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 (cw) the sound of silence | enoch

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Saul Marsh
- le plus beau cu(pidon) -
Saul Marsh
- le plus beau cu(pidon) -
damné(e) le : o05/07/2019
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the sound of silence

--- Hello darkness, my old friend, I've come to talk with you again. Because a vision softly creeping. Left its seeds while I was sleeping And the vision that was planted in my brain, still remains Within the sound of silence.


Le club ne lui était pas inconnu ; sans être un client régulier, il prenait un plaisir maîtrisé à s'y échouer quelques fois lorsque la compagnie de son meilleur ami, Ambrose, venait à lui manquer. Il aurait pu envoyer un message à son compagnon de comptoir, lui donner rendez-vous dans ce bar qui ne savait recevoir que leur présence, et trouver ce stratagème pour rejoindre le Tartarus sans avoir à se justifier. Pourtant, il savait que la présence de l'autre homme l'empêcherait d'accomplir la mission qu'il s'était donnée en prenant le chemin du club. Il n'était pas un homme de secrets, plutôt de mystères, et si la relation qu'il entretenait avec Enoch n'avait rien de familier pour lui, il savait reconnaître les instants où un détail pouvait noircir le tableau. Lui ne cachait rien, il en attendait donc autant de cet homme qui prenait de plus en plus de place dans sa vie.

Il sortait tout juste de chez Constance, et prenait déjà le chemin du club, souhaitant régler ces questions le plus rapidement possible. La perspective d'une soirée ordinaire, à cogiter sur ce qu'il venait de découvrir, n'avait pour lui aucun attrait. Plus encore que la disparition de sa fiancée, c'était la possibilité de connaître la main qui avait engagé le méfait, qui l'inquiétait. Il voulait en avoir le coeur net, comprendre ce qui s'était produit, et accorder son pardon en fonction de ces résultats. Il ne pouvait donc ignorer les révélations de sa mère, jusqu'à sa prochaine rencontre avec l'objet de ses agitations. Il avait le pas étrangement lent, à l'image de celui trop sûr de lui pour s'inquiéter de son allure. L'homme ne terminerait son service qu'un moment après, il avait donc tout le temps de longer les rues, de prendre son temps. Lorsqu'il arriva face à la grande bâtisse, les ombres aux fenêtres dressées sous ses yeux, il entra en gardant une main dans la poche de son manteau épais. Il portait une écharpe noir, élégante, qui habillait souvent son col. Ainsi drappé de noir, il ressemblait à une ombre parmi les clients du club, un esprit détonnant avec le reste de la troupe. Il se fraya un chemin, joua de ses coudes, et atteignit une extrémité du comptoir, sans savoir si Enoch l'avait repéré. Il avait l'habitude de s'installer au bord du meuble de bois, là où les alcoolisés avaient moins de risque de le bousculer, lui qui refusait de soutenir un quelconque contact avec ces gens-là. Il attendit qu'Enoch vienne le voir, et le gratifia d'un hochement de tête, comme salutation.

- Enoch.

Comme une illumination, il se souvint soudain qu'il lui fallait commander quelque chose. Aucun vin ne pouvait égaler les bouteilles qu'il entreposait chez lui, alors il préféra ne pas s'y risquer.

- Surprends-moi.

Une économie de paroles, autant que le souhait de ne pas avoir à trop y réfléchir. Il n'était pas là pour boire, ni pour voir son ami, seulement pour réclamer des explications. Il n'était pas du genre à tourner autour du pot, aussi débuta-t-il ses interrogations avant même qu'il ne l'ait servi.

- En réalité je ne suis pas ici pour ... tout ça.

Salle désignée d'un geste las de la main.

- Je reviens de chez Constance, il semblerait que ma très chère future épouse ait disparue.

Il braqua son regard sur lui, sans animosité, seulement une manière de lui poser la question qu'Enoch devait déjà redouter. Il n'avait pas besoin de lui accorder trop de mots, son amant savait comment interpréter ses regards. Les deux mains posées sur le comptoir, il fixa ensuite ses yeux sur ces dernières comme réfléchissant lui-même à ce qui aurait bien pu lui arriver ; faussement songeur, en réalité. Il ne pouvait douter du déroulé de la perte de sa fiancée. Enoch semblait enjoué à l'idée de la faire disparaître, et le boutiquier savait qu'il ne s'agissait que d'une question de temps ; mais il avait la prétention de penser que le chasseur le préviendrait avant toute chose. Il ne s'était jamais caché de ses démarches envers certains êtres, et Saul comprenait, et ne désirait pas être exclu de ces attaques, si elles concernaient une personne de son entourage. Il avait passé un bout de temps avec la jeune femme, préparant un mariage dont il ne voulait pas, pour une raison qu'il ne s'expliquait pas - du moins qu'il rejetait - et avait développé une forme de sympathie pour elle. Il ne pouvait pas parler d'attachement particulier, mais avait commencé à la considérer, assez pour vouloir être informé de sa perte, par un autre visage que sa prétentieuse mère.

- Je ne suis pas fâché que tu aies agi. J'aurais seulement préféré que tu m'en informes avant. Loin de moi l'idée de te soustraire à tes obligations, mais j'avais besoin de te faire part de mon mécontentement à ce sujet. Pourquoi ne pas m'avoir prévenu que tu passais à l'acte ? Est-elle toujours des nôtres ?

Rien de trop précis, ni accablant, Saul sachant qu'il ne pouvait parler de ses activités en présence d'humains ordinaires.




