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 people are strange (laz)

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Don Mattheson
- looks like billy the kid -
Don Mattheson
- looks like billy the kid -
damné(e) le : o05/10/2021
hurlements : o737
pronom(s) : oshe / her
cartes : ofürelise (ava) ; je sais pas, demandez à QQ (sign)
bougies soufflées : o56
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people are strange (laz)
Jeu 26 Jan - 22:38

people are strange
Lazare Sinclair était une énigme. Un murmure qui se répercutait sans arrêt contre les murs du tribunal. Une réputation qui précédait l'homme, comme une ombre pour annoncer sa présence bien avant qu'il n'arrive dans une pièce. Lazare Sinclair faisait partie des murs, au moins autant que Susan Love, au moins autant que certains de ces éminents magistrats dont on n'entend parler que du bout des lèvres avant que leur présence n'écrase toute forme de contradiction. Implacables marteaux de la Justice, qui semblaient inspirer le Droit avant même d'avoir commencé à l'étudier. C'était tout du moins ce qui se disait de Sinclair, depuis que Don avait mis son premier pied dans le tribunal d'Exeter. Ignorant tout des vieilles familles, des vieilles querelles, tout fraîchement placé lui-même
à droite de Morris. Le poil qui commençait tout juste à poivrer mais déjà renard, il avait mené sa petite enquête, Mattheson. Connaître ses amis, oui, mais connaître ses potentiels ennemis était bien plus judicieux. Gravir les échelons dans un tribunal n'était pas compliqué pour un homme comme lui. Se faire une place à la Défense un jeu d'enfant. Etudier ses adversaires était venu tout aussi rapidement, au terme de longues conversations entre deux couloirs, et de nombreuses projections astrales dans le confort de son bureau. Des litres et des litres d'encre qui avaient coulé dans ses petits carnets personnels, tous dénotant des éléments qui seraient bons à connaître à l'avenir. L'un des juges était corrompu, l'autre avait une relation familiale assez difficile, l'un des procureurs avait tendance à avoir une vie amoureuse plutôt mouvementée, deux des greffiers misaient un peu trop gros lors de leurs sorties poker... Au fil des années, d'observation, de sociabilisation, Don avait réussi à collecter suffisamment d'informations pour avoir une excellente idée de qui s'y trouvait. A deux exceptions près : Susan Love, et Lazare Sinclair. Pour ceux deux-là, la tactique avait très vite dû changer. Ceux qui n'ont rien à cacher le montrent régulièrement très souvent. Un simple sourire, une franche accolade, et le tour était généralement réglé. Mais les deux marteaux de la Justice, eux, n'avaient pas été aussi faciles à régler. L'apanage de ceux qui savent très bien garder leurs secrets.

Le renard était devenu gris, et Susan Love était toujours inaccessible, malgré certains rapprochements dont ils ne parleraient pas même sous la torture. Quant à Lazare Sinclair, il était toujours un mystère. Bien plus proche, lui aussi, Don s'étant trouvé plusieurs fois dans les couloirs au bon moment, avec le bon mot pour réussir à se frayer un passage dans les papiers du procureur. Il faisait un excellent adversaire, dans une cour de Justice. Sa droiture implacable en contraste avec les méthodes peu conventionnelles du renard, ses plaidoiries d'une perfection méthodique se heurtant régulièrement au museau gris, toujours à la recherche d'une faille dans laquelle s'engouffrer. Antinomiques et parfaitement complémentaires. Approcher le mystère inénarrable qu'était Sinclair n'était finalement pas si compliqué pour un homme comme Don : il suffisait de prouver qu'il avait la valeur suffisante pour être non pas un ennemi, mais un égal. C'était tout du moins comme cela que Don avait fini par considérer le Mystère. De ce sentiment d'égalité, de ce respect mutuel pour la valeur de l'autre qui était nés de ces années de combats acharnés dans les différentes cours de ce petit tribunal.

Et pourtant, malgré l'amitié qu'ils avaient fini par entretenir au fil du temps, Lazare Sinclair était toujours un mystère. De ceux qui finissent par s'infiltrer entre chaque cellule de matière grise, grattant la curiosité sans s'arrêter. Parce que Don avait beau chercher, observer, écouter, il n'avait toujours aucune idée des secrets que l'homme pouvait conserver à l'abri de sa tête bien trop droite. Et Old Boy connaissait suffisamment les travers de l'humanité pour savoir que cela signifiait que ses secrets étaient bien plus importants qu'une simple addiction aux jeux, ou deux trois relations extra-conjugales. Avait cru réussir à gratter la surface du bout de l'ongle, lors de quelques conversations où il avait fini par voir quelques aspects plus personnels du bonhomme. Son incompréhension de certaines formes d'ironie, sa difficulté, des fois, à se faire lui-même comprendre des autres. Une tête trop droite, trop bien façonnée, souffrant parfois d'avoir été trop étriquée. Et s'il avait cru pouvoir percer l'un des secrets du Mystère au cours d'une soirée trop arrosée, c'était lui qui avait fini par révéler l'un de ses plus inavouables. Un paradoxe dont il se rappelait quelque fois la chaleur, dont il savait pourtant qu'il était parfaitement bien gardé. Lazare Sinclair était un mystère, de ceux qui gardent aussi bien leurs secrets que ceux des autres. Un rapprochement qui aurait pu froisser leur amitié, mais qui, au final, n'avait eu aucune incidence dessus. Parce que Lazare était un homme droit, et un excellent ami. Et que le renard, pourtant d'ordinaire très méfiant de la nature des hommes, avait décidé de lui faire confiance.

La confiance. Quelque chose qu'il ne donnait que rarement, en particulier avec ses fonctions au sein des Cyclops. Malgré la loyauté indéfectible que pouvaient prouver quelques uns, ce n'était pas ça son problème. Même ceux en qui il avait le plus confiance pouvaient se trouver dans une situation délicate, et l'effet papillon ne lui était plus inconnu depuis longtemps. Ce qu'il s'était passé cette soirée précisément était l'exemple type de ce postulat : tout aurait dû bien se passer. Le plan était parfait, idéal même. Le genre d'expéditions où l'équipée était supposée entrer, réclamer son dû, et partir aussi sec avec le matériel. Mais toute la confiance du monde n'aurait pas suffi à empêcher le bain de sang. C'était ça, de laisser sa chance au jugement d'Irish sur les recrutements. Parce qu'Old Boy était "trop pince" parce que les recrutements étaient "trop compliqués" parce qu'il "faut faire entrer du sang frais, on s'en fout des vérifications ou des tests, faut bien que les nouveaux gars se fassent la main sur un truc". Une chance que Colorado et Little Fly aient réussi à encadrer le merdier. Une autre que Little Fly ait eu le courage de lui avouer l'inavouable. Mais maintenant il se retrouvait avec un double problème : un bain de sang, et un kidnapping. Et tout ça n'aurait jamais dû arriver. Et Irish ne répondait toujours pas à ses appels.
Ses yeux marrons s'étaient posés sur la bouteille de whisky pur malt qui lui avait été apportée le matin même en guise de remerciement pour une affaire particulièrement bien plaidée. Les magistrats n'étaient pas supposés accepter de cadeaux de cette nature, encore moins de l'alcool, mais cette bouteille l'appelait et il n'avait aucune envie de la vider avec qui que ce soit qui se rapproche des Cyclops. Et si sa main avait tremblé en l'approchant, la gorge sèche en se disant qu'il pourrait parfaitement la vider dans la chaleur confortable de son bureau, une toute autre idée lui était venue en tête. Il n'avait pas besoin d'être seul. Lazare Sinclair ne s'était pas pointé au tribunal depuis des semaines, et si son remplaçant faisait un boulot à peu près décent, il n'était pas son ami. Le respect avait valu qu'il ne pose jamais la question quant à l'absence du Mystère Sinclair. La réponse qu'il reçut, et surtout, celle qu'il reçut à la question du dépôt de plainte, en souleva une myriade d'autres. Décision était donc prise. Il s'attaquerait à un autre problème, pour s'éclaircir les idées pour résoudre le premier. C'était comme ça que le renard travaillait le mieux.

Rendez-vous pris chez Johnson's, le steak house où il allait régulièrement quand il avait besoin de sortir de l'univers étriqué des deux vies qu'il menait. Généralement seul, rarement accompagné, en témoignèrent les haussements de sourcils circonspects d'un staff qui connaissait bien Don Mattheson. La nonchalance de l'habitué, en tirant sur sa cravate pour mieux défaire les deux boutons du haut de sa chemise, en commandant le plat qui n'était bien évidemment pas inscrit au menu pour lui et son invité et en prenant enfin le temps de souffler réellement. Deux bières qui en devinrent quatre sur la petite table en formica, et l'impression de sentir ses nerfs enfin se décanter. Sinclair était en forme, même si les blessures qu'il pouvait voir sur son visage attestaient du contraire. Des plaies caractéristiques d'un combat bien plus musclé qu'une simple bagarre à la sortie d'un bar, suffisantes pour envoyer n'importe qui au tapis pendant un moment. La réponse du style "tu aurais dû voir l'autre gars" lui était revenue en mémoire, en apercevant ces plaies. Avait mis la puce à l'oreille du renard gris, lui rappelant à quel point Sinclair excellait en matière de secrets. Il n'en fit pas cas, pas tout de suite. Pas au cours du repas, en tout cas. Mais, une fois les consommations achevées pour finir la soirée en plus petit comité, il ne jurerait pas de ne jamais poser la question. C'est pas beau, de jurer, disait toujours Ma Mattheson.

Il n'avait jamais mis un pied chez Lazare Sinclair. Connaissait la maison pour être passé plus d'une fois en repérage dans le secteur, réputé pour être un vivier de ces barjots de la Garde de l'Aurore. Bouteille de malt à la main, un sifflement admiratif en découvrant les lieux. Une propreté et un ordre impeccables, chirurgicaux, reflets parfaits de l'image que rendait déjà Sinclair d'ordinaire. L'impression de ne pas du tout être à sa place dans ce décorum, avec ses gestes approximatifs, son Stetson et ses bottes. Celle qui prouvait au renard qu'il était parfaitement là où il devait être.

-Alors c'est à ça qu'elle ressemble, ta tanière.

Un regard circulaire sur les meubles -fonctionnels-, la disposition des pièces -fonctionnelle- et les décorations -rares-. Autant de notes qui vinrent s'ajouter à ses carnets, habitude si imprégnée dans son ADN qu'il ne s'en préoccupait même plus. Trop occupé à tout planifier, comptabiliser, organiser. On avait bien vu ce que ça pouvait donner. Il passa une main sur son visage, tira son chapeau de ses mèches grises et chercha un endroit où le poser. Un petit meuble à l'entrée, où l'objet atterrit avec une précaution sincère. Ses doigts coururent le long du bois jusqu'à un petit cadre. Il observa les personnes qui se trouvaient sur la photo, reconnaissant vaguement des visages bien jeunes. Etaient-ce eux, les Sinclair ? Ils avaient tous l'air austère. Pivotant sur ses talons, il finit par suivre le maître des lieux docilement, sa bouteille toujours en main. L'atmosphère de l'habitat était à l'image de son propriétaire : mystérieuse. Les yeux gris sautant d'un manque de détail à l'autre, il prit note de la preuve manifeste de ce qu'il pensait. Tout était trop organisé, trop propre. A se demander si c'était bel et bien la preuve du côté un peu militaire qu'il avait toujours trouvé à l'autre homme, malgré son costume de procureur, ou si l'impression était voulue. Les secrets les mieux gardés sont ceux qui ne se remarquent qu'à peine.

-Maintenant qu'on n'y est plus, tu peux tout me dire : ce steak était à tomber, hein ?

