clés dans sa main et haussa ensuite les épaules. « — Sauf si quelqu'un vous attend chez vous, peut-être que vous êtes marié. » L'intrusivité débutait.




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Bobby Horton
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Je ne suis peut-être pas un client comme les autres. A cette mention seule, Bobby pouvait confirmer que oui. Parce qu'ils étaient rares, ceux qui prenaient le temps de taper la discute avec le mec planqué derrière sa serpillère. Parce qu'ils étaient d'autant plus rares, les mecs de son genre, avec sa stature, avec son éducation, à en faire autant. Rares aussi, ceux qui cumulaient tous ces qualificatifs et qui pouvaient prétendre à celui d'agréable à l'oeil. En général, c'étaient ceux qui étaient beaux et le savaient qui avaient tendance à être de la pire engeance. Bobby n'en dit rien, n'en pensait pas moins. Reçut le rire gêné de l'autre homme comme la confirmation que la réflexion n'était pas réfléchie, ne retint pas l'ombre d'un sourire au creux de sa barbe. Un connard, certes. Mais pas aussi méchant que la première impression avait pu laisser croire. Il ne s'en méfierait pas moins, après tout, il n'était pas son intérêt de s'attacher à qui que ce soit. Encore moins dans son actuel corps de métier. Mais il y avait quelque chose qui se dégageait du psychiatre. Quelque chose de spontané, bien planqué derrière l'apparence si lisse et mesurée qu'on attendait des représentants de sa profession. Et Bobby, c'était précisément le genre de connards avec lesquels il s'entendait le mieux. Ceux qui sortaient des sentiers battus, qui n'avaient que faire des codes.
Et il était là, le problème. Si l'autre tentait de l'amadouer, le nettoyeur voyait bien qu'il faisait tout pour y arriver. Quelques minutes de conversation avaient suffi à le lui rendre sympathique. Comme s'il n'avait eu aucun effort à fournir pour arriver à ce type de fins. Comme si c'était précisément le genre de choses que l'on pouvait attendre de gens de son engeance, ces professionnels de la psyché humaine qui étaient capables de s'immiscer sous la peau des autres comme qui rigole. Wilma avait enfoncé bon nombre de conseils dans sa tête dure, mais un en particulier résonnait d'autant plus fort qu'il sentait que l'autre homme lui devenait sympathique. Méfie-toi des faux amis. Ils n'auront aucun problème à te foutre en l'air. Des conseils auxquels il s'était accroché, sachant pertinemment que sa nature le poussait quelques fois à la naïveté. Le trop bon, trop con, lui avait joué trop de tours avant qu'il n'arrive à Exeter. Une faiblesse que Wilma avait rapidement repérée, qui ne pourrait qu'être source d'emmerdes dans leur corps de métier. Bobby le savait bien, que c'était la vieille italienne qui avait raison. Que c'était avant tout pour le protéger, lui, plutôt que du reste du monde. Elle était peut-être irascible, elle avait bon fond. Et, comme lui, elle savait parfaitement que la naïveté et l'amour pour son prochain pouvaient être la pire des failles dans lequel la noirceur de l'Humanité pourrait s'engouffrer.

Alors il l'écouta, encore. Petite voix de la raison chevrotante au creux de son oreille, malgré que son unique œil, lui, se pose sur le sourire un peu de travers de Nez en Trompette. Malgré qu'il lui signale que ce qu'il voyait n'avait rien de menaçant, au contraire. Mais de ça aussi il devait se méfier. Il était un client. Pire, il était un obstacle. Ils pourraient échanger toutes les banalités du monde, les bribes d'information que lui donnerait Bobby ne devaient pas permettre au spécialiste de la psyché humaine d'entrer dans sa caboche. C'était bien trop risqué. Pour autant, il avait lâché une bribe de réponse. A moitié, pas suffisante. Et le regard qu'il avait vu, sur le visage agréable du psy, n'était pas celui de quelqu'un qui engrangeait la réponse. L'écoutait il ? Ou confirmait il finalement le préjugé qui s'était formé dans la tête de pioche, depuis des années, comme quoi les psys n'étaient bons qu'à dessiner pendant une heure sur leur joli petit calepin sans se soucier de ce qu'on leur racontait. Un élément de réponse au creux des pensées, et il s'était remis au travail. Si c'était effectivement le cas, ça lui serait utile. Et Nez en Trompette, tout aussi intrusif qu'il pourrait tenter de l'être, se ferait servir des banalités et des mensonges jusqu'à ce que le nettoyeur prenne la clé des champs. Une perspective qui lui convenait, même si cela impliquait de ne plus revoir cette étincelle dans ses jolis yeux marrons.