AIN'T GONNA BE ALONE
tell me do you really think you go to hell for having loved ? tell me and not for thinking every thing that you've done is good. i really need to know. after soaking the body of jesus christ in blood.
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Enoch Sinclair
- castafiore wannabe -
Enoch Sinclair
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Quelques semaines déjà qu'il avait décidé de prendre d'avantage d'heures au Tartarus ; avait abandonné quelques unes de ses fonctions au Cherry Blossom, au grand dam des propriétaires. Etrangement, rester d'avantage au fond de la gorge de l'Enfer elle-même lui était préférable. Au plus près de l'action, à pouvoir repérer directement les fauteurs de trouble. Des relations professionnelles pas désagréable et une paie plutôt sympathique. Et, contrairement au Cherry Blossom, Selma Ramirez avait eu l'oeil en ce qui le concernait. Lui vouait une confiance toute particulière qui l'avait suffisamment flatté pour qu'Enoch veuille s'investir d'avantage. Sous couvert de profiter de l'occasion pour surveiller d'autant plus toutes les cibles potentielles, quand la vérité était toute autre : être considéré à sa juste valeur était ce petit quelque chose qu'il avait chassé toute sa vie. De là à se dire que ce serait dans un univers d'abominations, par une créature impie elle-même, il n'y avait qu'un pas. Pas que le Serviteur de Dieu n'était pas prêt à faire, ne souhaitant pas ternir ce soupçon de chaleur qui réchauffait sa poitrine les quelques fois où Ramirez le félicitait ouvertement.
Prétendre le contraire était toujours beaucoup plus simple que s'avouer pécher par vanité. Prétendre qu'il s'agissait d'étudier la cadette Blackwell en essuyant ses verres, prétendre qu'il n'était ici que pour faire copain-copain avec les videurs pour obtenir d'avantage d'informations. Du boulot, rien que du boulot. De plus. Regard vert embrassant tronches et bouteilles en cachant bien son jeu, que la patronne avait pourtant l'air d'avoir repéré depuis quelques temps. Ce n'étaient pas tous les barmen qui avaient sa confiance pour gérer des situations délicates. Il l'avait bien compris, flatté mais pas idiot. Restait à savoir pourquoi, et ce qu'elle savait.

Une raison de plus pour s'investir d'autant plus dans son travail, non ? Ou tant d'arguments pour mieux se voiler la face, et ne pas avoir à admettre que pour une fois depuis longtemps, sa vie lui plaisait réellement. Non, elle n'était pas rose, mais le Chemin de Croix ne l'avait pas été non plus pour Jésus. C'était l'apanage de tous, d'errer pour se trouver. De se tromper pour réussir. De souffrir pour atteindre la grâce. Un apprentissage gravé dans sa cervelle qu'il comprenait d'autant plus maintenant que la félicitait lui souriait un peu plus. Tout n'était pas rose, rien n'était facile, non. Mais tout allait s'arranger, tout finirait toujours par s'arranger. Au bout de tous les tests Divins se trouvait le bonheur, et Enoch était persuadé qu'il n'allait pas tarder à arriver. Pour les Sinclair. Pour lui. Pour Saul.
Saul, qui hantait toujours plus ses pensées. Saul pour lequel il adressait ses prières, depuis l'annonce fatidique de la décision de Constance. Attendait le signe Divin, avec la certitude qu'il finirait par arriver. Dieu, dans Son infinie mansuétude, ne pouvait pas interdire le bonheur à Ses enfants. Quelque chose finirait à arriver, la récompense à la fin de l'épreuve.
Comme le soleil après la pluie, comme Il l'avait décidé, le bonheur arriverait après l'adversité.


Etrange optimisme, désarmant optimisme. De ceux qui vous traversent sans que vous ne compreniez d'où il vient, tant il vous est inconnu. Enfantin, léger comme une plume. Comme toutes ces plumes qui semblèrent chatouiller son coeur, en apercevant le profil régalien de celui qui alimentait tous ces sentiments méconnus. Elégance irréprochable, à des lieues de la majorité des convives. Cintré de noir comme une ombre, et pourtant la radiance de ceux que l'on voit malgré eux. Enoch, en tout cas, l'avait vu. Louvoya vers son amant, plus qu'agréablement surpris par sa visite. Paroles professionnelles mais sourire qui ne l'était absolument plus depuis quelques secondes.

-Quelle très agréable surprise, qu'est-ce que je te sers ?

Sourire élargi devant l'expression confuse de son amant. Souvent perdu dans ses pensées, souvent qu'il ne se souvenait pas quelles convenances adopter quand il approchait de ce comptoir en particulier. Il ne releva pas, Enoch, savoura l'innocence qui venait de passer sur le regard de l'ange. Comment ne pas être optimiste quant à la grâce à venir, quand il en apercevait des bribes comme en cet instant présent ?

-Ne bouge pas, j'ai peut-être une idée.

Une livraison qui venait tout juste d'arriver, qui avait ravi la curiosité du barman. Pas n'importe quelle piquette dans cet arrivage alors qu'il fourrageait dans certaines des bouteilles spéciales, logées en sécurité dans un recoin sous le comptoir. A personne exceptionnelle boisson exceptionnelle. La robe violacée du vieux vin français qu'il lui servit, une petite merveille adaptée à l'homme ainsi qu'à l'heure, tapissa de pourpre le fond d'un verre à ballon. Il le poussa devant son amant et s'accouda au comptoir, curieux de sa réaction. Sourire aux lèvres, s'effaça en voyant l'expression se muer en lassitude. Tension, en l'entendant confirmer ses doutes. Tension toujours lorsque les prunelles vertes suivirent la main lasse tandis qu'elle embrassait la pièce, et revenait se poser sur sa jumelle.
Puis s'abattit une douche froide comme l'Hiver. Elles s'agrandirent, les prunelles vertes, vinrent chercher ses évasives partenaires. Constance ? Sa fiancée, disparue ? Mais... Comment ? Et pourquoi ? Réduit au silence, l'archange d'ordinairement si babilleur. Des pensées filant à toute vitesse sous les boucles noires, et aucune pour connecter précisément les deux éléments que venait de lui apporter Saul.
Il chercha un élément de réponse dans les yeux glaciers, ne trouva pas le jugement ou le ressentiment qu'il s'attendait à y trouver. Il ne savait pas les deux fiancés particulièrement proches, tout du moins Saul ne lui en avait jamais fait mention. Par contre, il savait tout le mal que ce mariage à venir pouvait apporter dans ce petit monde qu'ils avaient construit. Mais... Pourquoi venir jusqu'au Tartarus pour le lui annoncer ? S'agissait-il d'un de ces jeux auxquels ils jouaient, loin de ceux aux règles énoncées par une société qui n'avait rien de céleste, juste pour voir jusqu'où l'autre pourrait aller ? Un test ?