Un haussement de sourcils goguenard, il était sûr de la réponse. Leva la bouteille de whisky pour que son compagnon puisse l'apercevoir, lui demandant d'un murmure où il rangeait les verres pour ne pas interrompre le cours de la conversation. Suivant les indications de Lazare, les doigts fins du Cyclops s'emparèrent des récipients et il suivit le mouvement là où le procureur souhaitait l'entraîner. Un million d'informations plein la tête, la bière insuffisante pour chasser les problèmes du gang et toutes les questions qu'il se posait. Boire lui ferait du bien. Il n'attendit pas qu'on le guide d'avantage pour s'asseoir sur le canapé et servir deux verres de poison. Tinta le fond du sien contre celui de son compagnon.

-A cette soirée, et à ta bonne santé ! En parlant de ça, tu me racontes comment ça s'est passé, ça ? Ca a l'air douloureux.

Joignant le geste à la parole, il désigna son propre visage d'un mouvement circulaire de l'index, accompagnant le "ça" qui le rendait aussi curieux. Des blessures qui avaient éveillé sa curiosité, dont il espérait avoir un résumé bien plus approfondi maintenant qu'ils étaient en petit comité. Suffisamment bien soignées pour que la convalescence ait l'air de bien se passer, mais il était certain que l'étendue des dégâts était bien plus marquée, en témoignaient certaines grimaces de douleur qu'il avait pu apercevoir sur les traits de Lazare. Old Boy était bien trop habitué à voir des éclopés tous les jours pour ne pas se poser de questions. Glissa ses lèvres dans son verres, laissa sa langue claquer d'appréciation en sentant le poison lui brûler la poitrine. Et se laissa glisser plus confortablement dans le canapé, un regard gris luisant de malice fiché dans les yeux noirs de Sinclair.

-J'ai assez vu de blessés dans ma carrière pour savoir que tu as peut-être un peu enjolivé les choses dans ton message, Sinclair.

Un regard malicieux, qui en disait long. Je t'ai pris la main dans le sac à mensonges, et je n'ai pas l'intention de te lâcher avec ça. Restait à savoir si Lazare allait rester le Mystère qu'il était pour le monde entier, ou s'il allait commencer à partager certains de ses secrets.
Et dans le doute, la bouteille allait certainement aider.




difficult-looking legal books stand in a formidable row. They mock me. I tried reading one, and it made my head hurt. When I closed it, it slipped out of my hand. Then my foot hurt too.
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Lazare Sinclair
- la grand-mère à moustache -
Lazare Sinclair
- la grand-mère à moustache -
damné(e) le : o28/12/2020
hurlements : o1661
pronom(s) : oshe/her.
cartes : o(av/icons) fürelise (cs/sign) tucker, blondieressources.
bougies soufflées : o44
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people are strange
Il avait fait une promesse en s'installant dans le confort – incertain – de son duplex ; à son médecin improvisé, de faire le moins d'effort possible et ne rien faire de stupide. Il ne faisait jamais rien de stupide, et quoique le consensus puisse décrire concernant son altercation avec l'homme le plus dangereux de la ville, et certainement ses alentours, il ne considérait pas la décision comme stupide. La Mission n'avait rien de stupide, et quoiqu'il ferait pour la remplir était à écarter de ce mot si trivial – presque vulgaire à ses yeux. Il n'était donc que peu sorti, seulement de quoi remplir quelques formalités et rendre visite à Ruben entre deux missions de télétravail. Il avait parfois besoin de le voir, de profiter de sa candeur dans ces instants où le reste de son monde cessait de tourner convenablement. Le photographe semblait souvent occupé, et les raisons étaient longues et souvent ponctuées d'explications qui le faisaient toujours sourire tendrement ; il l'aimait ainsi, passionné et inarrêtable. Le cœur rempli de sa présence, il avait décidé de le laisser tranquille, et retourner à ses affaires. Il était en arrêt, mais cela ne signifiait pas qu'il n'avait aucun travail à achever. La partie la plus secrète de sa vie avait été confiée à Gabriel, à qui il avait donné bien trop d'indications, en sachant pertinemment qu'il finirait par râler d'être ainsi traité comme un enfant ; mais il était incapable de s'en empêcher, ressentait inlassablement le besoin de tout encadrer au mieux, certainement pour le protéger également. Il avait confiance en son frère, mais comment prévenir de son impulsivité s'il n'était là pour superviser ? Le repos ne concordait pas avec les besoins, ni les envies, de Lazare, et il lui fallait sans cesser être actif pour ne pas broyer du noir. Laisser les rennes à son frère à cause de ses blessures était un véritable crève-cœur, mais un mal nécessaire à son rétablissement. Il avait fini par lui laisser de l'air, à lui également, et s'était concentré sur sa vie plus publique : le tribunal.

Il n'y avait pas remis les pieds, et l'idée que l'on puisse lui poser des questions concernant son état l'emmerdait d'ores et déjà. Les rumeurs devaient déjà aller bon train, mais il ne les entendait pas ; ce n'était pas comme s'il n'en était pas victime depuis son arrivé aux fonctions de procureur général. Lui restait-il seulement un allié au sein de cet ordre ? Il pensait que oui, mais aucun qui ne puisse lui venir en aide dans son repos forcé. La confiance qu'il avait accordée à certains visages – peu nombreux – n'était pas entière, et ne pouvait s'étendre au-delà de ce qu'il ne pouvait dévoiler à d'autres que sa famille. En ce sens, et malgré les questions qu'il savait qui viendraient sur le fil de la conversation, il avait été ravi de voir le nom de son ami s'inviter sur l'écran de son téléphone. L'invitation avait été des plus alléchantes, et sortir ne pourrait que lui faire du bien ; loin du regard de ceux qu'il aurait à côtoyer par la suite. Don Mattheson. Il se demandait si son apparition soudaine n'était dû qu'à la recherche d'une compagnie, et il n'était pas à blâmer, ou s'il ne s'en servait que pour avoir des réponses à tout ce qui se chuchotait entre les murs froids du tribunal.

Qu'est-il arrivé à Lazare Sinclair ? Pourquoi est-il absent ?

Il n'avait envie de faire aucun effort pour masquer les apparences, et aurait certainement refusé de se joindre à lui s'il n'avait pas ressenti ce respect pour lui, et cette envie de se frotter à une personne qui en valait la peine. Il n'appréciait que peu la compagnie des autres, mais trouvait de la satisfaction dans celle de l'avocat. Un sentiment qu'il n'était pas en capacité d'expliquer, mais qui lui importait peu. Il n'avait que peu d'amis, et il n'était plus certain de pouvoir compter Ruben parmi eux depuis bien longtemps déjà ; et c'était peut-être ce dont il avait besoin ce soir-là, d'un ami.

Il l'avait suivi, s'était rendu à l'adresse indiquée en essayant de ne pas trop se montrer, aucune envie qu'on vienne à sa rencontre. Il voulait, plus que jamais, qu'on lui foute la paix. Il n'était pas mal à l'aise, seulement désireux de passer la soirée sans avoir trop à réflechir – ses dossiers lui occupaient déjà assez l'esprit comme ça – à l'inverse, Don était à l'aise, presque chez lui. Si le procureur n'avait jamais mis les pieds dans cet établissement, ce n'était visiblement pas le cas de Mattheson, qui aurait presque pu poser les deux pieds sur la table et donner des ordres. Lazare était spectateur de ces choses-là, de l'air entendu de chacun des serveurs, servant clairement un habitué, aux boutons que l'ami déboutonna pour déclarer la fin de la journée de travail. Il ne sut si l'effet venait de la nonchalance de son vis-à-vis, mais il se sentit plus détendu, et de bien meilleure humeur que ces journées enfermées à ne pouvoir avoir la main sur sa vie habituelle. Il serait certainement revenu sur son invitation dans le cas contraire, se serait excusé en prétextant avoir besoin de repos, et l'aurait laissé repartir, sa bouteille à la main.

Il n'invitait que peu de monde chez lui. Il n'y avait rien de secret, pourtant, tant que personne ne fouillait les pièces de l'étage en profondeur ; Lazare était assez intelligent et méthodique pour ne rien laisser trainer de compromettant, même en sachant que personne ne viendrait lui rendre visite. Il n'était, pourtant, jamais à enchanté à l'idée de laisser qui que ce soit pénétrer son intimité ; l'endroit n'était foulé que par ses frères, et Ruben. Il avait accepté Ari, en cas de besoin, pour ses soins, mais c'était bien là l'exception. Il se tourna vers Don en l'entendant reprendre la parole, en le suivant dans le salon. « — C'est indéniable, merci pour l'adresse. » Il avait dit cela comme s'il comptait y retourner, et après tout, pourquoi pas ? Il n'en dit pas plus, jamais prompt à s'étaler sur ses goûts. Il pointa du doigt le coin bar où Mattheson pourrait trouver des verres, et le suivit du regard, surprit de ne pas être gêné de le voir prendre ainsi ses marques chez lui. Il fit sa route jusqu'au canapé pour y inviter son visiteur, et accepta le verre offert avec un signe de tête en remerciement.
Il trempa les lèvres dans le breuvage, fit une moue appréciative et arqua un sourcil en entendant la question tomber enfin. Il s'était étonné de ne pas encore l'avoir entendue, et n'en fut pas pincé. Il se pencha légèrement en avant, le dos légèrement plus vouté qu'à l'habitude, certaines de ses blessures l'empêchant de tenir la position droite trop longtemps. Il s'y efforçait, mais les cotes étaient toujours douloureuses malgré le temps. Il se faisait à la douleur, ne s'en plaignait pas, et l'acceptait assez facilement, mais l'alcool n'avait encore rien anesthésié, et il se sentait légèrement fatigué par tout. Il allait répondre à son interrogation, mais attendit qu'il reprenne la parole pour le faire. Il aimait son honnêteté. « — J'ai plutôt envie de te demander pourquoi tu as croisé tant de blessés dans ta carrière. » La ville était assez rude pour que chaque client du cabinet soit cabossé, mais n'était-ce que cela ? Il se passa la langue sur les lèvres, réfléchissant à ce qu'il était en mesure de lui délivrer ou non ; un choix difficile entre alcool et relation, peu désireux de s'enfoncer dans son mensonge, mais incapable de lui dire la vérité.

Il ne pouvait voir que les blessures apparentes, celles sur son visage et les plus invisibles qui le faisaient grimacer sous les vêtements. Mais Lazare savait que son invité n'avait pas besoin de les voir pour les deviner plus encore ; il l'avait vu dévêtu, il avait déjà eu l'occasion de voir les nombreuses cicatrices sur sa peau, les striures sur son dos, ces marques qui semblaient caresser ses muscles. Il aurait pu se faire passer pour un fauteur de troubles, et justifier ses blessures – même les plus anciennes – par son impulsivité ; mais il était assez connu pour ne pas être de ceux-là. « — Tu me crois si je te dis qu'il m'arrive d'être un peu trop bagarreur ? Il faut croire que je suis tombé sur plus fort que moi. » Ce n'était pas un mensonge ; pas exactement, plutôt une fausse vérité. Parlait-il de la bataille qu'il avait eu contre le wendigo, ou de celle qu'il s'apprêtait sûrement à avoir avec Don, s'il s'engageait sur ce terrain ? L'arme serait les mots.
Il s'enfonça de nouveau contre le dossier du canapé, et posa son bras contre ce dernier en pivotant le torse vers lui, sans montrer sur son visage la douleur que le mouvement lui provoqua. « — Mais est-ce pour cela que tu es ici ? J'imagine que les rumeurs sont déjà omniprésentes au tribunal, mais je te vois mal jouer à leur petit jeu. Tu vaux mieux que ça. Alors, est-ce l'ami qui pose la question, ou l'adversaire ? » Il reprit une gorgée de sa boisson en l'étudiant de haut en bas, le scannant avec attention comme pour montrer qu'il ne comptait pas se laisser analyser sans répliquer. Il eut ensuite un rictus énigmatique, et leva sa main libre pour l'empêcher de répondre immédiatement, il la baissa ensuite en s'humectant les lèvres, reprenant de ce même ton qu'il employait dans l'intimité. « — Laisse-moi reformuler ma question : combien de verres comptes-tu me faire boire avant d'attaquer sur des questions plus pointues ? » Et l'interrogation n'était pas une attaque, seulement, peut-être, pour ceux qui ne connaissaient pas assez Lazare pour différentier ses différents types de comportement. Il avait la posture plus droite que quelques minutes en arrière, mais détendu, comme parlant de la pluie et du beau temps avec un ami de longue date.