Un silence étrangement confortable s'installa entre les deux hommes. De retour à son travail, Bobby avait lancé une perche pour voir si Walters la prendrait. Les ados. Marmotte approchait à grands pas de cette période de la vie tant redoutée par les parents. Avait des échos que les relations n'étaient pas toujours au beau fixe, par sa sœur. Vivian avait beau être solide, elle s'était prouvée plus qu'insistante pour que la gamine vienne passer un peu plus de temps chez son oncle, dans les bois. Pour la sortir un peu de son téléphone, supposément. Mais ça, il ne le confierait pas au psy. Non seulement ce n'était pas prévu, ce n'était pas non plus le but de la perche. Celui du nettoyeur était de savoir s'il avait des obligations, le besoin de rentrer prochainement pour le laisser seul dans les locaux. Une manière de savoir quand il serait enfin seul pour farfouiller à sa guise. D'ordinaire, les parents adoraient tartailler pendant des heures sur leur progéniture. La réponse qu'il obtint toutefois fut étrangement distante. Can't live with them, can't live without them. Il se tourna spontanément, s'arrachant à son nettoyage pour étudier les traits de l'homme derrière lui. Un coup d'oeil qu'il ne sembla pas voir, absorbé qu'il était dans la contemplation de la photo posée sur le bureau. Une tendresse abstraite, fatiguée au coin de l'oeil. Ce mot euphémisme qui tomba entre eux comme une évidence, et Bobby qui ne pouvait qu'approuver, au fond. Comprenait à cela que l'homme avait beau les aimer, lui aussi fuyait quelque chose. Quelle que soit la raison, ce n'était pas son problème dans le fond. Et pourtant.
Pourtant il entendait encore la voix de Wilma. Conscience posée sur son épaule, Jiminy devenu une vieille italienne revêche. Ne t'en soucie pas, ce n'est pas ton problème. Alors il l'écouta, parce qu'au fond, n'avait-elle pas raison ? Il n'était pas là pour rester. Il était là pour bosser, et les meubles n'allaient pas s'épousseter tous seuls. Un grognement approbateur s'échappa, de son côté de la pièce. Seule marque de compréhension qu'il concèderait. Son unique oeil, lui, continuait de scanner les lieux à la recherche de cette maudite perle, plutôt que l'homme à côté de lui pour repérer ses insécurités.