Comme s'il entendait l'écho de ses pensées, où s'il les lisait dans les grands yeux du Soldat, Saul repris. Apporta les éléments de réponse au compte-goutte, étreignant chaque muscle d'Enoch à chaque nouvelle syllabe. Il se redressa, Enoch, surpris que son amant le remette aussi aisément en cause. Qu'il croie aussi facilement qu'il puisse avoir la main aussi leste que ça. Murmure soufflé entre deux lèvres dubitatives.

-Mais... Je n'ai rien à voir avec...

Il ne l'interrompit pas, un murmure pour lui-même, pour Dieu, pour le chaos qui s'opérait sous ses boucles noires. Dans le tintamarre des informations, supplanté par le crissement strident d'une indignation qui aurait dû se taire vu les circonstances, il entendit pourtant quelque chose. La voix de Saul, notamment, qui insistait sur son implication. Et, comme si elle profitait que ce son si doux ouvre la voix dans le chaos, une information effleura son esprit.

Oh.  

Une image, contre les rétines. Toute simple, d'un geste tout aussi simple, reproduit un nombre infini de fois. Qui se reproduirait à l'avenir, au moins tout autant qu'avant sinon plus, tant il était anodin. Toutes les informations d'un signalement de créature, une de ces fiches qu'ils se passaient entre Sinclair pour mieux faire voler l'Archange. Rien de plus, posé sur la pile de tous les cas à explorer d'avantage. Il n'y avait pas prêté plus d'attention, avait respecté le souhait de son amant de ne pas toucher personnellement un cheveu de la jeune femme. N'avait même pas laissé le document en évidence, du moins de ce qu'il lui semblait.

-Attends, attends. Depuis combien de temps est-ce que ta fiancée est portée disparue ?

Besoin de contact, Enoch, en posant une main sur la main de son amant pour attirer son attention. Pour se rassurer, comme pour se perdre. Pour se rattacher à la froideur de ses yeux clairs, tout en se maintenant dans la chaleur de son corps. Et pourtant, le contact l'électrisa à l'instant même où leurs épidermes se touchèrent. Vert contre bleu, les sourcils noirs se froncèrent. Il poursuivit, se penchant vers son amant.

-Je peux t'assurer que je ne l'ai pas touchée.

Ses doigts caressèrent ceux de son amant, cherchèrent son réconfort, une réaction, un rejet, un signe. Le besoin enfantin de se rassurer devant l'immensité d'une faute qu'il n'avait que partiellement commise, mais qui, faute d'être avouée, avait la possibilité de ne jamais être pardonnée. Pourtant, ça ne collait pas. Il n'avait pas mis son signalement avec ceux qu'il fallait traiter d'urgence, n'avait même pas mentionné son nom à un membre de sa famille. S'était même convaincu de laisser l'affaire à l'Archange lui-même, s'assurant de cette manière que toute tâche qui soit puisse être accomplie plus tard. Il ne comprenait pas d'où pouvait venir une telle méprise. A moins que...

-Une enquête a-t-elle été ouverte ? Dans quelles conditions aurait-elle disparu ?

Il connaissait le mode opératoire de l'Archange, pour en faire partie. Si le crime était potentiellement connecté à leur entité représentative, sa signature se trouverait dans au moins un des lieux où la créature avait l'habitude de vivre. Il les connaissait par coeur pour en avoir créés, des signes distinctifs. Espérait qu'il ne s'agisse pas d'autre chose, qu'un de ses frères n'ait pas eu un excès de zèle en transmettant quelques uns de leurs signalements en interne au reste de la Garde de l'Aurore. Ou pire.
Frénésie sous les mèches brunes, et ses doigts s'étaient enroulés autour de ceux de son amant sans qu'ils ne le réalise. Perdu dans les ordres de mission et les actes de violence, incapable de se souvenir qu'en l'instant ils n'étaient pas seulement des êtres de chair et de pensées, mais aussi de coeur. Emporté par les émotions sans qu'elles soient les bonnes, jusqu'à ce qu'une question s'impose parmi toutes les autres.

-Mais toi, comment tu te sens par rapport à tout ça ?

Nette et tranchante, cette empathie qui n'était pourtant pas familière vis à vis de quiconque ne faisait pas partie des Sinclair. Et pourtant si vrai. Si profond, alors qu'Enoch réalisait une chose à laquelle il n'avait jamais pensé.
Que ressentait-il vraiment vis à vis de la jeune femme, Saul ?





But as sure as God made black and white, what's down in the dark will be brought to the light
Sooner or later
God'll cut you down

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Saul Marsh
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Il avait le même air détaché qu'à l'habitude, se laissait seulement surprendre par la lueur plus singulière qui illuminait ses pupilles ; la curiosité, ou peut-être une forme d'agacement. Cela ne lui ressemblait pas de questionner de la sorte, de se laisser aller à ce genre de désir indiscret, qui ne faisait pas partie de ces encyclopédies qu'il épluchait chaque soir. Il analysait les gestes d'Enoch, alors que ce dernier lui servait son verre, essayant de l'imaginer s'en prendre à celle qui avait été désignée par sa mère pour porter son nom, son enfant, et l'honorer jusqu'à la fin de leurs jours d'une présence à laquelle il se serait habitué - sans doute. Il savait de quoi le barman était capable, l'avait souvent entendu de ses lèvres, et fournissait les armes servant à l'abattoir. Mais aurait-il usé de ses forces, et de la confiance de Saul pour précipiter la fin de la demoiselle, sans même lui en parler ? Saul comprenait les contrariétés de son amant, la portée morale qui pouvait l'avoir poussé à agir si précipitamment, mais il avait également assez de vanité pour estimer mériter des explications.
Le liquide foncé au fond du verre lui fit pincer les lèvres, il reconnut instantanément les marques d'une bonne bouteille, se trouva flatté bien qu'il ne soit pas venu initialement pour la découverte, et approcha ses doigts pour agripper le bas du verre. Le regard rivé sur la robe du vin, il laissa à son compagnon le soin de se remettre de ses émotions ; comme s'il n'était pas au courant de la disparition qu'il avait lui-même orchestrée, selon lui. Les raisons étaient évidentes, et s'il avait sauté sur cette conclusion aussi rapidement, c'était certainement à cause des quelques messages échangés quelques temps en arrière, où Enoch proposait l'élimination de sa dulcinée, et de sa mère par la même occasion ; ou bien avait-ce été une blague ? La petite danse partagée avec la demoiselle lors de leur premier gala côte à côte avait eu pour unique but de découvrir ce cou qu'il aurait eut à embrasser tant de fois, à l'approche d'un mariage qui n'aurait finalement pas lieu.