BURN WITH ME TONIGHT
i got all i need, when you came after me. fire meet gasoline, i'm burning alive and i can barely breathe, when you're here loving me, fire meet gasoline, burn with me tonight.
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Don Mattheson
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Don Mattheson
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people are strange
Les murs de cette demeure austère respiraient toujours de ce mystère qui entourait tout ce que faisait ou représentait Sinclair. Les yeux noisettes avaient beau être posés sur le profil aquilin du maître des lieux, ils ne pouvaient s'empêcher de continuer de scanner sans relâche les alentours. On ne pouvait pas prétendre que la demeure était sans personnalité, on pouvait par contre reconnaître qu'aux endroits où beaucoup s'attacheraient à y montrer un peu de la leur, Lazare n'avait pas fait cet effort. On ne s'y sentait pas mal, mais on ne pouvait pas s'y sentir bien non plus sans connaître un peu l'homme qui y habitait. A l'image de ce dernier, une distance était marquée entre la personne et l'intime. Don se demandait si tel était le cas pour la totalité de l'habitation, ou s'il ne s'agissait encore une fois que d'une façade. L'impression d'une neutralité parfaitement agencée, où rien n'y personne ne pourrait glaner la moindre information potentiellement incriminante. A bien des égards, la même qu'il avait eue en rejoignant la "maison" de Susan Love. Un lieu de vie qui reflétait tout ce qu'elle souhaitait montrer à sa société, mais qui, ultimement, manquait de tout ce qui pourrait la frôler directement. Et le renard aimait les mystères, au moins autant qu'il aimait un bon vieux challenge une fois de temps en temps. Curiosité mal placée, innée, ou l'envie d'en savoir plus sur un homme qu'il estimait comme un ami ? L'esprit trop habitué à chercher toutes les failles, il ne saurait le qualifier. Peut-être un mélange des trois, titillées par la frustration de n'avoir aucune résolution quant à la kyrielle de questions qu'il se posait vis à vis de Sinclair. De quoi le galvaniser d'autant plus à en poser directement quelques unes, de ces interrogations. Plus une situation était compliquée, et plus le renard aimait y fourrer son museau.

Sans parler du fait que ça l'aidait à faire la part des choses sur une toute autre situation toute aussi épineuse, sinon plus. Le fiasco qu'avait été cette soirée toujours en fond de pensée, jamais noyé par les quelques gouttes d'alcool qu'il avait déjà englouties. L'illusion d'être un peu plus touché par ces dernières accentuée par des gestes un peu plus lâches, plus amples. Souvent l'air vaguement pompette, une image qu'il avait apprise à renvoyer à l'ennemi pour assoupir sa méfiance. Mais les idées étaient parfaitement claires, sous les mèches grises. Le mécanisme de défense naturel l'avait accompagné jusqu'entre ces murs, jusqu'à ce canapé dans lequel il s'enfonçait un peu plus. Croisa ses grandes pattes en sirotant son breuvage, un rictus goguenard sous sa moustache grise. Ses gestes avaient beau être faussement imbibés, son regard, lui, était toujours aussi vif. Il haussa un sourcil à la mention de sa carrière ; l'intonation appuyée de Lazare en disait bien plus long que tout ce qu'il aurait pu ajouter. S'autorisa un pouffement derrière son verre de malt, laissa Lazare gagner -partiellement- cette bataille :

-Je suis attaché à la Défense, n'oublions pas.

Mais quelle défense, au juste ? Là était tout son mystère, dans cet aveu sous cape. Volontairement vague, pour ne pas avoir à dévoiler toutes ses cartes, juste quelques unes d'entre elles. Lazare était un homme de mystères, et Lazare n'avait pas non plus répondu totalement à ses interrogations. Et s'il s'était plusieurs fois demandé si le procureur n'était pas capable de comprendre mieux que quiconque d'autre ce que c'était, d'être entièrement différent de l'image qu'ils projetaient au reste du monde, ils n'étaient pas encore arrivés au stade de leur relation où la confiance mutuelle était suffisante pour ce genre de confessions. Pas faute d'avoir envie d'avoir un véritable ami sur lequel compter. Marlon était ce qui était le plus proche d'un frère, pour le Cyclops, mais il n'avait jamais franchi le pas en ce qui concernait sa deuxième nature. Kade avait beau être un ami d'enfance, leur relation était bien trop inégale et l'homme trop instable pour se permettre de lui confier ce genre d'information. Et il y avait Irish. Un frère distant avec lequel il partageait l'autre facette de sa vie, mais qui était condamné depuis des années à y rester. Don savait qu'il était lui-même condamné à avancer seul et il en avait pris son parti. Mais quelques fois, il se demandait ce que ça ferait d'avoir un véritable ami capable d'entrevoir non pas l'avocat, ni le Cyclops, mais l'homme dans sa totalité.
Est-ce que c'était parce que son instinct lui dictait que Lazare et lui étaient probablement dans un bateau similaire ? Peut-être. Mais tant qu'il n'était sûr de rien, il préférait rester vague et profiter de ce que le procureur acceptait de lui donner. Toujours aussi méfiant.

Pourtant, une bribe de vérité tomba entre eux. Un aveu de Lazare, confirmé par toutes les marques que Don avait pu voir sur la peau du procureur lors de leur rapprochement. Des blessures plus ou moins anciennes lézardant les muscles qui amplifiaient le Mystère Sinclair. L'homme avait beau être entouré d'une aura de puissance, à chaque fois qu'il marchait dans les couloirs du tribunal, personne n'aurait pu se douter de tout ce qui se cachait sous son costume parfaitement taillé. Il n'en avait rien dit, l'avocat, était mal placé pour le faire. Lui-même avait beaucoup de squelettes dans son placard qui avaient laissé leur empreinte sur son propre épiderme. De vieilles traces de lutte acquises au cours de sa carrière à la défense, partagées entre les coups de couteau et de feu. Aucun des deux n'avait dit quoi que ce soit. Aucune des deux n'avait à dire quoi que ce soit. Aussi, quand l'aveu tomba, Don n'en dit rien de plus. Abaissa seulement son verre pour plonger son regard dans les iris noirs du procureur, hochant sincèrement la tête.

-Je te crois.

Le témoignage concordait avec les preuves, pour l'avocat, le jugement était évident. Restait que les marques, sur le visage de Lazare Sinclair, n'avaient de toute évidence pas été faites par des lames ou des coups de poing. Mais si Lazare ne souhaitait pas s'étaler d'avantage sur les détails, il n'était pas homme à insister. Pas tout de suite, en tout cas. Conscient que la conversation prenait un tour terriblement sérieux, il relâcha les iris d'encre pour se consacrer à son verre avec nonchalance. Prit note mentale des éléments en laissant à Lazare tout l'espace dont il pourrait avoir besoin pour relâcher à son tour la pression. Une multitude de nouvelles questions s'additionnaient aux autres, sous les mèches grises, mais elles ne sortiraient pas de là. Par respect. Pas tout de suite, du moins.

Du mouvement, dans sa vision périphérique. Le nez toujours plongé dans son whisky, le renard suivit attentivement chaque mouvement de son comparse. Malgré la question, Lazare semblait se mettre plus à l'aise. Reprit la conversation sur un ton plus abrasif, qui ramena les yeux noisettes sur son visage. La notion d'ami ou d'adversaire aiguisa un rictus sous les moustaches grises. La conversation venait de prendre une tournure tout à fait inattendue, nettement plus tendue. Il allait répliquer du tac au tac, aperçut la main levée dans sa direction, se ravisa. Laissa à l'homme tout le temps de trouver ses mots et d'apaiser presque aussitôt les esprits. Don l'écouta attentivement, conscient du regard méthodique du procureur. L'impression que l'autre homme essayait de voir à travers sa peau pour savoir si c'était du lard ou du cochon. Il prit le parti de n'en faire aucun cas, parfaitement dans son élément. Ricana à la mention des verres, finit par adopter la même position que son compagnon. Tourné vers lui, le bras en travers de son accoudoir. La seule différence fut ce poing qu'il cala sous son propre menton, pour y soutenir sa tête. Les yeux noisettes, malicieux, dardés sur le visage de l'adversaire.

-Te méfierais-tu de moi, Lazare ?

Une question rhétorique. Un autre ricanement. En guise de bonne foi, il tendit le bras pour déposer son verre sur la table basse avant de reprendre confortablement sa position ; le regard toujours braqué sur le visage de Sinclair. La question aurait pu en déstabiliser beaucoup, mais pas Old Boy. Il était habitué à bien pire que ça.

-L'ami. L'adversaire t'est réservé lors des jugements, même s'il a lui aussi regretté ton absence. Ton remplaçant a beau être compétent, il ne t'arrive pas à la cheville. Quant aux rumeurs, je dois t'avouer que j'ai été plusieurs fois tenté de croire celle qui te prêtait une fuite aux Bahamas à dos de tortue. La plus crédible de toutes.

Parti pris, de répondre à la première question et d'éluder la seconde. Il pouffa devant la rumeur, l'une des plus folles qu'il ait pu entendre dans les couloirs du tribunal. Lazare avait raison, elles étaient plus que nombreuses. Mais aucune d'entre elle ne s'approchait de la vérité qui s'étalait devant ses yeux. Encore moins de celle qui faisait grimacer Lazare à chaque mouvement un peu trop hasardeux. Le renard s'offrit une minute de répit, s'arrachant à son étude minutieuse de l'autre homme. Ecarta sa tête de sa main pour jouer distraitement avec ses mèches grises, avant de reposer son regard dans les iris sombres.

-Pour les questions, par contre, je ne peux rien te répondre. Ca dépendra du temps que nous allons mettre à finir cette bouteille, du cours de la soirée, de la pluie ou du beau temps. Quoi qu'il en soit, ce cadeau est une pomme empoisonnée que je ne peux absolument pas ramener avec moi, nous sommes forcés de l'achever. Si un greffier me choppe avec ça, je suis bon pour un avertissement. Désolé.

A son sourire plein de dents, à l'éclat de malice dans les yeux noisettes, tout concordait à prouver qu'il ne l'était absolument pas. Une vibration l'empêcha de s'installer plus confortablement, au niveau de sa cuisse. Le sourire s'affadit alors qu'il reprenait son téléphone dans une excuse soupirée, s'éteint finalement en lisant les quelques caractères sur l'écran. Barbie. L'enfant. Les problèmes. Il s'était attendu à ce que Little Fly fasse profil bas toute la soirée, mais le programme n'avait visiblement pas été convenu avec tout le monde. Et son infirmier commençait déjà à négocier des termes qu'Old Boy n'avait pas prévu de considérer avant la matinée. Le regard bien plus froid, ses doigts fins s'activant rapidement sur l'écran tactile. Quelques minutes à peine, pour couper court à la conversation. Et Barbie qui venait de l'acculer avec un traditionnel "mais à toi de me dire, boss, tu sais que je te suis". Les propositions avancées par l'infirmier étaient soigneusement réfléchies, l'argumentaire soigné. Et si Old Boy détestait quand il se retrouvait acculé de la sorte, l'alternative qu'on lui proposait était bien plus envisageable que de revenir au QG pour récupérer lui-même l'enfant. Conscient d'avoir cédé trop vite, agacé par l'attitude de son subalterne. Un point final aux messages, torché en cinq minutes par un Cyclops qui avait perdu tout son masque de charme et de sourires devant Lazare. Le débat clos, le téléphone retourna dans la poche de son jean. Don soupira lourdement, l'impression qu'un poids de plusieurs tonnes pesait sur ses épaules. Il se pencha en avant pour engloutir le fond de son verre et se resservir, avant de tendre la bouteille dans la direction de Lazare pour en faire de même. L'ombre d'un sourire las, et l'impression d'avoir pris plusieurs années dans les dents.

-Désolé pour ça. C'est réglé, nous aurons la paix pour toute la soirée.

