But I don't care if it is ten inch long (jackson)

but I don't care if it is ten inch long
@Jackson Fletcher

♪ some music

La nuit lui avait paru interminable. C'était d'ailleurs sans doute la première fois que Vicky avait autant hâte de rentrer chez elle. L'excitation des premier jours étaint en train de passer et si Victoria était ravie de son changement de carrière, quoi qu'en pense la bienséance, elle commençait aussi à retrouver ce sentiment. Cette envie de rentrer chez elle après un shift. Elle pouvait déjà s'imaginer dans son lit, un masque en tissu sur son visage démaquillé, son soutien gorge à sequins troqué contre un pyjama en pilou-pilou.

Vicky habitait à Needham. Cela avait fini de la convaincre la première fois qu'elle était venue au Tartarus pour échanger avec Tina. Elle n'était qu'à quelques pâtés de maisons de son studio, ce qui lui permettait de laisser sa vieille Chevrolet garée devant son immeuble. Emmitouflée dans sa doudoune, Vicky avait enfilé ses fidèles Uggs, prête à avaler le petit kilomètre qui la séparait de son lit.

C'était en tout cas le plan.

Elle n'avait pas enfoncé ses écouteurs dans ses oreilles qu'elle entendit une voix masculine la héler. Aussitôt, un frisson parcourut sa peau. Un mauvais pressentiment qui lui murmura de faire semblant de ne rien avoir entendu. De continuer sa route. Ses écouteurs en place, elle jeta un oeil à son téléphone. Soixante-six pourcent de batterie. Aucune musique ne fut lancée, tandis qu'elle ouvrit la liste de ses contacts, prête à appeler l'un de ses frères pour se rassurer. Sa réaction était probablement exagérée. C'était idiot d'être aussi paranoïaque. C'était probablement juste quelqu'un qui cherchait son chemin. Qui avait besoin d'un renseignement.

Victoria avait fait le tour du bâtiment, passant à présent à proximité de l'entrée principale lorsqu'elle sentit une main la saisir par le bras et la forcer à se tourner. Elle faisait à présent face à un visage éclarte, les pores dilatés par l'école, le regard obscurci par la colère. Des insultes furent proférés à l'encontre de la jeune-femme, qui sentait la panique la gagner. Elle serra son téléphone contre sa poitrine tandis qu'elle bredouillait quelques plates excuses. Alors que l'homme s'avançait vers elle, menaçant, elle reculait maladroitement. Au coin de ses yeux perlèrent de premières larmes.

Un pas de plus
« Excusez-moi ... »

Un autre.
« Non, je veux juste rentrer chez moi, s'il vous plait »

Encore un.
« S'il vous plait, laissez-moi tranquille ...»

Mais le gars n'avait pas fini de l'insulter. De l'invectiver. Puis, il leva le regard et s'arrêta. Un répit inespéré. L'inconnu blémit pour une raison qui lui était inconnue. Dans sa gorge, elle sentait son coeur battre à tout rompre alors qu'elle demeurait immobile, incapable de bouger d'un pouce.

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@Victoria Sullivan

♪ some music

Y a la bouteille de colorant qui gît au fond de la poubelle, alors que Jackson, en attendant que la couleur prenne, le crâne presque rasé, s’échine à nettoyer les marques indélébiles qu’ont laissé le produit chimique sur le lavabo. Rien qui ne saurait être enlevé, mais bordel, ce que c’était chiant. Une lubie passagère ou une tentative de se fondre un peu plus dans la population, ne pas se laisser reconnaître par le premier irlandais qui passait les frontières de la ville et ainsi, éviter de reproduire exactement la même scène, celle qui avait forcé Sweetlove à prendre la fuite, même lui ne le savait pas. Il avait vu les produits au supermarché, avait regardé deux tutoriels sur Internet, et s’était dit que le blond lui irait sûrement pas trop mal. D’après TikTok, il avait la forme de visage pour. Enfin, sans doute, il y comprenait pas grand-chose, pour être honnête, étudiait le phénomène comme un daron, en espérant ne pas être trop en décalage lorsqu’il retrouverait sa.on gosse. De ce fait, il était tombé pile dedans, et en plus de ça, il s’emmerdait sec, pour un samedi.

L’expérience avait duré deux heures, et était, somme toute, un succès. Jax n’avait pas hâte, cela dit, de croiser Trevor. L’autre et sa grande gueule, il trouverait forcément à redire. Mais lui, il aimait bien, ça lui donnait un côté solaire qui allait pas trop avec la montagne de tatouages et les fringues sombres, un contraste apprécié. Deux minutes à se reluquer dans le miroir, avec un rictus satisfait, et il s’emmerdait de nouveau, se refusant de replonger, encore une fois, dans les réseaux sociaux. A tout moment, il finirait par se faire percer trois fois dans le nez s’il continuait ces conneries, et c’était pas franchement prévu au programme. Aussi, il attrapa sa veste en cuir et son casque de moto, pour se rendre au Tartarus. Le jour avait laissé place à la soirée, et il fallait dire qu’il avait drôlement soif.