Il plaqua sa langue contre ses dents à l'approche de sa question, essayant de se remémorer ce que Constance lui avait appris exactement. Elle était disparue depuis quelques heures, ou jours ? Il lui semblait que le dernier contact qu'avait eu Madame Marsh avec la demoiselle datait de la veille au soir ; vingt-quatre heures, donc ? Il ne savait plus réellement, trop occupé à cogiter alors que sa mère lui confiait toutes ces informations. Il était toujours un homme de concentration, et restait attentif à ce que chacun pouvait lui dire ; mais pas cette fois-ci, alors que son esprit vagabondait si follement vers Enoch, quand les mots de sa mère n'avaient donc plus aucun sens. « La nuit dernière, si je ne fais pas erreur. Peut-être plus ? Est-ce important ? » Il savait que oui, que le moment de l'enlèvement pouvait le disculper selon ses horaires de travail, et que la nature de sa disparition pouvait n'être qu'un malentendu après si peu d'heures. Il avait connaissance de toutes ses données, n'avait posé la question qu'emporté par une pointe d'agacement. Il y a plus important, Enoch. Et pour lui, il ne s'agissait pas d'un quand, mais bien d'un qui. L'œil vif du cupidon se baissa sur la main posée sur la sienne, il n'engagea aucun mouvement de recul, ayant largement dépassé ce stade avec son amant. Il resta simplement immobile, relevant ensuite les yeux dans les siens pour le scruter.

Il éleva sa seconde main vers son verre, et prit le temps d'en apporter le bord vers ses lèvres, pour enfin y goûter. Surpris par une telle qualité dans un endroit pareil, il se pinça les lèvres, satisfait, et reposa le récipient sur le comptoir. « Très bon choix, il est excellent. » Certaines réponses étaient plus urgentes, mais Saul tenait à informer le barman de sa superbe déduction le concernant. Un vin de chez lui, de sa province française ; Enoch avait visé juste. Il termina d'apprécier le goût sur ses papilles, puis revint enfin à leur échange. « J'ai bien peur de ne pas pouvoir t'en dire plus, hélas. Je suis venu te voir immédiatement, certainement que Constance aura de plus amples informations. » Il fit tournoyer le liquide épais au fond de son verre, et sembla plus absorber par son trajet, presque contemplatif, que par ce que pouvait bien lui dire Enoch ; alors qu'il était celui venu le déranger sur son lieu de travail. Il lui faudrait commander à son distributeur une bouteille de ce cru, lors de sa prochaine cargaison. Il regarda derrière le barman, cherchant avec attention une bouteille qui pourrait l'égaler ; peut-être avaient-ils d'autres vins de son pays à lui mettre entre les mains.
Il sentit le regard insistant de son compagnon sur lui, et revint à la réalité, assez crue, de la situation. « Mh ? Oh, juste secoué. Enfin, je dois bien avouer qu'elle était plus intéressante que je ne l'imaginais, d'une grande culture. Je pense que ma mère ne pourra pas trouver son égal, et je suis prêt à parier qu'elle cherche déjà. » Il apporta de nouveau le verre à ses lèvres, et profita d'une nouvelle gorgée, le regard vague, imaginant sa mère faire le tour des demoiselles célibataires alors que l'affaire de la précédente n'avait pas encore été élucidée. Mais tout ce qui intéressait Constance était l'image ; et après être tombé de son cheval, Saul devait impérativement remonter en selle. Les nouvelles ne mettraient pas longtemps à arriver aux oreilles de chacun, et une rumeur pourrait s'élever concernant le sort de celle qui oserait offrir sa main au fils Marsh ; une malédiction. « Le drame dissuadera la plupart. Je ne suis pas réellement veuf, mais le mariage approchait. J'imagine donc que je rejoins le club très restreint des fiancés maudits. » Il n'esquissa aucun sourire malgré ce semblant de plaisanterie ; qui pourrait dire s'il était sérieux ou non ? Son attention revint sur leurs doigts restés entremêlés, puis sur le regard d'Enoch. « Ça devrait nous laisser un peu de temps. » Pour quoi exactement ? Il n'en avait aucune idée. Certainement pour recommencer à se voir, partager ces soirées qu'ils affectionnaient l'un et l'autre. Reprendre les bases d'un jeu qui ne s'était jamais réellement interrompu, mais avait subi une entorse, quelques fois.

Il se redressa sur son tabouret, remarquant que son dos s'était légèrement vouté sous son surplus d'émotion, et intensifia son regard dans celui de l'autre, sans trop cligner des yeux. Constance lui demandait sans cesse d'arrêter de faire ces choses-là, qu'il rendait les gens mal à l'aise ; mais il emmerdait les gens. Et si les scruter leur déplaisait, alors ils avaient forcément des broutilles à se reprocher. « Tu es prêt à me jurer que ce n'est pas toi ? » Il entendait encore la voix de la génitrice : ne jure pas ! Saul n'avait pas précisé, mais savait que son amant comprendrait que le ciel était en jeu. Il le croirait, s'il venait à acquiescer. Après tout, il n'avait aucune raison de remettre son jugement en cause, à partir du moment où il savait que le boutiquier ne lui serait pas rancunier à ce sujet. Il n'était pas venu pour lui faire part de son mécontentement concernant la disparition de sa bien aimée - bien qu'il s'y soit légèrement attaché - mais pour l'informer de son déplaisir de ne pas avoir été informé avant l'acte. Enoch n'avait alors qu'à avouer son implication, ou bien jurer sur le ciel qu'il n'y était pour rien. Saul savait qu'en invitant Dieu au milieu de leur échange, il ne risquait plus rien.