Techniquement, il aurait dû avoir fini depuis longtemps. Rien ne l'obligeait à prendre son temps comme il le faisait, à être aussi minutieux dans ses mouvements. Mais il n'y avait que comme cela qu'il pourrait gagner du temps. A mesure qu'il évaluait les meubles, leur disposition dans la pièce, le nettoyeur était certain que c'était bel et bien dans ce bureau qu'il avait fait tomber la perle qui lui manquait. Mais passer chaque recoin de la pièce à la microfibre ne suffirait certainement pas à la trouver. Il se tourna enfin, prêt à jeter le sujet qui faisait généralement fuir tout le monde : est-ce qu'il pourrait passer l'aspirateur. La seule chose qu'il n'avait pas encore inspectée était le sol. Et il n'avait rien trouvé de mieux pour faire débarrasser le plancher à tous les intrus que les décibels salvateurs d'un aspirateur bien trop bruyant.
Nez en Trompette, pourtant, le prit de cours. La bouche de Bobby, ourlée sur l'allusion à l'engin du chaos, se referma. Est-ce qu'il avait faim ? La question était saugrenue, n'avait encore jamais été posée par le moindre client. Il avait fini, techniquement. Sentait la torsion de son propre estomac affamé depuis une bonne heure. Son oeil se focalisa sur le mouvement scintillant d'un objet qui volait, à proximité. Un trousseau de clés. Si je mets des miettes ou fais des tâches ici j'ai peur qu'une personne ne le prenne mal. A vrai dire, ça faisait déjà chier Bobby que l'homme se soit assis sur le bureau qu'il venait tout juste de nettoyer. La légère pique, sardonique, lui hérissa le poil. Mais il prit le parti de ne pas la relever.

-C'est un euphémisme.

Mot pour mot ce que Rhett avait répondu. Ni un oui, ni un non, mais la confirmation qu'il n'avait pas l'intention de repasser après l'autre homme s'il mangeait effectivement comme un porc. Techniquement, son travail était supposé être terminé. Il s'était tout du moins acquitté des tâches pour lesquelles il s'était engagé, en pénétrant dans le Saint des saints. Il prit un moment pour considérer la proposition. Moment que son loquace compagnon combla aussitôt de paroles qui le poussèrent à arquer un sourcil. Le soulever, vraiment ?

-Ca, j'veux bien vous voir essayer.

Visage impassible, regard glacier planté dans prunelles marrons. Impossible de savoir si c'était de l'humour ou un réel défi. Un sérieux parfaitement maîtrisé, dont ceux qui le connaissaient pourraient dire qu'il s'agissait plus d'une blague que d'autre chose. Mais il savait parfaitement que l'autre homme n'était pas à ce degré de compréhension de ses expressions faciales. Soutint son regard une seconde de plus, avant de faire claquer son chiffon dans l'air. Le rangea posément dans l'une des poches de sa ceinture à outils, avant de croiser les bras devant sa poitrine. La perspective que l'autre homme prenne tout cela comme une invitation était amusante, au fond. Avec ses petits bras, il n'était pas certain qu'il réussisse à soulever la moitié des meubles dans son propre bureau, alors le nettoyeur lui-même ? Pour autant, il n'en lâcha rien. Jaugea le jeu de clés que manipulait l'autre homme, passa une langue sur ses lèvres. La question qui suivit, profondément intrusive, le dérangea.

-J'ai la dalle, et j'ai terminé, faut juste que je range mon matos. C'est vous qui payez.

Non, il n'avait aucune intention de répondre à la dernière question. Trop personnelle, trop intrusive. Bettina Johnson pouvait être aussi loquace que Walters l'aurait voulu, Bobby n'était pas cette personne. Et les questions qui tapaient un peu trop près du coeur n'étaient pas les bienvenues. Celles qui touchaient à l'estomac, en revanche. Levant le nez vers le bureau, son regard cyclope se posa sur les dossiers encore ouverts devant le Nez-en-Trompette.

-Vous voulez pas finir avant ? Quitte à partir, autant rentrer direct après avoir graillé, non ?

Une question qui n'avait pas seulement pour but de savoir si l'homme reviendrait à son bureau, après le passage bouffe. Après tout, Walters avait l'air fatigué, et il était déjà tard. N'avait-il pas envie de rentrer après une dure journée pour retrouver ses gamins ? Ou est-ce que c'était ça, ce qu'il fuyait ? Comment est-ce que les psys appelaient ça, déjà ? Le transfert. Bobby poursuivit, comme pour laisser une porte ouverte à l'autre homme. Au fond, il n'était pas supposé se préoccuper de son bien être. Mais ça l'emmerdait un peu de le laisser revenir dans ce bureau jusqu'à une heure tardive de la nuit, alors qu'il avait déjà l'air sur les rotules. Parce qu'entre le temps de sa première question et celui de ses paroles suivantes, il s'était déjà plié à l'idée qu'il ne reviendrait pas lui-même dans les locaux afin de chercher sa perle. Elle attendrait bien le lendemain.