Il attendit que Lazare réponde ou non à l'invitation d'être resservi, agit en conséquence. Quand il reposa la bouteille sur la table basse, ce fut pour caler ses coudes sur ses cuisses, et son visage au creux de ses paumes. Un nouveau soupir. Cette maudite soirée qui se heurtait au contact frais sur sa peau, aux doigts qu'il glissait à présent dans ses mèches grises. Comme pour remettre son masque, maintenant qu'il était tombé. Pas sûr que l'illusion fonctionne à nouveau. Toujours penché en avant, il finit par jeter un coup d'oeil par dessus son épaule, en direction du procureur. Hasarda un désabusé :

-Toi aussi, ça t'arrive d'avoir parfaitement prévu quelque chose et au dernier moment paf, y'a tout qui fout le camp ?

A en écouter les bruits de couloir, Lazare Sinclair était la représentation même de la perfection. L'homme le plus organisé, le plus méthodique, le plus pointilleux qui puisse exister dans ce tribunal. Mais Don avait la preuve  physique du contraire sous les yeux. Ces plaies sur son visage, cette rixe sur laquelle l'homme ne souhaitait visiblement pas s'étaler. Il finit par reprendre son verre, toujours trop facilement quand on en venait aux Cyclops. La mauvaise habitude de se servir d'une bouteille comme d'une béquille, jusqu'à ce qu'un autre jour finisse par se lever pour chasser le précédent.

-Qu'est-ce que tu fais quand ça tourne mal, toi ?




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Lazare Sinclair
- la grand-mère à moustache -
Lazare Sinclair
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Il ne répondait qu'à moitié aux questions, comme il le faisait toujours. Il ne pouvait s'épancher sur des sujets bien trop délicats ; l'avocat devait le savoir depuis le temps, lui qui avait déjà partagé bien plus de temps avec le procureur que la plupart des éléments du tribunal. Il n'appliquait aucune étiquette sur ce que ça pouvait signifier ; entre amitié et quelque chose de moins palpable encore. L'idée de s'ouvrir à qui que ce soit était une épreuve, même auprès de ses frères, même auprès de Ruben qui pourtant l'accompagnait depuis toujours. Il ne s'agissait pas seulement d'un manque de confiance, l'incompréhension générale était une raison également. Il savait que personne ne pourrait comprendre ce qu'il avait à dire, et comment le pourraient-ils quand lui-même n'était pas certain de ce qu'il racontait ? Il ne savait pas si recevoir quelqu'un comme Mattheson chez lui était une bonne idée ou non, surtout au vu des interrogations qu'ils venaient à lui poser au fil de leurs rencontres, mais il avait besoin de voir du monde – quelqu'un d'extérieur à son quotidien. La curiosité finirait par s'inviter de nouveau entre eux – si ce n'était pas déjà le cas – et bien que l'alcool constitue une barrière entre Lazare et son stoïcisme, il saurait se tenir face au regard rusé de son ami. Il ne s'interdirait pas quelques remarques pour autant, et Don ne lui en voudrait certainement pas, jouant sur le même tableau que son adversaire. Il eut pourtant un sentiment bien particulier face à ces paroles : Je te crois. Il ne put s'expliquer pourquoi, mais ces quelques mots mis bout à bout eurent un effet certain sur lui, comme l'acceptation dont il ne pensait pas avoir et qui pourtant semblait importer en cet instant. Il ne répondit rien, apporta son verre à ses lèvres pour en boire une petite gorgée en attendant de trouver comment retrouver la parole. Il y parvint, plongé dans tout le mystère qu'il représentait, désireux de montrer où ils en étaient, et où le jeu débutait.

Te méfierais-tu de moi, Lazare ?

Il fut étonné d'entendre son prénom venant de lui. Ils ne s'appelaient que par leurs noms respectifs si sa mémoire ne lui faisait pas défaut ; quand avaient-ils passé cette barrière de familiarité ? Il arrêta de se poser la question en repensant à la manière dont s'était terminée la soirée débutée dans le bureau de l'avocat, des mois en arrière. Lazare décida de ne pas répondre verbalement à la question, se contenta d'arquant un sourcil signifiant : réponds à la question.
Il ne fut presque pas reconnaissant en entendant qu'il manquait à la Cour ; si l'idée était plutôt plaisante, cela signifiait également que son travail n'était pas assuré à la perfection, et Lazare ne pouvait accepter le travail bâclé. Il lui faudrait retourner au travail plus tôt que prévu, malgré ses blessures, après avoir menti à son médecin personnel en assurant qu'il s'en sentait capable. En réalité, il se sentait toujours capable de tout, et n'aurait pris aucun congé s'il en avait eu le choix, mais laisser sa santé au détriment de son travail – ou de sa Mission – n'était pas toujours une bonne idée. Ari lui avait bien dit, et répété, qu'il avait besoin de repos pour se remettre de l'attaque. Elle avait été plus rude que bien des combats menés, et il n'en attendait pas moins venant du chef d'un individu tel que Darius Smith.

Il sourit à l'évocation des rumeurs, évidemment il avait vu juste, et eut la confirmation que Mattheson n'était pas de ceux qui les alimentaient. Il en aurait été bien surpris venant de lui. « — Heureusement que les greffiers sont connus pour être peu bavards. » Il releva les yeux vers lui, une nouvelle gorgée versée dans le gosier, et lui rendit son sourire. Celui de l'avocat commença à vasciller face à l'écran de son téléphone. Lazare n'était pas du genre à s'occuper des affaires qui ne le regardaient pas, et n'était pas assez curieux pour poser des questions. Il jouait sa vie à la loyale, comme cette fois où l'homme avait oublié sa malette dans son bureau, et que le procureur ne l'avait pas même ouverte. Il ne changerait jamais cette manière de faire. Il plia alors une jambe dans une position plus confortable, fit une grimace plus forte en sentant une douleur s'éveiller dans ses cotes alors qu'il tendait le bras pour poser son verre. Il fut satisfait que son interlocuteur soit occupé à autre chose, afin qu'il ne voit pas les élans de souffrance passer sur son visage. Les antidouleurs ne faisaient aucun effet, il avait fini par arrêter d'en prendre la plupart, et il semblait que la brûlure du breuvage qu'il buvait était le plus efficace des remèdes.

Il finit par trouver une meilleure position, maintenant totalement tournée vers son ami, une jambe repliée devant lui qui lui donnait un air bien plus détendu qu'il ne l'avait jamais été. Il ne s'agissait que d'une manière de ne pas appuyer sur certaines blessures, mais la position le faisait paraître plus ouvert, moins froid. Il resta ainsi, le visage redevenu impassible en se demandant s'il ne devait pas seulement demander à l'avocat de mettre les voiles ; ils pourraient remettre leur rencontre à plus tard. Mais ils en avaient besoin tous les deux, à en juger par l'expression qu'affichait son vis-à-vis en répondant à des messages qui semblaient épineux. Le procureur hocha la tête pour accepter une nouvelle tournée d'alcool, et reconcentra son attention sur son compagnon de soirée. Il le voyait se décomposer sous ses yeux, le charmant avocat devenir une ombre. « — Regarde mon visage, et tu auras la réponse. » Ce n'était pas totalement vrai, l'attaque n'ayant pas été prévue à l'avance, sans quoi Lazare ne serait pas arrivé avec si peu d'armes en sa possession. Il se serait mieux échauffé, et ne serait allé sur place qu'une fois sûr de son coup ; trouver le wendigo avait été une surprise. « — Je m'en remets à Dieu. » Il se pencha pour attraper son verre en serrant les dents, et but plusieurs gorgées en fermant les yeux pour laisser filer la douleur. L'alcool faisait du bien, il ne devait pas s'y habituer ; son régime lui refusait ce genre d'écart, l'entraînement ne pouvant être repoussé pour des raisons pareilles et ses aptitudes devant rester au plus haut. Mais il ne pouvait s'entraîner convenablement dans son état, et pouvait se permettre cet écart pour la soirée.

Il se pencha légèrement vers lui, se rapprochant, afin de venir poser sa main libre sur l'épaule de celui qui estimait être son ami. Il referma ses doigts autour de son épaule dans un désir de réconfort ; tout va bien se passer. « — On m'a souvent reproché de ne pas savoir faire confiance en mon prochain, et de ne pas demander d'aide quand j'en avais besoin. Et je pense que j'ai raison de me méfier, parce que le monde est cruel, mais il est plus facile à affronter quand on n'est pas seul. » Il eut envie d'ajouter : il paraît. L'hôpital qui se moque de la charité avec un conseil pareil, il pourrait presque entendre ses frères rirent aux éclats en l'entendant dire un truc pareil. Lui qui ne demandait jamais l'aide de personne, qui préférait parfois échouer plutôt que d'admettre qu'il avait besoin de quelqu'un pour l'épauler. Enoch le traiterait sûrement d'hypocrite en l'entendant parler ainsi, mais il n'était pas forcé d'exposer ses erreurs à tout le monde. Michael était l'aîné, celui qui devait venir en aide à ses frères quelle que soit la situation. Il était celui qui devait aider, et non l'inverse. C'était son rôle. C'était ce pour quoi son père l'avait élevé ; et il ne comptait pas le décevoir en réclamant ... de l'aide.

Mais la situation était certainement bien différente dans le cas de Don, et peut-être que tous ses problèmes pouvaient être réglés en étant épaulé, et écouté. Il serra un peu plus sa main sur l'épaule de son ami, puis la retira pour se la passer sur le visage, et prit une gorgée bien méritée. Il soupira ensuite. « — Je ne sais pas quel est le problème, mais il peut peut-être se résoudre à plusieurs mains. Et comme je te l'ai dit, j'ai le bras long. » Il était prêt à lui venir en aide, selon ses dispositions. Il ne connaissait pas la nature de ses soucis, mais en connaissait assez pour savoir que la solution n'était parfois pas bien loin. Il plissa les lèvres en le regardant, incertain qu'il accepte ou non sa proposition, mais ne sut comment lui apporter plus de réconfort. Il n'était pas fort pour ces choses-là, ne savait qu'enlacer Ruben ou jouer le grand frère ; rien qu'il ne puisse utiliser dans des situations pareilles. Il lui aurait bien proposé de sortir, aller danser pour oublier ses problèmes, mais cela ne ressemblait pas à Lazare, et il n'était pas certain d'en être capable ; avec ou sans les marques sur son visage et le risque de croiser une connaissance dans cet état. Il réfléchit un instant et finit par trouver un compromis – sans la danse. « — Tu veux un peu de musique pour te détendre ? » Alcool et musique, n'était-ce pas la combinaison pour cela ?



BURN WITH ME TONIGHT
i got all i need, when you came after me. fire meet gasoline, i'm burning alive and i can barely breathe, when you're here loving me, fire meet gasoline, burn with me tonight.
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Don Mattheson
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Don Mattheson
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Pas assez bourré pour ces conneries. Old Boy pouvait sentir les battements brefs de son coeur contre sa tempe, le whisky n'étant visiblement pas assez imbibé dans son système pour les ralentir. La colère avait toujours tendance à monter trop vite, trop intensément, quand on en venait au gang. Il avait beau prétendre qu'il avait fini par s'y faire, que c'était normal qu'en gérant une troupe de joyeux tirailleurs il était obligé de prévoir qu'il y aurait des couacs, mais ça n'avait pas l'air de réussir à s'inscrire dans sa cervelle. Chassez le naturel, il reviendra toujours au galop. Concilier une vie toute de sociabilité et d'affabilité avec la noirceur brutale du MC avait été un début de solution pour calmer son impulsivité. Mais ça ne durait jamais assez longtemps, encore moins quand l'une des vies commençait à déborder sur l'autre. Comme à présent. Comme maintenant, alors que Little Fly lui rappelait des obligations qu'Old Boy aurait préféré noyer dans l'alcool, jusqu'à temps que les conseils d'un bon coma éthylique lui parviennent aux oreilles. Un absolu de ces deux vies, noyer l'une pour mieux aborder l'autre. La mécanique des fluides, en particulier alcoolisés, avait toujours eu du mérite.
A quelques rares exceptions près. Le téléphone, désormais rangé dans la poche de son jean, lui paraissait brûler sa peau. Engloutir une gorgée, une autre, tenter de ramener son masque sur son visage. Mais que pouvait-il prétendre, alors que Lazare avait assisté à toute la scène ? Dans le salon Sinclair, en compagnie de Sinclair lui-même, il n'y avait pas le confort d'une petite salle en retrait pour réaffirmer sa composition. Un univers inconnu aux codes qui n'étaient pas les siens, dans une situation qui était unique en son genre. Le Mystère Sinclair était bien plus qu'un simple concept, en l'instant présent. Bien vivant, avec sa gueule cassée et le regard sombre que Don pouvait sentir sur sa nuque. Lui laisser un aperçu de la totalité de ce qu'il était pouvait s'avérer bien trop risqué, et c'était précisément ce qui venait de se passer. Comme à chaque fois que les accès de colère se faisaient sentir. Il était peut-être temps de rattraper le tir.