Il avait tenté de rameuter Zahra, Trevor ou même Lir, mais aucun n’avait pris la peine de se déplacer, le laissant seul face à son alcoolisme. Non pas que ça le dérange, les verres ayant défilé dans la joie et la bonne humeur, jusqu’au moment où l’envie de fumer fut la plus forte, mais il aurait préféré partager sa soirée avec d’autres que des inconnus. Comme l’avait dit Angel, quelques semaines plus tôt, on avait pas toujours ce qu’on voulait dans la vie, mate.
Il y avait quelques personnes à l’extérieur, pas énormément, qui étaient sur la fin de leur cigarette, dans tous les cas, et qui se réfugieraient de nouveau d’ici quelques secondes dans la chaleur du bar. Il n’était pas loin de faire pareil, Jax, sa clope au bec mais le froid mordant lui faisant regretter son statut de fumeur. C’est pourtant des supplications qui l’empêchent de le faire. Il l’entend de loin, le silence de l’entrée discordant avec le vacarme de la musique à l’intérieur, cette femme qui recule et l’homme face à elle. Il entend pas ce qu’il lui dit, Jax, mais ses traits tordus et son rictus menaçant laissent pas forcément beaucoup de place à l’interprétation. “T’as entendu la demoiselle, connard, fous-lui la paix.” Ce serait mentir que de dire qu’il ne se mêlait jamais de ce qui ne le regardait pas, Jackson. Il détestait les gens comme lui, les gros cons qui profitaient de soirées au bar pour se mettre la misère et trouver ça comme excuse pour n’importe quel comportement. Il les méprisait parce que lui, ça ne lui viendrait jamais à l’idée d’en profiter pour forcer quoique ce soit, peu importe qu’il soit raide mort ou totalement sobre. “T’as le basique “ non” dans ton vocabulaire ou y a besoin de te l’écrire sur le front ?” Il n’attend pas vraiment d’avoir une réponse et il s’avance. Il le sait que l’autre ne s’attendait pas à voir quelqu’un d’autre que la frêle silhouette qu’il suivait, puisqu’il était instantanément devenu blanc. C’était autre chose, de se faire alpaguer par quelqu’un qui faisait deux fois sa taille. Bien fait pour sa gueule.

Il sent le coup partir avant même d’avoir réalisé la colère qui était montée en une demi-seconde, faisant tomber sa cigarette au sol pour sentir le nez de l’agresseur se briser dès le premier coup. Il tenta de se défendre, avec des coups bien trop mous, qui ne pouvaient vraiment rivaliser avec ceux qu’il se prenait d’habitude. “ Vraiment, dégage, t’es ridicule.” Un second coup de sa part et l’homme recule de quelques pas. Jackson profite de l’accalmie pour se tourner vers la jeune femme, désormais derrière lui. “Tout va bien ? Il vous suit depuis longtemps ?” Il est un peu con, Jax, probablement un peu alcoolisé aussi, et il a l’arrogance de croire qu’il peut tourner le dos au pauvre mec dont il vient de briser l’ego sans conséquence. Pourtant, c’est ce qu’il fait, reportant son attention sur celle qui est encore tremblante dans sa veste molletonnée.

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@Victoria Sullivan

♪ some music

C'est une autre voix masculine qui s'éleva tandis que Vicky priait le Seigneur pour pouvoir rentrer chez elle sans échaffourée. Elle voulait pas d'ennui, pas plus qu'elle voulait en causer à qui que ce soit d'autre. Elle voulait juste rentrer chez elle, était-ce vraiment trop demander ? Le regard de l'homme accaparé par cette menace soudaine, la danseuse s'autorisa un coup d'oeil par dessus son épaule. Derrière elle, un autre type s'était avancé dans leur direction. Un frisson la parcourut ; vu la gueule du type, clairement c'était pas quelqu'un de bien. Du genre à avoir fait de la prison pour d'obscures raisons (remarquons que dans l'esprit de Victoria il est possible de faire de la prison pour autre chose que d'obscures raisons). Peut-être même qu'il avait tué des gens ? Pourtant, sur le moment, quelque chose au fond d'elle-même lui souffla de ne pas s'inquiéter. Cet instinct, auquel elle avait décidé de faire confiance tant de fois avant. Ce soir, ce même instinct lui disaient que cet homme, dont le passé était probablement trouble, n'était pas son ennemi et qu'elle pouvait se reposer sur lui, ne serait-ce que le temps de se débarasser de son harceleur. Aussi, elle se détendit légèrement. Les battements de son coeur se calmèrent, les larmes cessèrent leur trajectoire le long de ses joues.