-M'faut bien dix, quinze minutes pour ranger mon matos dans la camionnette, si vous voulez mettre toutes vos affaires en ordre, boss. Après c'est foutu. J'vous attends en bas pour le kidnapping. On déconne pas avec la bouffe.

Un regard entendu, en direction de l'autre homme. Il décroisa les bras et se mit en marche vers la sortie du bureau. Le dépassant, sa main s'éleva légèrement dans le but de se poser, amicale, sur l'épaule de l'autre homme. Un geste qu'il étouffa dans l'oeuf. L'homme lui était sympathique, mais il n'était rien de plus qu'un client. Un obstacle. Dans quelques jours tout au plus, ils ne se reverraient plus. Et Bobby serait, comme tous les êtres de son statut, qu'un vague souvenir dans l'esprit de l'érudit. Alors il se contint, et bifurqua, une fois le bureau dépassé. S'attela à ranger tout son matériel, fit les navettes entre les locaux et sa camionnette, dans des gestes tellement répétés qu'ils en étaient devenus automatiques. Lovée dans une boîte à outils, son arme attendait sagement. Aucun message de Wilma. Elle n'aurait pas besoin de sortir de son cocon, ce soir. Ni pour une mission, ni pour un obstacle. Ni pour Rhett Walters, encore moins alors qu'il lui avait promis de manger à l'oeil. Et si la vieille femme aurait froncé ses sourcils charbonneux en sachant que Bobby partait manger avec la clientèle, il n'en avait cure. Elle n'avait pas besoin de savoir.

Manteau sur le dos, il s'adossa à sa camionnette. Il n'avait pas encore repéré à qui appartenait quelle voiture, mais pouvait juger au peu qu'il restait encore sur le parking que l'un des trois véhicules restant encore appartenait probablement à Walters. Il se demanda si l'homme était plutôt Monospace ou berline. Avait une chance sur trois de se planter. Têtant sa cigarette, il composa un rapide message à Marmotte. La conversation sur les ados, toute aussi brève qu'elle soit, lui avait rappelé à quel point rentrer pour voir sa jolie couronne de bouclettes lui manquait. Vivian avait prévu de la lui laisser quelques jours pendant les prochaines vacances. Les murs de sa cabane étaient atrocement vides, sans la présence pétillante de sa nièce. Quand il releva le nez, ce fut pour apercevoir celui en trompette du psychiatre. Il n'avait aucune idée du temps réel qui s'était écoulé entre le moment où ils s'étaient quittés et celui où ils se retrouvaient. Pourtant, il fut ravi de constater que l'autre homme ne l'avait pas oublié.
C'était étrange, comme sensation. Presque désagréable, lui qui était si habitué à ce que personne ne remarque les agents d'entretien. Et pourtant.

-Votre voiture ou mon camion ? Y'a un burger joint pas loin, sauf si vous avez autre chose en tête.