Pourtant, quand Lazare répondit à ses questions, ce fut une toute autre considération qui s'imposa sous les mèches grises. La vérité, c'était qu'il était épuisé. De courir après les autres, de se retrouver à la gestion d'une équipe de bras cassés incapables de suivre les ordres. De devoir se méfier de tout, même de son ombre, avec la peur aux tripes que le moindre mauvais pas précipite toutes ses vies par le fond. Personne sur qui se reposer totalement, plus depuis qu'Irish avait décidé de jouer aux filles de l'air bien des années en arrière. Sourire désabusé, sous la moustache grise. Je m'en remets à Dieu. Un écho à sa propre enfance, nichée tous les dimanche sur les bancs inconfortables d'une petite église en bois au fin fond du Texas. Il renifla, leva son verre dans la direction de l'acolyte pour saluer ses propos.

-Je respecte ça.

Et une nouvelle rasade, parce que c'était vrai. L'aveu de Sinclair n'était finalement pas si éloigné de toutes les informations qu'il avait cumulées sur l'homme. Fils de Pasteur, à ce qu'il avait fini par comprendre. Ca expliquait bien des choses, mais ce n'était pas sur ce point que Don avait décidé de s'arrêter. Lazare Sinclair avait une ligne directrice, morale. Et quand bien même Don n'avait jamais été homme de foi ou n'avait jamais réellement compris l'intérêt de s'enfermer dans une religion comme le faisaient tous ceux de sa famille, bien trop filasse pour se laisser capturer aussi facilement par un Dieu, il restait admiratif de ceux qui en était capables. Etait certain que Sinclair ne demandait ni son avis, ni son approbation, mais ne pouvait s'empêcher de les témoigner malgré ça. Finalement, entre Lazare et son Dieu et lui avec les codes du gang ou la Loi, ils n'étaient pas si différents que ça. A quelques exceptions près.

Une main carrée s'imposa sur son épaule tendue par les nerfs. Elle s'affaissa progressivement sous le contact malgré toutes les défenses érigées par le Cyclops. Un geste tout simple, qui portait pourtant bien plus de messages qu'il l'aurait voulu. Duquel il n'était pas sûr d'avoir tant besoin avant qu'il ne s'impose spontanément. Don ferma les yeux, lâcha un soupir désabusé. Les mots de Lazare Sinclair étaient l'évidence même, mais ils se heurtaient à un problème de taille. Old Boy était bel et bien seul, dans cette histoire. Il y avait bien la loyauté de Little Fly qui entrait en jeu, mais, ultimement, la décision revenait au Vice-Président. Une position qui le serrait au cou telle un étau, la corde de toutes les conséquences de cette soirée s'enfonçant un peu plus dans sa chair à chaque nouvelle bévue. Mais la main de Lazare était réconfortante. Donnait envie de s'y abandonner juste un peu, juste assez pour déposer une partie des armes. Demander de l'aide, hein ? Don se surprit d'en avoir envie. Une pensée fugace sous la fourrure grise, malgré tout le danger que cela représentait. Le Mystère Sinclair était avant tout un homme de loi, l'un des meilleurs représentants de la Justice à Exeter. Mais il cachait lui aussi une multitude de squelettes dans son placard, en témoignaient toutes les blessures, récentes et anciennes, qui striaient son épiderme. L'impression qu'il pourrait comprendre autant qu'il pourrait mettre un point final à tout ce que Don avait bâti pendant des années. Une nouvelle gorgée. Un ricanement désabusé, en réalisant que son corps s'était laissé aller à presser naturellement son épaule au creux de cette main charitable.

-Merci pour ton aide, mais je ne saurais même pas par où commencer pour te l'expliquer.

Un aveu qui n'était pas un rejet, juste un fait. L'envie de saisir l'offre au vol se heurtait à la difficulté d'expliquer une vie toute d'illégalité à un homme de loi. Le meilleur. Il n'en tourna pas moins son visage vers son comparse, lui adressant un sourire désolé. Fut reconnaissant que cette main tendue lui soit retirée par son propriétaire lui-même, l'expression d'une tentation contre laquelle il n'aurait plus besoin de lutter. La proposition suivante était la diversion parfaite pour cesser enfin d'y penser. Il la prit aussitôt au vol. Mais les graines étaient semées, sous les mèches grises.

-Très bonne idée. Je me suis toujours demandé ce que pouvait écouter le fameux Lazare Sinclair sur son temps libre !

Il posa son verre sur la table basse et se redressa rapidement, l'envie de se dégourdir les pattes devenue pressante. Le monde bascula tout autour de lui, lui rappelant que tout l'alcool qu'il avait lapé comme du petit lait jusqu'à présent était bien plus dans son système qu'il l'avait supposé. Il prit une seconde pour laisser le monde retrouver ses appuis -voire son corps-, un nouveau ricanement secouant ses épaules tendues.

-C'est par où ? T'as une préférence ?

Suivant les indications, Don évolua avec un contrôle absolu sur ses gestes malgré son niveau d'ébriété. D'expérience, il avait plutôt tendance à faire l'inverse pour assoupir les suspicions chez ses adversaires. Toujours prétendre être bien pire qu'il ne l'était, mais cette fois-ci, il n'avait ni besoin ni envie de faire cet effort. Porté par Lazare jusqu'à une petite platine, il s'accroupit à côté de la collection de vinyles et commença à faire son choix. Fut agréablement surpris par la sélection qui s'étalait devant son museau. Quelques titres qu'il ne connaissait pas, beaucoup de musique classique à laquelle il s'attendait, mais, cachés derrière, un secret que peu devaient connaître du Mystère Sinclair. Une collection assez exhaustive de vieux groupes de rock des années 80, qui captura immédiatement les yeux noisettes. Laissant passer son plaisir par quelques commentaires admiratifs, il finit par choisir une pochette en particulier. La tira du lot pour la lever dans la direction de son hôte comme pour guetter une validation qu'il n'attendait pas particulièrement. En témoignèrent ses doigts qui tiraient déjà le vinyle de son écrin pour le déposer dans la machine, sans prêter la moindre attention à si Lazare répondit ou non à sa proposition.

-Très bon goût, Sinclair ! J'en reviens pas que tu aies ça, tu sais que leurs vinyles sont introuvables de nos jours ?

Les enceintes émirent un agréable crachement feutré tandis que le motard réglait le son. Un sourire ravi s'étira sur son visage fatigué lorsque les premières lignes de basse se firent entendre. Il s'arracha aux premières notes pour rejoindre son hôte sur le canapé, le cœur déjà bien plus léger. S'effondra sans la moindre grâce à l'extrémité qu'il avait décidé d'occuper, l'attitude de l'homme parfaitement à sa place. Au moins autant que l'alcool qui commençait à pulser plus distinctement dans ses veines. S'installant plus confortablement, il se tourna vers Sinclair, les yeux pétillants. Levant un doigt en l'air pour attirer son attention sur la musique, l'impression d'être revenu des années en arrière.

-T'entends ce riff ? Absolument légendaire. A chaque fois que je l'entends, j'en frissonne. T'es déjà allé à un de leurs concerts ? C'était quelque chose, ces mecs sont des putains de pointure. J'étais à leur concert à Philly pour la tournée qu'ils avaient faite en '88, c'était une sacrée expédition, on avait rien dit à personne, on avait chargé les motos et on s'était tirés avec...

...Irish.

-... Jack. Cette espèce de fils de pute.

Irish, qui brillait par son absence. Irish, qui n'assumait aucune des responsabilités qui lui incombaient. Un grand retour fracassant qui avait fragilisé toutes les fondations de contrôle que Don avait réussi à construire tout seul, avec du temps, avec de l'intelligence, pour permettre au MC de perdurer même alors que le chapter n'avait plus son leader pour le guider. Irish, qui avait tout fracassé sur son chemin comme d'habitude, avait contesté toutes les décisions de son frère d'armes en insérant ses éléments instables dans toute la planification du dernier coup en date. Et était aux abonnés absents quand, inéluctablement, tout était parti en couille. Don soupira, laissant la musique combler le silence, rappelant des moments heureux qu'il n'était finalement pas sûr d'avoir vécus. La solitude était un couperet constamment pendu au-dessus de sa nuque, et il pouvait sentir la morsure acérée de sa lame contre sa peau, ce soir.

-En fait, t'as peut-être raison. Des fois faut savoir ravaler sa fierté et demander de l'aide, même si c'est un sacré effort, encore plus quand t'es pas habitué.

Les graines du doute semées par Lazare avaient fini par germer, sous les mèches grises. Tout lui dictait que cette décision était forcément mauvaise. Il ne connaissait pas suffisamment Lazare pour lui confier la totalité de ses secrets, mais savait que l'homme était fiable. Pour preuve, celui de leur étreinte était passé sous silence, renfermé à double tour dans leur mémoire à tous les deux. Son intuition concernant le genre humain était généralement biaisée, en particulier quand on approchait de sujets aussi sensibles. Mais le procureur lui avait prouvé à plusieurs reprises qu'il était quelqu'un qui jouait parfaitement bien avec les règles. Et s'il avait avoué lui-même être d'un naturel méfiant, en adéquation avec celui du renard, il avait également été capable de lui montrer qu'ils avaient bien plus de points communs que Don aurait pu l'anticiper. Restait à considérer l'éléphant dans la pièce : l'homme était un procureur. S'agitant dans son côté du canapé, Don finit par se rapprocher de son comparse pour mieux lui exposer son dilemme. Réfléchit à la manière d'aborder le problème sans risquer de trop en dévoiler. Et attrapa la bouteille, les verres et tout ce qu'il pouvait trouver sur la table basse pour mieux illustrer la scène.

-Avec "Jack" on gère une équipe de joueurs. Y'en a qui jouent avec nous depuis un bail, qui connaissent parfaitement le jeu, les règles, super loyaux, les meilleurs. A côté, y'a Jack qui a fait entrer une bande de petits nouveaux qui n'y connaissent rien en disant "t'inquiète pas, ça va bien se passer". On a un tournoi, grosse partie ce soir, les anciens, les nouveaux, tout le monde a fini sur le terrain. Forcément, tu te doutes bien que c'est parti en couille, et que Jack n'assumant jamais rien et étant aux abonnés absents, c'est moi qui dois gérer le fait que ses petits nouveaux ont merdé. Sauf qu'en même temps un de mes meilleurs joueurs -on va l'appeler Moustique- a pris lui aussi une initiative de merde.
Moustique a sauvé la partie mais il l'a fait en volant un ballon et en l'embarquant chez lui, sans m'en parler pendant la partie. Il a avoué plusieurs heures après et maintenant, on a un énorme problème : soit on rend le ballon, mais ça risque d'être trop tard et l'équipe d'en face va nous tomber dessus, soit on planque le ballon quelque part et on prétend ne l'avoir jamais vu, soit on tente un coup de poker et on garde le ballon planqué chez Moustique... Mais si ça s'apprend, on se fait totalement virer du tournoi et c'est la taule pour Moustique. Dans tous les cas, il faut absolument qu'on fasse quelque chose de ce ballon. Il n'y a qu'une chose qui est sûre de sûre : il est hors de question de le détruire, ce ballon.