Elle ne put néanmoins retenir un léger cri complètement dépourvu de dignité lorsque le poing du nouveau venu s'abat dans le visage de l'autre. Elle en profite pour s'éloigner des deux, juste de quelques pas, demeurant malgré tout interdite devant la scène. Elle voulait juste rentrer chez elle, bordel. Elle n'avait absolument pas prévu que cette seule réalité serait responsable d'une bagarre sur le parking de son lieu de travail. Pourvu que Tina ne lui en tienne pas rigueur. Pourtant, il y avait quelque chose de jubilatoire dans le fait de voir ce gars se faire refaire le portrait, si bien qu'elle ne pouvait pas réellement décrocher son regard de la scène. N'était-ce pas, au fond, une forme de justice ? Une façon de dire : voilà ce qui arrive quand on suit des filles dans la nuit. Paradoxalement néanmoins, elle était également animée d'un profond désir de se barrer loin, très loin, et prétendre que rien ne s'était passé. Alors qu'elle envisageait très sérieusement cette possibilité, le type aux cheveux peroxydés s'adressa à elle. "Oh euh oui, merci" qu'elle bredouille avant de remarquer du mouvement derrière lui "Par contre il est plutôt insistant attention" c'était rien de le dire puisque voilà que l'enflure qui avait pourtant été bien amochée, à en juger par le sang qui maculait son nez et sa lèvre supérieure, se jeter sur le nouveau venu. Sans y réfléchir à deux fois, il passa son avant-bras au niveau de la trachée de son ennemi d'un soir. Néanmoins, entre l'alcool et le coup qu'il venait de se prendre, sa prise n'était sans doute pas aussi ferme qu'il l'aurait voulu.

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@Victoria Sullivan

♪ some music

On ne peut pas dire sincèrement de Jackson qu’il est une bonne personne. Non pas seulement en considérant ce qu’il a pu faire, les erreurs commises dans son passé qui l’ont menées à son emprisonnement, mais son état de pensée, lui donnant une idée très personnelle de ce que pouvait être le bien et le mal. Il le savait, tout le monde le savait, même ceux qui le rencontraient en coup de vent. C’était ainsi. Est-ce qu’il était, pourtant, purement mauvais ? Il ne le pensait pas non plus, au fond, puisqu’il aurait tout fait, jusqu’au meurtre, pour le moindre de ses proches et qu’il pouvait ressentir de l’empathie pour n’importe quoi pourvu qu’on ne le lui foute pas à l’envers.
Il ne pouvait donc pas, à son humble avis, ignorer la situation qui se déroulait presque directement devant ses yeux. Même sobre, il ne pouvait pas blairer ceux qui se donnaient en spectacle, ceux dont le seul plaisir était de terroriser les femmes, nourris qu’ils étaient aux red pills et autres contenus misogynes que Jackson n’aurait pas approché avec un bâton en acier. Avec plusieurs verres dans le nez, cela dit, son intervention s’était retrouvée beaucoup plus musclée que prévue, et s’il n’avait aucune espèce de sympathie pour l’homme qu’il venait d’allonger au sol, il s’en voulait légèrement de ne pas avoir pris en compte les sentiments de celle injustement prise à partie, pas besoin, n’est-ce pas, de la traumatiser un peu plus ?

Ce fut, pourtant, hors de sa volonté, quand, d’une petite voix, elle lui répondit, lui signalant par la même le mouvement dans son angle mort. Avec un soupir, Jackson se prépara, et ne fut guère surpris lorsque l’homme saoul et faible du coup qu’il s’était pris enroula ses bras autour de son cou, dans une tentative désespérée et légèrement pathétique de l’étrangler. Il n’avait pas vraiment de chance, ce gars-là, de tomber, sur tous les alcoolos de Needham, sur celui qui avait fait de sa violence son métier.

D’un coup expert, Jax lui logea son coude dans l’estomac, lui tirant un grognement. “ C’est qu’il pue de la gueule ce con en plus.” Il arrive à peine à articuler, haletant un peu puis finit par renverser son poids et le mettre à terre une seconde fois. Jax aurait pu s’arrêter là, le laisser reprendre le peu de dignité qu’il avait, repartir en rampant dans le trou de ver où il devait probablement habiter, mais Jackson était énervé. De ce fait, il ne voyait plus vraiment Victoria, plus la situation, juste cet homme qui s’était cru, l’espace d’un instant, assez puissant pour s’en prendre à d’autres que sa propre santé. Aussi, il n’hésita pas vraiment à écraser sa Doc sur le pied de l’inconscient, puis à lui donner un coup dans les côtes. Un cri de douleur lui répondit, presque jouissif, de son point de vue. C’est à ce moment qu’il se rappela où il se trouvait. “Maintenant tu vas t’excuser à la demoiselle, et t’évites de lui cracher du sang dans la tronche, compris ?” Y a des chances qu’il finisse par devoir le jeter devant l’hôpital le plus proche, c’était bien sa veine.