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Rhett Walters
- from chagrin to folie meurtrière -
Rhett Walters
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-- no question asked ft. @bobby horton
    Il ne savait pas si l'autre homme accepterait sa proposition ; un bon nombre de ses collègues ne l'auraient certainement pas fait. Il sentait pourtant qu'il avait ses chances, pour une raison qui lui échappait pourtant. L'agent d'entretien ne semblait pas pressé de s'en aller. Là où Bettina s'empressait de balayer les couloirs pour rentrer chez elle au plus vite, ce Bobby prenait tout le temps du monde pour terminer de faire le tour du bureau. Est-ce que Rhett aurait puisé assez de courage pour l'inviter dans le cas contraire ? Rien n'était moins sûr. L'idée qui avait achevé de fournir le courage nécessaire était celle selon laquelle il ne s'agissait que d'une proposition sans importance pour lui souhaiter la bienvenue. Il savait que c'était faux, en partie parce qu'il n'avait jamais invité aucun de ses prédécesseurs ; mais cela ne l'empêchait pas de s'enfoncer dans un déni parfaitement étudié. Il était bon juge de caractère, y était bien obligé dans son corps de métier, mais il était la seule personne qu'il ne pouvait diagnostiquer. Le dossier toujours ouvert sur son bureau, il commença à tapoter son index contre le bureau en attendant une réponse, mais fronça les sourcils en l'entendant répondre. Ça, j'veux bien vous voir essayer. La tête légèrement penchée sur le côté à la manière d'un chiot intrigué, il finit par mettre ces paroles en corrélation avec une de ses plaisanteries. La bouche entrouverte pour trouver comment répondre, il finit par la refermer sans avoir trouvé. Il ne savait pas s'il était sérieux ou non, ne voulait pas prendre le risque de le brusquer en se positionnant sur la mauvaise option. Il s'en serait moqué si cela n'avait pas mis en périls sa soirée. Il ne voulait pas rentrer chez lui, ne voulait pas se retrouver seul dans la maison qui était bien trop grande depuis le départ de June. Il avait besoin de compagnie, ne pouvait pas laisser sa chance d'une soirée réussie s'en aller.  

    Le regard toujours posé sur l'autre homme, il hocha rapidement la tête pour répondre qu'il était d'accord ; il avait prévu de payer quoi qu'il arrive. Il l'avait invité, après tout. Les clés dans la main, il s'apprêtait à récupérer sa veste lorsque Bobby reprit la parole. Il avait raison, ils risquaient de rentrer tard et il n'aurait pas la force de terminer ses retranscriptions au milieu de la nuit. Il était déjà confus et commençait à oublier tout ce qu'il comptait écrire avant de refermer le dossier pour la semaine. « — Vous avez raison, j'en ai que pour une dizaine de minutes alors c'est parfait. » Il fit craquer son dos en se redressant et bougea rapidement ses mains pour les dégourdir. Il reprit ensuite le clic clic de son clavier, les mots s'affichant rapidement devant ses yeux alors qu'il repensait à la séance qu'il avait terminée presque 1h en arrière. L'esprit entièrement accaparé par l'exercice, il en oublia la présence de l'autre homme.

    Le travail terminé, il retira ses lunettes pour se frotter les yeux. L'heure passait, il méritait une bonne nuit de sommeil. Un regard à sa montre lui confirma qu'il avait assez travaillé pour la journée. Il récupéra ses lunettes pour les poser sur son nez et débrancha le câble d'alimentation de son ordinateur. Il y reviendrait le lendemain après quelques distractions et un peu de repos. Après avoir vérifié que ses affaires étaient bien en ordre, il attrapa sa veste et l'enfila avant de récupérer son cartable. Le pas lent, sifflotant, il quitta le bâtiment et sourit en constatant que Bobby l'avait bel et bien attendu. Il en avait douté, un instant, se demandant s'il n'avait pas fait mine d'accepter son invitation pour se débarrasser de lui ; pensant certainement qu'il viendrait à insister. Ce n'était pas le cas. L'homme était appuyé contre son véhicule, le visage baissé sur son téléphone, un charmant sourire aux lèvres. Lorsqu'il arriva à sa hauteur, il ne put s'empêcher de faire une remarque concernant cet air qu'il avait en envoyant son message. « — Oh, vous savez sourire alors. Je saurai m'en souvenir, ça vous va bien. J'ai un peu mal à la tête, j'apprécierais que nous prenions votre camion, ça m'éviterait de conduire pour le moment. » La remarque sur le sourire de Bobby avait été lancée si naturellement. Il l'avait fait dans son bureau, mais pas de cette manière-là. Il s'était plutôt agi de rictus, de sourires pincés, le genre qui n'était pas aussi sincère que celui qu'il avait affiché alors que le psychiatre arrivant. La remarque faite, il contourna le véhicule pour ouvrir la portière côté passager et déposer son cartable sur le siège ; comme s'il n'avait rien dit, comme si de rien n'était, qu'il s'agissait du genre de chose qu'on pouvait dire à tout le monde ou n'importe qui.