On ne tue pas un enfant. A mesure qu'il filait la métaphore, Old Boy n'arrivait pas à réaliser les paroles qui sortaient aussi facilement de ses lèvres. L'instinct en sourdine, à l'arrière de son crâne, empêchant la majorité des éléments les plus incriminants de s'échapper par erreur dans ses explications. L'image était maladroite, mais suffisante pour se donner une idée de ce qui le travaillait. Et ses doigts s'étaient faufilés rapidement, déplaçant les objets sur la table basse pour mieux donner d'indications visuelles à Sinclair pour qu'il se fasse une idée. Finirent par s'enrouler autour de son propre verre -représentant Jack- pour engloutir les dernières gouttes, un frisson gelé dévalant le long de son échine d'avoir comparé la vie d'une enfant avec un simple ballon. A moins que ça n'ait été de peur, maintenant qu'il avait lâché tout ça en pâture au procureur.

-T'as l'habitude de gérer une équipe, toi ? Parce que j'ai beau avoir des années d'expérience dans les pattes, je n'ai aucune idée de comment aborder tout ce merdier. Sans parler du problème éthique et légal que pose ce foutu ballon.

Le crever aurait certainement été la solution la plus simple. Celle qu'Irish aurait probablement évoquée, s'il avait été dans les parages. Peut-être que cette situation valait mieux d'être gérée différemment, avec un point de vue authentiquement extérieur. Ou abandonnée tout entièrement pour la soirée. Une main dans les mèches grises, un nouveau soupir. L'envie de rattraper toutes les paroles qui venaient d'être prononcées, aussi peu incriminantes qu'elles soient, à cause de cette angoisse qui lui bouffait à présent le ventre d'en avoir trop dit. Demander de l'aide était un exercice auquel le Cyclops ne s'adonnait jamais, et c'était précisément à cause de cela.

-Ou on peut oublier cette histoire de ballon et changer totalement de sujet, si tu préfères. C'était con, tout ça. Demander de l'aide. Je n'en ai pas l'habitude. D'ordinaire, je règle ça en allant tirer sur des trucs.





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Lazare Sinclair
- la grand-mère à moustache -
Lazare Sinclair
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damné(e) le : o28/12/2020
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Il lui avait été étrangement naturel de proposer son aide à son collègue de travail. Les liens qu'il s'était créé dans son travail se comptaient sur les doigts d'une main, et il n'était pas certain de pouvoir s'abandonner à la compagnie de beaucoup d'individus en dehors de sa famille, alors la confiance ne pouvait que durement se mériter. La proximité qu'il entretenait avec Mattheson n'en était que plus énigmatique, mais il ne pouvait s'empêcher de l'apprécier. Il aimait se rendre utile, avait voué sa vie entière à venir en aide aux autres – aux anonymes. Les idées de l'avocat, sa manière de voir le monde, lui plaisait ; si cela n'était pas suffisant pour en faire un meilleur ami, cela justifiait de lui tendre une main un minimum chaleureuse, en attendant de décider s'il méritait plus encore. Une main sur l'épaule qui se voulut réconfortante, avec douceur pour ne pas le faire sursauter ; il n'aimait pas qu'on le touche brusquement – très peu qu'on le touche tout court – et ne comptait pas le faire subir à son ami. Il avait été ravi de constater que ses muscles avaient semblé se détendre sous le gestes ; avait-il réussi son coup ? Il s'installa plus en arrière et regarda l'avocat se lever et rejoindre sa collection de vinyles. Il lui précisa qu'il n'avait aucune préférence particulière, et patienta pendant qu'il découvrait les différents titres. Il avait des goûts assez précis, des habitudes nettes et écoutait toujours la même chose durant des situations bien particulières. Il ne pouvait, par exemple, étudier ses dossiers qu'au milieu de l'apaisement de compositions classiques ou baroques. Les instants de détente, à l'inverse, ne s'accompagnaient que de rock, de vieux groupes oubliés dont les plus jeunes ne connaîtraient certainement jamais l'existence.

Il laissa son ami faire son choix en silence, attrapa la bouteille sur la table basse et remplit les deux verres de nouveau. Don en avait besoin, et lui-même se sentait béni de ne plus avoir à ressentir ses blessures avec tant de puissance. Il reprit son récipient et but quelques gorgés en plissant les lèvres sous la morsure de l'alcool. Le liquide s'infiltrait dans quelques plaies douloureuses, mais il n'émit aucun son, aucune résistance. Il releva les yeux sur le dos de Mattheson en l'entendant faire sa proposition, leva un pouce en l'air en portant une fois de plus son verre à ses lèvres, qu'il reposa ensuite sur la table. Il n'était pas surpris de constater qu'ils avaient des goûts communs, s'en doutait. « — Un homme de goût, je vois. » Il lui adressa un léger sourire en le regardant s'affaler à ses côtés. Il paraissait bien plus détendu que quelques minutes en arrière, en était satisfait. Il le laissa finir son souvenir avant de secouer la tête de gauche à droite. « — Je n'ai jamais vraiment été à un ... concert, je ne suis pas ce genre-là. » Le genre à sortir, à faire la fête, à s'éclater. Mais il ne le disait pas de manière péjorative, avec aucun jugement dans la voix, répondant seulement à sa question. Il n'avait pas beaucoup d'ami, et était plus du genre à rechercher l'intimité avec son meilleur ami, Ruben, plutôt que de lui proposer de sortir. Il ne savait pas si cela le dérangeait, peut-être aurait-il préféré qu'il prenne parfois les devants pour l'inviter. Il essaya de ne pas trop se perdre dans ces pensées-là, et reprit sur une nouvelle question. « — J'imagine que cela répond à la question de ce qui te chagrine tant ce soir, ce Jack a l'air d'y être pour quelque chose. » Il lui donnait une nouvelle opportunité de se confier avec cette question-là ; mais ne le forcerait à rien, n'irait pas plus loin.
Il posa son coude contre le dossier, et sa tempe contre son poing en l'écouter céder à sa proposition. La tête légèrement tournée alors qu'il le voyait se rapprocher en attrapant leurs verres et la bouteille, il suivit les éléments d'un regard aiguisé. Il hochait parfois la tête pour montrer qu'il écoutait, qu'il comprenait et arrivait à le suivre. Le regard se perdait tantôt sur les éléments sur la table, tantôt sur le visage de son ami alors qu'il continuait son récit. Il laissa un rictus apparaître sur ses lèvres à la proposition de surnom de Moustique – original.

Lorsque Mattheson termina ses explications, l'air toujours aussi abattu que quelques minutes en arrière, Lazare attrapa son verre et le termina d'une longue gorgée. Il se leva ensuite, la mine dubitative alors qu'il réfléchissait. Il avait, évidemment, compris que toute la narration n'était qu'une métaphore, et que son ami ne s'inquiétait pas réellement du sort d'un ballon, ou d'un simple tournoi gâché par le manque d'expérience de chacun. La situation devait être bien plus grave, mais il ne pouvait demander plus de détails, ne le ferait pas. Il ne posait pas de questions, et en échange, attendait de Don qu'il ne lui en pose pas concernant ses propres problèmes, ou même ses blessures, une fois qu'il aurait essayé de répondre à ses interrogations. Peut-être qu'il y laisserait une part de lui, au passage. Il se tourna vers lui, et poussa un soupir avant de dire comme une évidence : « — Tu n'es pas fautif, pourquoi en prendre la responsabilité ? Tu n'as qu'à confier le ballon à ce Jack et le laisser s'occuper des conséquences de ses erreurs. » La tête baissée un court instant pour réfléchir si ses pensées pouvaient être partagées ou non, il releva les yeux vers Don un court instant avant de décider s'il était en mesure de lui faire assez confiance pour prononcer des paroles qu'il pourrait regretter. Il décida que oui, et tendit le bras doucement vers l'avocat. Il le fit doucement, comme pour demander la permission, et attrapa un pan de sa cravate pour tirer dessus et lui retirer du cou.

Il garda l'accessoire dans sa main et leva un doigt pour lui signifier qu'il allait parler, qu'il réfléchissait seulement avant ; à la manière qu'il avait de le faire au tribunal, lorsqu'il demandait le silence pour réfléchir – il l'obtenait toujours. Il marcha vers son bureau, à quelques mètres à peine, et se tourna pour lui faire face en s'adossant au petit meuble. « — Et si tu ne le cachais pas, ce ballon ? Et si tu l'exhibais ? » Il s'humecta les lèvres d'un coup de langue en reprenant, une main levée dans un mouvement signifiant : écoute bien. « — Imagine, tu pars de chez moi sans ta cravate parce que j'ai décidé de te la voler, et reviens dans quelques jours pour la récupérer. Si je la cache quelque part, tu finiras par mettre la main dessus, et je n'aurai aucune défense. » Il retira sa propre cravate, la posa sur le bureau derrière lui et ouvrit un bouton de sa chemise avant de déposer l'accessoire de l'avocat autour de son cou sans pour autant la nouer. « — Le meilleur moyen de s'en sortir n'est pas de dissimuler, mais de se couvrir. Imagine maintenant que ce jour où tu reviens, je porte ta cravate autour du cou, que je suis en mesure de te fournir un ticket de caisse prouvant mon achat, des photos de moi la portant des mois en arrière, peut-être même mon nom écrit sur l'étiquette. » Il posa ses deux mains de chaque côté de ses propres cuisses, contre le bord du bureau, et haussa les épaules. « — Tu n'as pas à cacher ce qui t'appartient. Il te suffit juste de créer ta preuve. » Il espérait qu'il comprenne où il voulait en venir, mais il savait qu'il était un homme intelligent et n'aurait aucun problème. Il prenait peut-être le problème du mauvais côté, mais n'avait pas assez d'information pour être plus précis, ni même plus pertinent. Il espérait, quoiqu'il arrive, l'avoir aidé un minimum. Il fit ensuite marche arrière pour répondre à une autre question, dissimulée dans le reste de la vague. « — J'ai des projets avec mes frères, tu sais, des trucs de famille. Je suis l'aîné, alors il est de ma responsabilité de tout superviser ; ça ne veut pas dire qu'ils ne doivent pas penser par eux-même, ou prendre des initiatives tant qu'elles sont bonnes. Je ne connais pas ton équipe, mais s'ils sont en capacité d'agir sans te consulter, c'est que t'es un leader honorable. » Il était très souvent sur le dos de ses frères, pour les protéger, pour les guider, pour éviter qu'ils ne fassent n'importe quoi, et même si les choix des uns ou des autres l'effrayaient parfois, il appréciait les instants où ils pouvaient voler de leurs propres ailes. Il savait qu'il ne leur faisait pas assez remarquer, qu'ils ne les encorageaient pas assez pour cela, mais c'était un problème sur lequel il aurait été ravi de travailler. Ce n'était pas par manque de confiance qu'il gardait un œil sur chacun, mais par peur.

Ce qu'il lui avait suggéré n'avait rien de légal, mais il avait cru comprendre que la situation était bien loin de ces principes là. Pour ce qui était de la morale, ce n'était pas à lui d'en juger non plus, il serait certainement son juge le plus sévère, d'ailleurs. Il leva les bras pour les croiser contre son torse en le regardant, essayant de voir s'il était parvenu à lui venir en aide, ou s'il s'était trompé de direction. « — Mais l'idée d'aller tirer sur des trucs ne me déplaît pas, si ça te tente. » Ils avaient bu, ce n'était pas la meilleure idée, mais il se sentait capable de viser qu'importe le contexte.