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Enoch Sinclair
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Les conversations allaient bon train, tout autour d'eux, dans le Tartarus. Des habitués aux sinistres inconnus, parfaitement inconscients de la tension qui commençait monter progressivement du côté du bar. Les pensées à l'orage, sous les boucles noires, alors qu'Enoch s'acharnait à tenter d'obtenir le plus d'informations. Le moindre petit indice pourrait s'avérer salutaire : pour prouver son innocence, déjà, mais aussi pour permettre au Chasseur de définir son degré de responsabilité. La première information, distillée au compte gouttes, fronça les sourcils noirs. Disparue depuis la veille ? Il ne travaillait effectivement pas, cette nuit-là. Les arrangements de Constance s'étaient mis en travers de leur relation, comme à chaque fois, éloignant les deux hommes par principe de précaution. Une situation qu'Enoch abhorrait mais qu'il respectait, autant que la volonté de l'ange. Certains des mystères du monde n'étaient pas faits pour être partagés avec le commun des mortels. Et si Saul le lui demandait, il n'était personne pour aller contre ses décisions. Quand bien même l'éloignement lui en avait coûté.
L'une des raisons de tout le plaisir qu'il avait éprouvé en retrouvant le profil régalien du Français. En se fondant dans l'acier de ses yeux, l'impression de se sentir à la fois si grand et si petit à chaque fois que la glace léchait son épiderme. Un regard électrique, que l'homme semblait peu enclin à lui offrir, pourtant. Offrait bien plus volontiers au verre qui lui avait été servi qu'à son amant lui-même. Est-ce important ? Une question distraite, lointaine. Comme s'il ne mesurait pas suffisamment l'importance de la situation. Jusqu'à ce que son regard ne se plante à nouveau dans les émeraudes, après une énième distraction, lourd de ce sens dont tous les deux saisissaient parfaitement la portée.

Constance. Cruel caprice du Divin, que d'avoir conféré une pareille mère à l'un de ses enfants. Les efforts répétés de la matriarche à trouver chaussure au pied de son rejeton étaient éreintants. Son bras était particulièrement long, Enoch ne fut pas surpris d'entendre qu'elle aurait certainement d'autres informations. Remettre en question l'intérêt -ou non- de Saul pour la disparition n'était pas envisageable. Il s'y intéressait à sa manière, suffisamment pour venir chercher l'information directement à la source plutôt que de se contenter d'un son de cloche. Pour autant, la perspective d'aller questionner Constance directement aiguisa un rictus sans joie sur le visage du barman. Les relations entre eux étaient loin d'être au beau fixe, en témoignait son dédain évident pour la relation que les deux hommes entretenaient. Faire excès de vanité en refusant l'aide de la bonne-femme serait facilement pardonné, Enoch en était certain. Les démons existaient bel et bien et, s'il n'avait pas déjà vu la matriarche plonger ses doigts dans un bénitier pour se signer en entrant dans une église, il aurait été certain que le contact avec l'eau aurait pu la brûler. Il n'en trahit pourtant rien, se contenta de mâcher son ire entre deux mâchoires serrées. Il n'était question ni de lui ni de Constance, mais d'un tout autre problème qui nécessitait une solution rapide.

-Ne crois pas qu'échanger avec Constance ne m'enchante guère, mais je risque de commencer par interroger mes sources.

Excès de vanité, encore. Mais qu'était-il aux yeux de la vérité elle-même ? Les informations qu'il avait jusqu'à présent ne seraient pas suffisantes, ni pour savoir où se trouvait la créature, ni pour le disculper directement. Interroger les autres membres de la Garde, à commencer par sa propre famille, était une bien meilleure stratégie. Trop focalisé sur cette quête pour comprendre l'implication sous-jacente des quelques mots échangés. Trop confiant dans le jugement de son amant pour se dire qu'il pourrait remettre le soldat en question. Trop ravi, aussi, d'enfin pouvoir retrouver un peu de sa présence, même alors qu'un comptoir se trouvait encore entre eux. Le traverser pour retrouver sa main n'avait pas été aussi difficile que ces quelques temps d'éloignement forcé. Un geste enfantin, de ce besoin de retrouver un contact que tout son être réclamait de plus en plus. Saul, qui envahissait ses pensées, s'imposait par son absence depuis plusieurs jours, accentuait le manque par sa distance alors qu'il n'était qu'à quelques pas de lui actuellement. L'ange devenu cette faiblesse contre laquelle on l'avait toujours mis en garde, à laquelle le soldat s'avouerait déjà vaincu s'il était le seul à décider des règles. Poser la question avait été spontané, bousculait tous ces codes de non-attachement qui avaient fait le socle de son éducation. Une empathie antipode aux règles, mais rien ne collait plus imparfaitement aux règles que ce qu'ils avaient commencé à construire, tous les deux.

C'était tout du moins ce qu'Enoch croyait, jusqu'à ce que tombe la réponse. Ses doigts se crispèrent, autour de ceux de son amant. Ce dernier n'avait jamais caché son intérêt dans la personnalité de cette fiancée. Et s'il pensait mieux accuser le coup, la pilule n'en fut pas moins difficile à avaler. Il ne s'agissait pas que d'une énième fiancée, Saul le lui avait bien communiqué. Avait très bien su articuler qu'il était prêt à faire l'effort d'apprendre à la connaître et à la fréquenter, tout aussi prêt à reléguer sa relation avec le Chasseur en arrière-pensée. Leurs entrevues n'étant pas approuvées par la mère, c'était le mariage qu'elle déciderait qui passerait avant elles. Enoch serait ce secret honteux que l'on cacherait entre deux portes, là où personne ne pourrait le voir. Une vie sentimentale passée sous cape, enfermée dans les ombres. Il avait cru réussir à se faire une raison, en lisant les termes sur l'écran de son téléphone. Mais percevoir le sous-entendu dans la voix de Saul, caché derrière l'intérêt qu'il portait à la grande culture de la demoiselle, ne servit qu'à accentuer la tension dans sa mâchoire.