    Il leva ensuite un doigt comme s'il avait oublié quelque chose, et revint vers l'autre homme. Les genoux fléchis, il se baissa devant lui puis se releva en faisant mine de porter quelque chose de lourd. Il se tint ensuite droit et contourna le véhicule pour revenir devant la portière par laquelle il mima de jeter ce qu'il tenait précédemment. Il se frotta ensuite les mains et passa son avant-bras sur son front comme s'il avait fait un effort surhumain. « — Pfiouh, kidnapping réussi. » Il lui fit un grand sourire avant de monter dans la camionnette. Il s'installa après avoir placé son cartable à ses pieds. Bobby avait pris place à ses côtés, prêt à prendre la route. Rhett sentit quelque chose de pointu dans son dos, passa la main à la naissance de son pantalon pour retirer un stylo de sa poche arrière. Il plissa les yeux pour lire ce qui était indiqué dessus : casino moreno. Il se rappela l'avoir trouvé sur le canapé de son bureau après le départ d'un patient, qui devait l'avoir laissé tomber pendant la séance. Il l'avait mis dans sa poche arrière en attendant de lui trouver une utilité. Il le posa sur le tableau de bord en souriant, avant de s'adresser au conducteur comme pour lui expliquer. « — Si vous saviez tout ce qu'on trouve, parfois, après une séance. » Il regarda par la fenêtre une seconde ou deux avant d'ajouter. « — Un jour un patient est parti en laissant une chaussure. » Il haussa les épaules et se concentra sur l'environnement autour de lui.

    Il n'y avait pas grand-chose à relever, pas une photo, pas un élément auquel s'accrocher pour essayer de mieux comprendre l'homme à ses côtés. Il regarda alors par la fenêtre un moment, essayant de faire passer son début de migraine grâce aux bienfaits de la nature ; l'odeur de détergent n'arrangeait rien, mais il ne s'en plaignit pas. Après quelques minutes à ne pas se manifester pour le laisser se concentrer sur la route, ou pour éviter qu'il ne l'abandonne sur un chemin, il finit par se tourner vers le poste radio éteint. « — Je peux mettre la musique ? » Il alluma le poste et grimaça en entendant une musique d'aujourd'hui. Il essayait d'en apprécier certaines pour faire plaisir à sa fille, mais se retrouvait toujours à regretter ses choix. C'était pourtant ce qui passait à la radio la plupart du temps, à son grand désespoir. Pour palier à cette daube, comme il le disait souvent, il ouvrit la boîte à gants sans demander la permission. « — Qu'est-ce que vous avez d'intéressant à mettre ... » C'était plus une remarque pour lui-même, question rhétorique, qu'une véritable interrogation. Le bras tendu, il s'empara de quelques albums en hochant la tête d'un air appréciateur. Il s'arrêta sur celui de Nirvana et le mit dans le lecteur en souriant, déjà fier de lui. « — Regardez, j'ai un truc à vous montrer. » Il attendit que l'instrumental précédent les paroles se termine pour chanter par-dessus la voix de Kurt Cobain, avec les paroles du Never Give You Up de Rick Astley. Il était tellement absorbé par sa démonstration qu'il ne remarqua pas le flingue dans la boîte à gants. Il poursuivit quelques notes avant de sourire, encore plus fier : « — Rick Astley matche parfaitement avec l'instru de Smells Like Teen Spirit ; et sans modification ! C'est incroyable, vous trouvez pas ? »




est-ce d'avoir trop ri,
que leurs voix se lézardent
quand ils parlent d'hier ?
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