BURN WITH ME TONIGHT
i got all i need, when you came after me. fire meet gasoline, i'm burning alive and i can barely breathe, when you're here loving me, fire meet gasoline, burn with me tonight.
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Don Mattheson
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Don Mattheson
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Il ne l'aimait pas, cette vulnérabilité. La raison principale pour laquelle il avait autant de mal à s'ouvrir aux autres. Ce n'était pas seulement pour une question de sécurité, encore moins pour une question d'égo trop mal placé. C'était pour cette impression si désagréable d'être complètement à nu devant une autre personne. Il les avait entendus, tous ces autres qui prétendaient que Sinclair et son regard épervier avaient le don de percer jusqu'à leur âme. Avait ricané plus d'une fois à ces allégations, persuadé que si le regard du procureur pouvait effectivement être particulièrement intense, il n'avait pas ce genre d'aptitudes. L'homme le lui avait prouvé plus d'une fois, après tout. N'était pas cet être chimérique et terrifiant qui se contait entre deux couloirs, au tribunal, mais bien plus que tout ça. Mais il ne le ressentait pas de cette manière, à présent. Trop habitué à se cacher derrière tous les artifices qu'il pouvait trouver, à défaut de les fabriquer lui-même. De trop nombreux squelettes dans ses placards, et maintenant, les os de certains d'entre eux qui se montraient un peu trop sur la table basse du procureur. Un frisson le long de l'échine, maintenant qu'il comprenait ce que les autres avaient pu dire. En s'épanchant sur son problème, il pouvait le sentir, le regard épervier. Noir, implacable, posé sur chaque élément qu'il pouvait capter. Happant la moindre information, scrutant le moindre élément comme s'il était capable de lire bien plus que tout cela. Il savait que c'était faux, Don, savait que même avec l'alcool qui diluait son sang, il avait tout fait pour ne pas trahir l'essentiel. Mais il connaissait suffisamment Lazare pour savoir que l'homme ne serait pas dupe. Le respectait suffisamment pour ne pas avoir à remettre en question son intelligence. Le silence, tout juste entrecoupé par les riffs du groupe de vieux rock que crachotaient les enceintes, était pesant. Et si le renard aurait voulu faire rapidement marche arrière, il savait qu'il n'y avait aucun moyen de s'en sortir réellement.
Remettre une partie de sa vie entre les mains d'un autre. Un acte qui ne lui aurait pas paru aussi difficile si Lazare n'avait pas été son ennemi hypothétique dans la cour, mais aussi un représentant éminent -et compétent- de la Loi elle-même. Et il la détestait, oui, cette vulnérabilité. Mais, étrangement, savait aussi que l'homme qui se trouvait à côté de lui était précisément la bonne personne à qui l'offrir. Ce n'était pas comme si une autre forme de vulnérabilité était déjà née de leurs échanges, et que Lazare n'avait pas déjà prouvé qu'il était digne de confiance.

Entendre le prénom Jack prononcé par la voix feutrée de son compagnon sonnait étrangement aux oreilles d'Old Boy. Les occasions étaient rares, de laisser déborder une de ses vies sur la seconde. Il arrivait qu'ils parlent du gang, avec Marlon. De loin, quelques éléments quand les actions des Cyclops finissaient involontairement dans les actualités. Même dans ces occurrences, Don s'arrangeait pour que cette vie reste suffisamment loin de l'autre pour n'éveiller aucun soupçon ; haussement d'épaules, un commentaire évasif et cela suffisait à Marlon pour passer à autre chose. Mais ici, les allusions étaient directes. Jack était une entité, une personne à part entière dont Lazare évaluait le caractère. Irish, dont les décisions étaient remises en question par une personne qui avait déjà une idée très précise du comportement. Quelques mots avaient suffi, la sentence était déjà prononcée. Un sourire désabusé naquit sous sa moustache grise, le renard ricana en secouant la tête :

-Si seulement c'était aussi simple.

Il se retourna pour réaliser que Lazare s'approchait de lui. Le regard rivé sur son visage, sur ces mouvements qu'il voulait apparemment les plus lents que possible, le renard ne comprit pas de suite ce qu'il voulait faire. La gorge sèche en prenant le parti de se laisser approcher une fois de plus, il se laissa faire, levant le menton docilement pour le laisser faire. Ne réalisa qu'il avait retenu son souffle qu'une fois que Lazare eut subtilisé cette cravate dont il avait oublié l'existence, anciennement enroulée autour de son cou. Une présence qui s'était rappelée aussitôt qu'il avait senti l'accessoire rouler autour de sa peau, le froissement du tissu laissant un sillon de frissons sur son passage. Il déglutit lourdement, le souffle court, l'instinct bien trop aiguisé par les mouvements. Suivit les suivants d'un œil attentif, maintenant que sa curiosité avait été réveillée. Lazare n'avait même pas besoin de lever cet index dans sa direction que l'avocat n'aurait rien dit, trop intrigué par ce qu'il avait en tête. Les noisettes se posèrent toutefois sur l'index impérieux tandis qu'un rictus amusé se dessinait sur ses babines devant ce soubresaut d'autorité. L'impression d'être de retour au tribunal, rien qu'avec ce geste. Le procureur Sinclair n'avait jamais besoin de ce genre de signal pour imposer le calme dans une assemblée, avec son charisme naturel, mais le faisait quand même. Pour Don, le geste avait fini par être associé à l'arrivée d'un de ces plaidoyers parfaitement exécutés dont il avait le secret. L'avocat s'installa plus confortablement, ravi d'avoir droit à une démonstration privée de l'esprit aiguisé du procureur.

Ses sourcils se froncèrent à la question qui suivit. Incertain d'où Lazare voulait en venir, il abandonna rapidement sa position pour se pencher en avant, les mains croisées entre ses genoux. Hochement de tête, à l'énonciation de l'hypothèse de base : le problème d'Old Boy. La cravate devenue le ballon, le ballon anciennement l'enfant. Les noisettes suivirent les mouvements du procureur, la manière dont ses doigts carrés se débarrassaient de sa cravate. Celle avec laquelle ils défirent un bouton de sa chemise sans la moindre difficulté, dévoilant une partie de sa gorge. Il put distinguer les contours d'une marque bleuâtre sur la peau du procureur, soulevant toutes ces questions qu'il avait voulu poser plus tôt. Qu'est-ce qui s'était vraiment passé ? Plus il en voyait, et moins l'avocat croyait à la théorie d'une bataille de bar. Mais il n'en dit rien, se contenta d'observer autant que d'écouter. Sa cravate cachant à peine l'hématome, maintenant qu'elle était venue se déposer naturellement autour du cou de Sinclair ; comme si elle avait toujours été là. Il était là, le fond de cette plaidoirie. Prétendre que la cravate avait toujours été là. Les yeux du renard s'agrandirent alors que la réalisation faisait son bout de chemin sous ses mèches grises. Ce que lui suggérait Lazare était insensé, de bout en bout. Mais la solution était tellement évidente qu'elle se trouvait littéralement sous son nez. Il suffisait de falsifier les preuves. De créer son histoire, de l'assumer jusqu'au bout, quitte à la construire de toutes pièces. Little Fly avait été marié, après tout. Il n'avait pas encore idée de quel âge pourrait avoir l'enfant, mais elle ne devait pas être bien grande pour que Little Fly ait pu l'embarquer sans que personne ne la remarque. Et si le mariage datait de quelques années, et si l'épouse hypothétique avait pris la clé des champs depuis un moment, il y avait peut-être quelque chose à creuser de ce côté-là. L'esprit filant plus vite et plus lentement à la fois, les rouages de son cerveau tournèrent à plein volume. Elle était alléchante, la proposition de Sinclair. Faisable, envisageable, et il avait suffisamment d'éléments à sa disposition pour sa réalisation. L'impression d'avoir dégrisé d'un coup, il se leva, le Cyclops. Entama des cents pas à l'équilibre approximatif pour mieux absorber chaque élément.
L'information qui suivit l'arrêta dans son cheminement, aussi bien physique que mental. Une information qui n'avait rien et pourtant tout à voir, semblait-il, tant elle était arrivée naturellement dans la bouche du procureur. Don arqua un sourcil interrogateur. Il avait entendu parler de la fratrie Sinclair, dans des termes plus ou moins élogieux. Des grenouilles de bénitier, disaient beaucoup, une fratrie particulièrement soudée malgré des caractères visiblement assez éloignés. Le rapport n'aurait pas été évident du premier coup, entre la proposition et les actions qu'ils semblaient entreprendre en famille. Encore plus à l'opposée de tout ce qui se disait des Sinclair, alors que l'aîné de leurs représentants proposait une solution qui était tout sauf légale. C'est pour cela qu'il est aussi compétent, parce qu'il est capable de penser comme un criminel. Rien n'était légal, dans ce que la proposition sous-entendait. Souleva une kyrielle d'autres questions dans l'esprit déjà en ébullition du renard. Que pouvaient faire les Sinclair qui nécessite un tel état d'esprit ? Si l'information était tombée juste après la suggestion, ce n'était pas pour rien. Et quoi qu'ils puissent faire, Don en fut presque soulagé. Son instinct ne s'était pas trouvé en jugeant que Lazare était bien plus que ce qu'il représentait aux yeux du reste du monde. Il n'était pas uniquement un formidable allié à la cour. Il était également un pair, évoluant dans des eaux peut-être toutes aussi troubles qu'Old Boy lui-même. Il hocha la tête, recueillant cette confidence avec une certaine gratitude. Touché, que Lazare ait jugé qu'il soit suffisamment digne de confiance pour justifier un tel sous-entendu. Ils étaient du côté opposé du tribunal, mais si cette soirée prouvait bien quelque chose, c'était qu'ils n'étaient pas si différents en réalité.

Le corps bien moins vif que son esprit, et pourtant suffisamment pour l'entraîner jusqu'à Sinclair. Avec la même lenteur, les mêmes précautions que ce dernier avait prises pour l'approcher quelques minutes auparavant, Don leva ses mains pour attraper les pans de sa cravate qui pendaient de chaque côté de la gorge du procureur. Encore plongé dans ses réflexions, il tira doucement sur l'accessoire, le faisant couler sur la nuque du procureur. Marmonna pour lui-même plus que pour quiconque d'autre :

-Et le seul moyen de la récupérer serait de te passer sur le corps... Ce qui se retournerait contre moi, si tu as tous les papiers pour prouver que tu en es bien le propriétaire.

Il se laissa captiver par les mouvements du tissu satiné autour de la gorge de l'autre homme, par l'effet que son passage laissait sur sa peau. Son regard s'y perdit une brève seconde, porté par l'envie impulsive d'enrouler ses doigts autour du tissu pour tirer dessus. Ne se rendit compte qu'il était vraiment proche de l'autre homme que lorsqu'il put capter l'odeur du whisky dans son haleine, son propre souffle en suspension. Le sang bouillant dans ses veines, il pouvait sentir les tambourinements de son coeur contre ses tempes. Fracassants, couvrant la respiration de Lazare ou le son diffus de la musique, derrière eux. Il déglutit, Old Boy, partagé entre l'effervescence d'avoir trouvé une solution à son problème et toute la gratitude qu'il éprouvait envers Lazare d'avoir non seulement été d'une grande aide, mais aussi d'avoir confirmé certains de ces doutes qu'il avait pu avoir. Qu'ils étaient finalement bien plus similaires qu'il ne le croyait. Qu'ils étaient capables de se comprendre sur certains points bien plus fondamentaux que tant d'autres autour d'eux. La gorge sèche, en observant celle de l'autre homme. L'impulsivité qui lui criait de dévoiler d'avantage de sa peau pour savoir, voir jusqu'où filait cette marque sombre qui soulignait l'angle de sa mâchoire.

Une seconde en suspension, bien trop longue. Lazare venait-il de proposer d'aller s'entraîner au tir ou l'avait-il fait bien avant ? Le whisky avait toujours eu ce don d'étirer les limites du temps à l'infini. Et tout ce qu'avait vu Don était le mouvement des lèvres de son ami, plus qu'il n'avait perçu la portée de ce qu'il avait dit. Les doigts toujours enroulés autour de la cravate, toujours fébriles de cette envie de la tirer pour attirer Lazare à lui, et ce frisson qui dévalait de plus belle le long de son dos. S'arrachant à sa contemplation, il finit par enrouler les pans de sa cravate autour de la gorge de Sinclair ; un nœud Windsor, qu'il laissa suffisamment bas de sorte à ce que le tissu ne risque pas de serrer l'hématome. Lissa les pans de l'accessoire et tapota le torse du procureur avec un sourire de travers.