En temps normal, le trait d'esprit qui suivit l'aurait fait sourire. L'allusion au veuvage, qu'Enoch faisait régulièrement quand il retirait l'alliance de Ruth de son doigt après une journée de travail, en retrouvant les bras de son amant. Le club des fiancés maudits avait des faux-airs de titre de roman de gare, le genre d'ironie délicieuse sur laquelle le soldat aurait eu plaisir à rebondir. Mais rien ne semblait normal, dans cette conversation. Du détachement de Saul au lieu, de cette colère qui se distillait progressivement dans ses veines. Coeur abandonné qui battait le manque et la joie, quelques temps avant, qui brassait frustration et incompréhension à présent. Emeraudes glacées, plantées dans les glaciers. Excès de vanité d'un égo piqué à vif, alors que le soldat ne savait pas s'il s'agissait d'une simple plaisanterie ou d'une attaque. Perdu de sentiment à sentiment, tous contraires, aucun complémentaire. Des tremblements au bout des doigts, et le contact avec la peau de Saul qui l'électrisait toujours autant. Lui qui avait si désespérément cherché ce contact, pendant des heures, des jours, avait subitement envie de retirer sa main. Encore plus alors qu'un énième coup d'estoc venait se nicher en plein dans son coeur.

-Du temps pour quoi ?

Le ton était sourd, bas. Noyé dans les conversations des convives alentours, brassé par le torrent de ressentiment qui chassait le reste des émotions. Leur temps était compté, soumis aux caprices de celle qui ralentissait ou accélérait les tous de ses aiguilles comme elle l'entendait. Un concept qui n'aurait dû appartenir qu'à Un Seul Être, et qui Lui était volé par une impie qui n'avait d'yeux que pour ses propres intérêts. Les émeraudes s'abaissèrent sur leurs mains jointes, l'impression que la sienne ne lui appartenait pas vraiment. Rien de tout cela, les moments de complicité, les heures de passion, ne lui appartenait vraiment. Sinon cette alliance à son annulaire, ce veuvage qui semblait soudainement si amèrement comique entre les lèvres ourlées du Français. Il ne sut pas qui de lui ou de Saul retira sa main le premier. Ne sut pas plus si perdre ce contact qu'il avait si désespérément cherché était une bonne ou mauvaise chose, tant sa peau semblait le brûler. Des fourmis plein les veines, et tout ce qui lui restait d'eux qui s'annonçait n'être, aux yeux du monde, que peu de choses.

Croiser les glaciers, alors que Saul s'éloignait. Ce regard fixe, félin, de ceux qui étaient si intenses que c'était à se demandait s'il lui arrivait de cligner des paupières. Saphirs contre émeraudes, alors que c'était bien plus que quelques pas qui semblaient les séparer à présent. L'amour des Hommes n'était pas infaillible, il était soumis à des caprices extérieurs, imprévisibles et cruels. Un regret fila dans les pensées ombrageuses du brun, celui de n'avoir pas été celui qui s'était occupé de la fameuse fiancée. Mais Saul l'avait dit lui-même, le mariage qui l'attendait était une hydre à plusieurs tête : coupez celle d'une des fiancées, c'en est deux qui repoussent de son cou. Et pourtant, ce n'était pas le cou de la fiancée qui était entouré d'un étau implacable, en l'instant présent. C'était celui du soldat, quand bien même ce dernier aurait pu aisément s'imaginer entourer ses propres mains autour de la gorge gracile, veuvage ou non, pour en recouvrir la trace de morsure indéfiniment.

Tu es prêt à me jurer que ce n'est pas toi ?

Poing serré sur le vide, sur le comptoir. Il soupira, Enoch, les brassées de colère semblant s'atténuer avec l'absence de Saul. Le brouhaha ambiant, lui, paraissait bien plus intense contre ses oreilles. Les sens piqués à vif, l'égo tout autant, et tout le sens qu'impliquait la question. Depuis tout ce temps, l'ange doutait de son innocence. Et si le Jugement Dernier n'était pas prévu pour aujourd'hui, Enoch avait pourtant bien l'impression qu'il s'agissait d'une toute autre forme de jugement. Leur relation n'avait au final que bien peu de poids sur cette balance. Souplement, il s'extirpa de derrière le comptoir. Rompit la distance sans mot dire, se rapprocha de Saul pour que la conversation ne soit qu'entre eux, et loin de celles des autres. Chaque pas dans sa direction plus pesant et pourtant plus rapide que le précédent. Chaque bouffée d'oxygène dans ses poumons brassant la vapeur âcre d'une colère qui revenait de plus belle, à mesure qu'il approchait. Sa main s'éleva vers le visage de l'ange. L'ébauche d'une caresse le long de la joue tant aimée, avant que la tempête ne sourde totalement sous les boucles noires.

Avant que ces doigts qui avaient tant besoin de contact ne s'enroulent brutalement autour de la gorge de l'ange. Prise implacable, en poussant Saul à reculons à travers la pièce. Sans se préoccuper des convives, sans se soucier qu'ils heurtent tables ou chaises. Le dos de l'ange heurta le mur le plus proche, mais le soldat, lui, n'en avait cure. Comprima d'avantage le Français contre le mur, sa force brute suffisant à le lever à quelques centimètres du sol.

-Ne t'avises jamais de demander à un Homme de Dieu de jurer, impie.

Susurré au creux de son oreille, le poids de tout son corps contre celui de sa proie. Battements erratiques du coeur, alors que la colère s'engouffrait par toutes les failles de son raisonnement, noyant ce dernier sans aucune retenue. Tout contre Saul, et c'était tout Enoch qui s'embrasait. Des lames en forme d'aiguilles enfoncées dans le palpitant, et tout ce qu'il était capable de pomper n'était plus que de la lave. Les doigts avides de serrer d'avantage, comme ils l'avaient fait tant d'autres fois. Il les relâcha pourtant légèrement. Pour mieux les presser, raffermissant sa prise en plaquant de nouveau sèchement l'amant contre le mur.
L'amant, cette infâme fumisterie. L'amour, cette prodigieuse ironie. L'Enfer existait, en témoignait son corps qui brûlait comme il ne l'avait jamais fait. Il en ressentait chaque flamme le long de sa peau, encore à chaque fois qu'il croisait les iris de glace.

-Je ne suis pas votre pantin, ni à toi, ni à Constance. Ca ne te suffisait pas que je courbe l'échine devant toutes vos décisions, que je reste sagement à ma place malgré tout ce que me coûtent vos caprices, il fallait encore que tu viennes écraser tout ce qu'il me reste, hein ? Ma parole n'a aucune valeur à moins que je cède à un caprice de plus, quitte à nier les fondements même de ce que je suis, c'est bien ça, Saul ?

La réponse si elle venait un jour ne lui conviendrait pas, tant il avait compris. Qu'au fond il n'était qu'un jouet, qu'on utilise, qu'on casse puis que l'on planque dans une malle. Que l'on finit par jeter une fois qu'on est passé à autre chose. Pantin sans fils de ses propres émotions, alors qu'il joignait le geste à la pensée. Empoignait l'ange pour le jeter au sol, la rage battant bien plus fort contre ses tympans que les quelques glapissements choqués des convives à proximité. Ses mugissements avaient porté, alentours. Mais le soldat avait une Mission, et ses poings serrés aussi bien que l'ire, aussi bien que la douleur, ne demandaient qu'à ce qu'il l'accomplisse. Jaugeant la forme à ses pieds, il cracha de nouveau, expurgeant ses sentiments sans qu'ils n'apaisent quoi que ce soit.

-Avoue qu'au fond, tu as déjà décidé que j'étais coupable. Avoue ce que tu penses vraiment, Saul.

Des roches plein la voix, de cette intonation si particulière qu'elle prenait à chaque fois qu'il se servait de son don de suggestion. Se servir d'un don offert par Le Divin Lui-Même, contre la plus parfaite de Ses créations. Une bien cruelle ironie.



But as sure as God made black and white, what's down in the dark will be brought to the light
Sooner or later
God'll cut you down

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Saul Marsh
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Il sentait les doigts du barman trembler autour des siens, pouvait y déceler la tension qui commençait également à se lire sur son visage, et ne comprenait pas exactement d'où cette réaction pouvait venir. Il savait qu'Enoch serait peut-être ému pour lui, de le savoir veuf avant l'heure, bien que le mariage n'ait jamais été son idée et qu'il aurait préféré ne pas avoir à s'y confronter ; mais ce n'était pas réellement cela qui transparaissait alors qu'ils échangeaient sur l'épineuse situation. Il ne pensait pas qu'il serait si touché par ses accusations, ne s'attendait qu'à une conversation simple qui se terminerait sur la promesse de se retrouver plus tard pour mieux en discuter, ou pour bien d'autres choses. Ils ne s'étaient pas vu depuis trop longtemps, avaient bien des choses à se dire – ou à se faire. Mais le ton sec employé par le barman n'était pas attendu, surprenant même, et Saul ne put s'empêcher d'arquer un sourcil en l'entendant prononcer d'un air si tranchant : Du temps pour quoi ? Il pensait que la réponse était plutôt logique, ne comprenait pas son emportement et s'en agaçait même. Il eut envie de répondre, d'un ton similaire : du temps pour nous. Mais à quoi bon quand l'interlocuteur ne serait pas réceptif ; Saul le comprenait en l'observant. Il se contenta alors de lever les yeux au ciel comme souvent, l'air de dire qu'il n'y avait pas de quoi être si dramatique s'il n'y était pour rien, qu'ils n'avaient qu'à essayer de comprendre qui était à l'origine de la disparition et en profiter pour se retrouver. Le programme était alléchant selon lui, mais il n'avait plus envie de le partager avec Enoch, pas alors qu'il sentit sa main se libérer de la sienne, et son esprit s'éloigner encore un peu plus. Il semblait spectateur d'un acte qu'il ne comprenait pas, et aurait apprécié en arriver au dénouement sans trop perdre de temps.

Il pensa que le moment était venu aux rideaux de se refermer sur la scène en voyant Enoch faire le tour pour le rejoindre ; mais la colère n'avait quitté ni ses gestes, ni son regard. Le cupidon le regarda faire sans bouger, prêt à accepter de ne pas en demander plus pour peu qu'ils se retrouvent plus tard pour mettre cette affaire au clair. Il connaissait assez son amant pour savoir qu'il appréciait autant leurs luttes imaginaires que lui. Ils n'auraient qu'à ouvrir une bonne bouteille de vin et faire des suppositions sur le sort de sa défunte fiancée. Il planta son regard dans le sien en sentant les doigts caresser sa joue, et se rapprocha légèrement de lui, persuadé d'avoir le temps de lui murmurer quelques mots à l'oreille avant de tourner les talons. Peut-êre un léger : on se voit après ton service. qui aurait fait office d'invitation. Il ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit, le souffle coupé tout à coup par une force contre sa gorge. Il referma les lèvres et posa une main sur la sienne par réflexe, les yeux grands ouverts sous la surprise du geste.
Il n'essaya pas de l'en empêcher, savait que toute résistance serait inutile. Ils avaient souvent fait des concours de force dans leurs jeux intimes, et Saul ne pouvait concurrencer les exploits d'Enoch. Il n'avait pas peur non plus, avait accepté la mort avant même de rencontrer l'autre homme, et ne s'accommodait des jours qui passaient que par obligation envers sa famille, et envers Dieu. Mourir des mains de son amant était largement acceptable, et discuter pour lui faire changer d'avis ne l'intéressait pas. Il serait resté le plus silencieux du monde, si un mot dans l'évocation du coléreux ne l'avait pas interpellé ; impie.