-Garde-la, elle te va bien. Faudra que tu me dises où tu l'as achetée un de ces quatre.

Un clin d'œil de connivence et il recula finalement, s'arrachant à ses contemplations comme aux nouvelles pensées qui filaient à présent sous ses mèches grises. Il se dirigea vers la table basse, attrapa la bouteille pour remplir de nouveau leurs verres d'un geste approximatif. Il avait la gorge sèche. Il commençait à sentir la morsure de l'alcool, mais se sentait les idées suffisamment claires pour poursuivre la soirée sans le moindre problème. Idées qui s'arrêtèrent sur un élément de la conversation, lâché quelques minutes plus tôt.

-Tu disais que je suis un leader honorable, mais je te retourne le compliment. C'est une position difficile, celle d'aîné. D'une famille. D'une équipe... Old Boy... C'est savoir doser qui est le plus délicat, oui. Savoir quand leur lâcher la bride pour qu'ils puissent voler de leurs propres ailes, savoir quand prendre les décisions difficiles aussi, quitte à te faire détester. Je n'irais pas prétendre savoir ce que vous faites, mais quelque chose me dit que c'est un peu comme mon équipe. Pour ce que ça vaut, tes frères ont de la chance d'avoir quelqu'un comme toi. Comme disait mon mentor, quelqu'un capable de voir de chaque côté de la barrière.

Morris, avec cette capacité d'observation que Don lui avait toujours admirée. Morris qui l'avait propulsé lui-même à la position d'aîné, lui offrant le surnom d'Old Boy alors qu'il n'était finalement pas si vieux que ça. Sourire toujours sous les babines, il attrapa les deux verres et traversa de nouveau la distance qui séparait la table et le bureau. S'arrêta devant Lazare pour lui rendre le sien, tinta les deux verres entre eux au passage. Il sirota son verre en jaugeant le procureur puis la nuit noire au travers des fenêtres, finit par hausser les épaules.

-En parlant de décisions difficiles à prendre, je crains que nous mettre à tirer sur de vieilles boites de conserve, dans ton jardin, au beau milieu de la nuit et dans un quartier aussi irréprochable que le tien ne fasse pas vraiment couleur locale. Tu m'as tiré une sacrée épine du pied, ce soir, je n'ai pas envie d'être celle dans le tien qui t'aura valu une intervention de la police parce que tes voisins ne savent pas s'amuser. Tu mérites mieux que ça.

Une grimace désolée. Il lui devait bien ça, quand bien même cet élan de civisme lui en coûtait. Mais, objectivement, le bruit risquait de réveiller le voisinage. Et le quartier était bien trop bourgeois et bien trop résidentiel pour ne pas occasionner plusieurs appels excédés, à défaut de craintifs, aux forces de l'ordre. Les journalistes en feraient chou gras s'ils apprenaient que Lazare Sinclair lui-même était l'une des raisons de ce tintamarre. La réputation de Sinclair valait bien plus qu'être entachée pour un enfantillage, et l'avocat avait bien trop de respect pour l'homme pour la lui faire risquer. Ils auraient bien pu prendre la route pour aller ailleurs, mais étaient suffisamment éméchés l'un et l'autre pour ne pas risquer de finir en cellule de dégrisement s'ils se faisaient interpeler. La prudence était de mise.

Une prudence que corps et esprit n'avaient pas l'air d'entendre de la même manière, alors qu'il déposait son verre de whisky sur le bureau. Tendit lentement ses doigts pour les enrouler autour de la cravate et l'empoigner finalement, cédant à l'impulsion qui le travaillait depuis un moment. Tirant doucement dessus pour inciter Lazare à l'approcher, il finit par s'accrocher à la nouvelle idée à germer sous les mèches grises. Un appel de sa curiosité, mais pas uniquement, alors qu'il coulait un chuchotement à l'oreille du procureur :

-Tu me fais faire le tour du propriétaire ?

Comme un secret, comme une invitation. L'homme avait le choix, pouvait en faire ce qu'il voulait. Après tout, Don ne savait pas plus ce qu'il voulait, sa curiosité bien trop aiguisée pour se focaliser sur une idée en particulier. Il n'en lâcha pas moins la cravate. Même alors qu'il était maintenant parfaitement conscient de la présence de Lazare dans sa propre zone de confort.



difficult-looking legal books stand in a formidable row. They mock me. I tried reading one, and it made my head hurt. When I closed it, it slipped out of my hand. Then my foot hurt too.
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Lazare Sinclair
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Lazare n'avait pas réellement choisi le métier qu'il exercait. La situation s'était imbriquée ainsi, l'aîné agissant toujours pour le bien de la mission, de la famille, de tout ce qui pourrait servir à entreprendre les tâches confiées par Dieu. Il s'était tourné vers ce qui était évident, avait été reconnaissant de constater qu'il aimait cette voie, plus encore, il était doué. Si on lui demandait de revenir de longues années en arrière pour prendre une nouvelle décision, il referait exactement le même parcours ; pas seulement pour avoir la chance de rencontrer de nouveau Ruben, mais bien pour ne rien perdre de ce qui l'animait jour après jour. Il aimait son métier, ressentait un profond plaisir à s'entourer des règles pour faire régner la loi, la tordre dans tous les sens et en extraire le principal. Il adorait se montrer en spectacle lors de ses séances au tribunal, se rendre au commissariat pour négocier des remises qui n'allaient rarement au bout, ou même s'entretenir avec les avocats pour leur prouver combien ils étaient stupides à ses yeux. La cour ne l'aimait pas, il avait fini par le comprendre, mais lui adorait son temps passé au tribunal. L'exposé fait à Don ce soir-là, la cravate manipulée entre ses mains vives, était de ces instants qui le faisaient se sentir vivant. La lueur dans le regard de l'avocat lui montrait qu'il était sur la bonne route, peut-être même qu'il avait pu l'aider pour de bon. Le geste lent, il hocha la tête en entendant les conclusions de Mattheson, il avait mis le doigt sur ce que le procureur cherchait à démontrer.

Il ferma les yeux un court instant en sentant les doigts de Don nouer la cravate autour de son cou. Il n'avait plus les réflexes sémillants mais saurait agir s'il venait à tenter quoi que ce soit ; simple précaution de penser ainsi, Don n'avait aucune raison de s'en prendre à lui, à première vue. La confiance était difficile à offrir, depuis toujours, mais il avait décidé de lui transmettre. Il rouvrit les yeux et sourit en voyant le clin d'œil ; il lui rendrait l'accessoire avant qu'il ne reparte chez lui mais le garder contre sa gorge pour accepter la plaisanterie. Il se passa une main sur le visage en sentant l'autre homme s'éloigner de lui, l'observa se servir un nouveau l'air malgré sa vision qui devait déjà s'être déteriorée. C'était, en tout cas, le cas de celle du procureur qui n'écoutait même plus ce que lui disait son interlocuteur. Il hochait la tête à chacun de ses mots, laissait son regard divaguer ici et là chez lui comme cherchant un point précis sur lequel s'arrêter pour ne pas donner l'impression d'être aussi alcoolisé. Lorsqu'il reporta son attention sur l'homme, ce fut pour entendre ces quelques mots : Pour ce que ça vaut, tes frères ont de la chance d'avoir quelqu'un comme toi. Il le savait, au fond, que chacun de se choix étaient pour le bien des siens et que, bien que ses frères ne semblent pas le voir, il n'agissait qu'en leur faveur pour ce qui était de la sécurité. Entendre quelqu'un d'extérieur à la famille dire une chose pareille lui fit alors plaisir, il aurait aimé qu'ils soient tous là pour l'entendre.

La main tendue, il s'empara du verre qui lui était offert et l'apporta à ses lèvres en buvant quelques gorgées, comme s'il s'agissait d'un remède contre sa tête qui commençait à lui tourner. Souriant en l'entendant défendre ses intérêts, il haussa les épaules à son tour, prêt à dire qu'il n'avait aucune preuve que ses voisins ne s'amuseraient pas de la situation ; il pensa ensuite à ceux qui l'avaient rencontré, qui ne l'aimaient déjà pas, et se rangea entièrement de son côté. « — My neighbor makes the best apple pie I’ve ever tasted. She brought some to the neighborhood gathering, it was a delight. I was not invited but I went anyway, I had to tell them that I would end up getting angry if they did not pay more attention to their garbage. » Et cela avait fonctionné, les poubelles s'étaient rangées comme par enchantement, dès le lendemain matin. Bonus, il avait pris une deuxième part de tarte avant de rentrer chez lui. Maintenant qu'il y pensait, l'anecdote n'avait pas grand rapport avec le reste de leur conversation, il en vint à se demander pourquoi il venait de lui servir.

La prochaine vague de propos incohérents allait arriver, plus tôt que prévu s'il continuait de laisser ses pensées divaguer vers ses voisins ; savait-il que certains ne restaient dans leur jardin que pour espionner le reste du voisinage ? La main qui agrippa sa cravate l'en empêcha. Il garda la tête droite, les yeux plantés dans ceux de son ami avant que le regard ne lui échappe. Ils étaient proches, très proches. Le procureur pouvait sentir la chaleur de l'autre à travers ses vêtements ; une intrusion dans son espace personnel qu'il n'aurait pas acceptée venant de n'importe qui. Ils étaient peu à avoir le droit de l'approcher ainsi, sans qu'il n'ait engagé le geste, ne se comptaient que sur les doigts d'une main. Pire encore, de se sentir attiré de la sorte. Les réflèxes lui auraient murmuré de contre attaquer en d'autres circonstances, et il avait bien du mal à faire taire ces automatismes, Don ne semblait pourtant pas s'en méfier. L'instinct mis en sourdine par la chaleur, l'alcool et toutes les sensations que la proximité accordait, il se crispa pour ne pas abîmer l'avocat.
Les sourcils en arc en entendant la demande de son compagnon, il se trouva diablement surpris. Il avait alors mal décrypté les signaux reçus ? Mattheson ne souhaitait que visiter sa maison ? Le corps toujours tendu mais n'ayant pas bougé d'un millimètre, Lazare jeta un regard autour d'eux avant de reculer la tête pour regarder Don droit dans les yeux, une réelle interrogation s'y devinant. « — Are you sure? Don’t you want to make out instead? » Il comprit en terminant sa phrase, peut-être au regard de l'autre homme ou à la présence de son corps brûlant contre le sien, qu'il avait une seconde fois mal analysé la situation. Ses lèvres s'arrondir sur un oooh de compréhension, et un sourire s'y dessina avant qu'il ne reprenne en approchant son visage de celui de l'avocat. « — You’ve already done the rounds, but it might be worth doing it again. » Les doigts crispés autour de la taille de son ami, il le pressa un peu plus contre lui avant de l'embrasser.

Il pressa son deuxième bras contre le dos de Don pour le bloquer contre son torse en continuant d'attarder sa bouche contre la sienne dans un baiser dur mais maladroit, bien trop alcoolisé. Le goût du whisky entre eux n'était pas un rappel de la réalité, au contraire, emplissait l'esprit de Lazare d'un apaisement le laissant s'égarer dans l'étreinte. Il abandonna ses lèvres un court instant, posant son front contre le sien pour se concentrer sur sa chemise. Bouton après bouton, suivant largement le chemin, il finit par la faire glisser des épaules de son amant en s'étant abstenu tout du long de simplement tirer dessus pour tout arracher. Il avait bien pris sur lui. Les doigts contre sa peau, il les fit apparaître dans le cou de l'autre pour reprendre ses baisers en se retournant pour le coincer entre lui et le bureau. « — I’m working tomorrow, are you sure this is a good idea? » Comme si l'alcool n'était pas déjà trop présent dans son organisme, comme s'il n'était pas déjà condamné à passer un lendemain dans le brouillard.



BURN WITH ME TONIGHT
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