Les doigts relâchés autour de sa peau déjà rouge lui permirent de rire, d'un éclat presque fou tant le mot était sagement choisi. L'humour était de mise, comme si Enoch ne connaissait pas assez le magasinier pour savoir qu'il s'agissait du mot à exclure de son vocabulaire dans un moment pareil. Il ne prit comme un compliment, et ne réprima pas son rire en sentant la main reprendre de la force contre lui, et le corps de son vis-à-vis l'écraser plus encore entre lui et le mur derrière. Le rire démentiel ne prit fin que parce que l'ange manquait d'air, ce dernier fermant les yeux pour essayer de se concentrer sur la respiration dont il était privé. Il ne loupa pourtant pas une miette de la sentence suivante, ne répondant rien à la question rhétorique à laquelle il n'avait – de toute manière – rien à ajouter. Enoch avait perdu les pédales, et Saul manquait trop d'air pour réfléchir à la raison de cette mascarade. Il en avait pourtant une petite idée, avant même de mettre son cerveau au travail.

Il ne rouvrit les yeux qu'en percutant le sol, le souffle lui revenant alors qu'il suffoquait à la recherche d'oxygène. Il resta sur le dos, le buste légèrement relevé pour mieux voir son assaillant et lui parler au besoin. Il ne faisait pas attention aux gens autour d'eux, connaissait assez la réputation du club pour savoir que personne ne bougerait le petit doigt, et peu étaient en capacité d'arrêter quelqu'un comme le chasseur. Mais un problème subsistait ; certes Saul n'avait pas peur de la mort et en avait eu envie depuis bien longtemps déjà, mais il ne voulait pas qu'elle advienne par les mains de son amant. Il n'était pas dans son état naturel, le cupidon avait assez de jugeote pour le savoir. Il avait additionné les données et en était arrivé à cette conclusion : ce n'était pas Enoch qui parlait, qui agissait, pas vraiment. Et si l'idée d'un trépas était doux à ses oreilles, il savait que le chasseur ne se pardonnerait pas facilement d'avoir mis un terme à sa vie, à en croire ses sentiments, et sa propre condition d'ange – selon ses termes. Il garda les yeux fixés sur lui, et parla parce qu'il n'en avait pas le choix, parce que la voix d'Enoch s'était élevée pour l'ordonner. « – Je pense que tu es coupable, et que tu l'as tuée, mais je ne t'en veux pas de l'avoir fait. Je pense que ça n'a aucune importance, au final, et qu'on devrait en profiter pour se retrouver. » Il se remit alors debout faiblement, les jambes tremblantes à cause des coups, de cette foutu maladie qui se ravivait au moindre choc. Ses poignets le faisaient souffrir également, des élancements dans chaque articulation auxquelles il décida de ne pas prêter attention. Il pesta pourtant d'un sec, les dents serrées par la douleur : « – Bordel de merde ...* » Il fit un pas vers lui après s'être complètement redressé, et se planta juste en face sans montrer de signe de peur ; il n'avait pas peur pour lui, s'en faisait seulement pour l'agresseur. « – Ne fais rien que tu pourrais regretter. » Il prit une profonde inspiration, puis reprit la parole d'une voix étranglée par la brûlure qui restait dans sa gorge. « – Je n'ai pas peur de la mort, mais j'ai peur que tu ne supportes pas de me l'avoir imposée. » Il gardait un air sérieux sur son visage, certain de ce qu'il avançait. Et ces paroles auraient pu paraître égocentriques, et très présomptieuses, mais il s'en moquait. Il emmerdait les gens autour, il emmerdait ce qu'Enoch pourrait en penser. Il savait seulement qu'il aurait, au moins, fait tout son possible pour l'empêcher de s'en vouloir ensuite.

Il soupira ensuite, et leva une main pour se masser le cou en grimaçant. Il avait mal, mais était habitué à la douleur ; sa mère lui aurait fait prendre quelques pilules de plus, si elle avait vu la scène, mais il ne le ferait pas. Il pouvait serrer les dents, et attendre que les brûlures passent, comme il le faisait toujours. La main retombée, bras le long du flanc, il plissa les lèvres en avalant douloureusement sa salive et reprit la parole pour en rajouter. « – Je pense que c'est ma faute si tu es dans cet état, mais pas à cause de mes paroles, ou de mes actes. Je ne contrôle rien, mais j'aimerais que tu m'écoutes, d'accord ? Tu as faux sur toute la ligne, et tu sais très bien que je n'ai jamais essayé de te changer. Tu as amené du bordel dans ma vie bien rangée, et j'ai encore du mal à supporter de la compagnie à certaines périodes de la journée, mais ça me convient. » Il n'était plus obligé de parler, libéré de la parole divine du barman, mais l'avait décidé de lui-même.

Il fit un pas de plus en sachant que c'était une très mauvaise idée, de quoi se retrouver juste devant lui. Il savait ce qu'il risquait, savait qu'à ne pas savoir contrôler son pouvoir il serait incapable de l'empêcher de lui faire quoique ce soit, mais autant en finir au lieu de tourner autour du pot, ou se poursuivre sans fin au milieu du bar. « – T'es un emmerdeur parfois, et tu me tapes sur les nerfs quand tu mentionnes Dieu trop souvent. Je déteste devoir faire du sport pour toi, et j'ai horreur d'être forcé de me lever le matin quand tu l'as décidé. Ma mère te déteste, et ta famille doit m'avoir en horreur. » Il leva un doigt pour montrer qu'il allait conclure, dire pourquoi il avait exposé ainsi ce qui pouvait l'agacer parfois. « – Et pourtant, je suis venu te voir pour qu'on profite du temps qui nous est offert grâce à cette disparition. Alors tue-moi, j'en ai rien à foutre*, mais ne dis pas que tu n'es pas important, abruti*. »

*en français.



AIN'T GONNA BE ALONE
tell me do you really think you go to hell for having loved ? tell me and not for thinking every thing that you've done is good. i really need to know. after soaking the body of jesus christ in blood.
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